Quoi qu'il en soit, j'ai enfin compris quel était l'objectif de Pâris pour la journée en le voyant se garer non loin du centre-ville où il a l'habitude de s'entraîner avec Djalu. Et j'ai la confirmation de ma théorie quand les deux sortent de la voiture et ils descendent leur vélo de l'arrière du véhicule. Ils s'étaient sûrement organisés la veille par rapport à tout ça, en tout cas, ils avaient déjà chargé les vélos et apparemment, mon plan de rentrer chez moi est encore une fois tomber à l'eau. Je pense que j'ai gagné d'attendre que Pâris rentre et de rentrer avec lui. Sinon il me reste toujours la possibilité de voler à nouveau une voiture, mais ça me désespère d'avance. Je verrais bien ce que je fais. Mais plus tard.
En attendant, je vais traîner dans les parages... Je pourrais très bien rester avec Pâris et Djalu, surtout que j'ai déjà assisté plusieurs fois à leur entraînement acrobatique à vélo, mais pas cette fois, je ne me sentirais pas bien mentalement d'y assister en secret, je me sens déjà assez mal comme ça de m'immiscer dans la vie priée du monde entier en ce moment. Je m'en veux déjà assez de devoir retourner squatter chez Pâris ce soir parce que je n'ai toujours pas trouvé de meilleure solution. Prenant une décision, je ne les suis pas. Voulant malgré tout ne pas rester coincée en ville, je reste tout de même dans les alentours, me baladant à la recherche d'une idée miracle qui ne vient bien sûr pas. Pendant ma balade, j'ai parfois l'impression que certaines personnes me voient vu le choc sur leur visage, mais ça ne reste jamais plus d'une seconde, tout de suite après, il n'y a plus rien.
Définitivement, je ne comprends pas bien la logique des personnes qui m'entourent... Aussi pour leur défense, j'ai vraiment une condition particulière. Par contre, je suis à peu près sûr que personne n'avait rien que penser à moi avant de me voir, je n'ai pas eu de petit éclat de vision. Non je pense qu'ils me voient, comme avant et que leur conscience et ma condition de disparu font que je ne suis plus visible l'instant d'après... Tout ça parce qu'ils pensent que je ne suis pas là... J'ai toujours été discrète, mais je pense que là, j'explose les records internationaux.
Définitivement, je suis au-delà de l'invisibilité... Je dépends totalement des autres et c'est bien ça le pire dans cette histoire... Si j'existais aux yeux du monde selon ma propre volonté, ça ne me poserait aucun problème, mais là, ce n'est pas à moi de choisir, c'est au reste du monde et il semble bien décider que je n'existerais pas. La situation n'est pas dans mon contrôle et ça me fait affreusement peur... Si je ne trouve pas une solution pour réapparaître, je serais définitivement jamais rien. Je peux laisser tomber toutes mes ambitions, tous mes espoirs, jamais personne ne me verra les accomplir, je ne peux même pas rentrer dans une boutique et acheter quelque chose. Maintenant, je possède le plus grand des handicaps, ce n'est pas une question de volonté, de capacité ou d'envie, c'est une question des autres, je n'ai aucun pouvoir, aucune emprise.
Je me balade dans cette ville que je connais si bien pendant un moment, restant toujours proche de la voiture, ne voulant pas la quitte des yeux. Et alors que je ne surveille quasiment plus les autres pour la simple et bonne raison que c'est inutile, j'entends quelqu'un m'appeler. Je me retourne, cherchant avec espoir la personne, voulant croire que ce n'est pas un malentendu, que quelqu'un dans cette rue ne porte pas mon prénom. Mais non, ça ne doit pas être un malentendu vu comme la femme qui répète mon prénom me fixe en souriant. Je n'ose même pas réagir, sous le choc, ayant peur de faire quoi que ce soit et de briser l'instant... Je dois avouer aussi que je ne sais pas comment réagir... Comme si en une semaine, j'avais perdu toutes mes habitudes d'interaction sociale...
— Oh petite Kamala... Je suis si triste de te voir... affirme la femme en se rapprochant de moi, me révélant ainsi un accent aborigène qui ne devrait pas me surprendre.
Bien sûr que ce peuple si juste et si prompte à aider est le mieux placer pour me voir, malheureusement, je ne suis pas sûre de pouvoir être venue en aide aussi facilement.
VOUS LISEZ
L'Étrange Histoire De Kamala Crow (terminé)
FantastiqueBeaucoup de personnes racontent des légendes en prétendant qu'il faut le voir pour y croire, mais si dans mon cas, il faut y croire pour me voir. Le 12 juin, à Margate, Kamala fête ses dix-huit ans en ville avec son petit copain, Pâris. À 16 heures...