J'en ai des frisons... Je veux croire que Pâris soit un criminel, encore moins un meurtrier et qu'il ne m'a absolument pas fait de mal, mais en réalité, je n'en sais absolument rien. Je ne sais même pas séparer le mythe de la réalité. Il m'est arrivé quelque chose, c'est vraisemblable et je me suis vu à la fois enfermée et morte... J'ai même vu Pâris parfois. Un Pâris méconnaissable, le visage tordu par la haine. Je ne sais ni si c'est vrai, ni si c'est faux. Ça pourrait être les deux. Il pourrait y avoir une part de vérité et une part de mensonge. Ou juste du mensonge.
Quoi qu'il en soit, si Pâris m'a fait quelque chose, je ne m'en souviens plus, quoi que je sois aujourd'hui. Je ne veux pas vraiment y croire. Ça c'est sûr et certain. Je ne veux pas croire que mon premier amour, mon Pâris, soit un monstre et m'ait non seulement fait du mal, mais qu'en plus, il en ait fait à d'autres personnes. Je ne veux pas y croire. Et même si c'est totalement impossible, je voudrais lui parler, lui demander en face. Savoir. Comprendre. Avoir une explication.
Si seulement je pouvais au moins savoir ce qu'il m'arrive, ça m'aiderait sûrement à savoir ce qu'il s'est passé. Si je suis un fantôme, c'est plutôt clair, reste à savoir à quel moment s'arrête la réalité et commence les hallucinations. Si je suis autre chose, il faudrait déterminer ce que ça signifie par rapport à la suite des événements. Rien que d'y penser, j'en ai mal à la tête. Si seulement c'est foutu vision pouvait juste... s'arrêter... Je ne demande rien de plus. Maintenant, j'arrive à être cramponnée à la réalité, j'arrive à n'avoir plus que des flashs, mais ils n'arrêtent pas. Ils sont incessants. Des milliards d'images qui s'enchaîne. À chaque fois que je cligne des yeux, je vois autre chose que l'entrée de ma maison. La seconde d'après, tout revient à la normale. Mais cette minuscule seconde me rend folle. Totalement folle. Je n'arrive pas à l'ignorer même si je ne suis pas focaliser dessus et que je n'y prête plus attention. Cette minuscule seconde m'empêche de penser correctement.
Entre ma sœur et mon père, un silence lourd s'installe. Lourd de triste. Lourd de pensée. Lourd de ressentiment. Et moi je suis là. Impuissante. Incapable de leur signaler ma présence pour peut-être le aider, même si réalistement, je ne pourrais pas leur apporter la moindre réponse.
La discussion s'arrête là. Ni l'un ni l'autre ne semble vouloir me fournir plus d'information. Et après quelques dizaines de secondes, mon père finit par prendre la décision d'aller se laver tandis que ma sœur se propose pour aller faire la cuisine en attendant que ma mère rentre. Au retour de cette dernière, je ne glane pas d'information que je n'avais pas déjà en ma possession.
Au moment de passé à table, je me sors des couverts et une assiette, cherchant volontairement à rentrer en contact avec eux, mais personne ne remarque quoi que ce soit d'étrange, ni même quand je bouge ma chaise, encore moins quand je me serre à manger, comme si chacune de mes actions n'avait pas la moindre importance. Comme moi. Pourtant, je fais tout, même les actions les plus improbables, mais à aucun quelconque moment l'un des membres de ma famille réagit, même pas un minuscule regard inquiet, une légère incompréhension ou une simple hésitation. Rien. Absolument rien. À la fin du repas, je suis même à deux doigts de leur lancer un objet directement à la tête juste pour les faire réagir, pour avoir une vraie réaction concrète. Quelque chose. Mais je n'ose pas, je me débine.
Quand je vois que tout le monde débarrasse la table et remplit le lave-vaisselle, laissant bien évidement mon assiette et mes couverts, je me dépêche de faire de même avant qu'ils ne referment la machine et qu'ils la mettent en route. Malheureusement, dans ma précipitation, je fais glisser mon verre, le tout dernier verre rouge de la maison et il s'explose par terre en mille morceaux. Cette fois, j'ai l'impression d'avoir une forme de réaction chez mon père qui sursaute légèrement et commence à prononcer le prénom de ma sœur en soupirant. Mais en ce tournant vers elle, il secourt la tête et son regard se teinte d'incompréhension. Les rares espoirs que j'avais vu naître retombe alors. Peut-être qu'il a rapidement entendu le verre tombé, mais il n'a même pas regardé dans la bonne direction, encore moins vu quoi que ce soit, c'est tout au plus s'il a cru entendre quelque chose.
VOUS LISEZ
L'Étrange Histoire De Kamala Crow (terminé)
ParanormalneBeaucoup de personnes racontent des légendes en prétendant qu'il faut le voir pour y croire, mais si dans mon cas, il faut y croire pour me voir. Le 12 juin, à Margate, Kamala fête ses dix-huit ans en ville avec son petit copain, Pâris. À 16 heures...