Et sans plus de cérémonie, je raccroche et je récupère ma veste à l'entrée avant de sortir. Une fois dans la voiture, que j'emprunte à mon père étant donné que je n'ai plus la mienne, je mets en route mon GPS et je pars presque immédiatement. La route se passe presque plus vite que prévu et je me gare même devant l'immeuble abritant son bureau en avance, avec un excès de ponctualité, comme à mon habitude. Par contre, j'ai dû me faire repérer, parce que je suis à peine garé que le détective Kelly me rappelle.
— Allô ? C'est le détective privé Kelly, je vous rappelle parce que j'ai oublié de vous dire que je suis à mon bureau, alors dès que vous arrivez, vous pouvez directement entrer, je suis déjà prêt à vous recevoir.
— Tant mieux, parce que je viens juste de me garer devant l'adresse.
— Je m'en doutais. On ne se refait pas, quand on est détective depuis aussi longtemps que moi, on apprend à tout remarquer.
Je dois avouer que même si je suis garé juste en face de la baie vitrée de son immeuble et que j'avais cru comprendre que son bureau était au rez-de-chaussée, je ne distingue absolument aucun signe de vie. Je ne dois pas être suffisamment observateur ou alors il est trop bien caché, je ne doute pas un seul instant que c'est leur genre d'homme très bon en planque. Peut-être même est-il du genre à avoir des caméras de surveillances et des écrans de contrôle, ce serait le genre de chose qui ne m'étonnerait absolument pas un instant.
— J'arrive, affirmé-je en coupant totalement le moteur avant de descendre.
Je ferme la voiture derrière moi, inutile de risquer de me la faire voler, je pense que mon père n'appréciera pas du tout, je ne suis déjà pas censé conduire son véhicule... Mais pour ma défense, j'ai comme l'impression que ma Mazda a été réquisitionnée en tant que pièce de conviction et que je ne suis pas près d'en revoir la couleur... Avec un peu de chance, les policiers prendront la peine de la nettoyer correctement, je n'ose même pas imaginer l'état qu'auront mes sièges après aussi longtemps avec des taches de sang sur le cuir... Dire que sur le moment, je ne m'en étais pas inquiété et que si Kamala était encore là, nous aurions sûrement bien ri de la situation avant qu'elle m'aide avec ces tâches qui ne seraient jamais parties et qui seraient restées éternellement un souvenir entre elle et moi... Maintenant, je ne suis même pas sûr de pouvoir considérer ce moment comme un bon souvenir, encore moins comme un souvenir marrant...
Arrêtant de me faire du mal, je chasse tout ça de mes pensées et je rentre dans le bâtiment. J'ai à peine franchi la porte d'entrée qu'un homme d'une cinquantaine d'années surgit tel un diable hors de sa boîte. Même je ne l'ai jamais vu, pas même en photo, je n'ai aucun mal à deviner que c'est le détective Kelly, non seulement il a le physique de sa voix, mais en plus, il a une tête à être détective. Non pas parce qu'il correspond à l'archétype du détective, à première vu il n'y répond pas, mais plutôt parce qu'il en a la prestance, il dégage un mélange de malice, de confiance, d'énigmatisme et de curiosité débordante qui font que ce métier est fait pour lui à la perfection. C'est plutôt impressionnant et étrangement réconfortant.
— Venez, nous allons aller dans mon bureau pour que je prenne des détails par rapport à votre affaire et que nous approfondissons un peu plus les questions techniques, nous y serons beaucoup mieux, affirme-t-il immédiatement.
Je le suis volontiers, sentant que j'ai enfin trouvé une oreille attentive. Je ne comprends pas exactement pourquoi, mais je sens que cet homme me comprendra, aussi invraisemblable soit mon histoire, il me comprendra, je le sens, il ne semble d'ailleurs vouloir qu'une seule chose, c'est me comprendre. Rien que pour ça, j'ai très envie de le remercier et encore plus de lui parler. Le simple fait qu'il accepte mon affaire rallume l'espoir de retrouver Kamala et cet espoir et mille fois plus puissant que celui d'être disculpé pour un quelconque procès, ça n'a presque aucune importance ça.
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L'Étrange Histoire De Kamala Crow (terminé)
ParanormalBeaucoup de personnes racontent des légendes en prétendant qu'il faut le voir pour y croire, mais si dans mon cas, il faut y croire pour me voir. Le 12 juin, à Margate, Kamala fête ses dix-huit ans en ville avec son petit copain, Pâris. À 16 heures...