L'Étrange Histoire De Kamala Crow (terminé)

Chapitre 17

Le temps passe. Comme toujours. Mais certaine chose ne change pas. Tant de chose ne change pas. J'aurais aimé pourtant. Et j'ai même essayé, sincèrement. À plusieurs reprises même. J'ai tenté d'être vue. D'être entendue. D'être comprise. J'ai fait tous les tests possibles et inimaginables. Beaucoup ont échoué. Certains ont réussis. Et j'ai atteint la conclusion que c'était moi le problème. Par contre, internet me permet de communiquer à peu près. Du moment que je ne révèle pas mon identité, tout va bien. Il ne faut pas non plus que j'envoie un message à quelqu'un qui me connaît, même sous un pseudo. Mais sinon, à part ça, je peux avoir des contacts. Ça ne m'avance absolument à rien, mais c'est là.

De toute manière, je n'ai jamais été aussi seule qu'actuellement. Le pire, c'est que je suis entouré mine de rien. Je suis encore sous le même toit que mes parents, je vais en cours, je croise mes amies, je vois Pâris. Mais je suis seule. Totalement seule et sans pouvoir avoir de contact avec qui que ce soit. J'ai toujours été un peu à part, mais ça commence même à être sur à supporter. Je donnerais très chère pour parler à un de mes proches au moins une ou deux minutes. C'est sûrement pour ça que j'accroche tant d'importance à ma découverte par rapport à internet, parce que je peux communiquer. Exister. C'est tout ce qu'il me manque.

Si j'avais ça, j'aurais une vie normale ou presque. Après tout, je vais en cours, je révise, je mange, je bois, je fais du sport, je lis, j'écris, je vis. Il n'y a que la notion d'exister qui n'est pas parfaitement acquise. Mai en tout cas, je vais bien, je pense même que je suis la personne qui va le mieux dans toute cette histoire. Mes parents sont anéantis par ma disparition, j'ai même découvert récemment que mon père s'était mis à aller voir un psy, ça a été un choque pour moi de découvrir que lui qui a toujours été si fort se retrouve détruit à ce point. Ma mère de son côté travaille plus qu'avant, semblant vouloir fuir son quotidien et quant à ma sœur, elle fait bonne figure, comme toujours, elle cherche fondamentalement à ne pas montrer sa peine et surtout de rester droite, mais je l'ai déjà vu assez souvent lorsqu'elle pensait être seule et je vois bien à quel point elle est anéantie au fond. Et Pâris, je n'ose même pas y penser... Heureusement, je ne le vois qu'en cours, où il doit rester fort, sinon je ne suis pas sûre que je supporterais de voir le mal que je lui ai fait à lui aussi, j'en ai déjà assez avec ma famille.

Et quand j'ai appris le procès de Pâris, je n'ai pas su à quoi penser. À rien sûrement. Juste dépité. Je m'en doutais. Après avoir vu les images de surveillance, je m'étais dit que tout aller peut-être revenir en ordre, vu qu'aucune explication n'était possible. Mais au fil du temps, j'ai perdu espoir en entendant les discussions de ma famille. Pas une fois il n'a été question de disparition paranormal ou rien qu'étrange. Non, toujours un enlèvement avec Pâris en ligne de mire. Malgré tout, l'annonce de son procès. De notre procès. M'a foutu un coup au moral. J'avais encore un petit espoir au fond. Mais maintenant je ne sais pas comment il va pouvoir s'en sortir. Je ne peux même pas le voir pour le rassurer. Et de toute manière je lui dirais quoi ? Ne t'en fais pas, tu vas finir en prison mais je vais bien ? Je ne sais même pas s'il risque réellement la prison. Et je pourrais peut-être lui fournir d'autres réponses, mais même là je ne vois pas ce que je pourrais lui dire. Rien sûrement. Après tout je n'ai pas beaucoup plus de réponse; Je soupçonne que je suis une entité magique ou quelque chose du type et je commence tout doucement à comprendre le fonctionnement profond de mon pouvoir ou de ma malédiction. Mais à part ça ? Ce ne sont ni de vraies réponses ni des réponses qui pourrais lui être utile à un moment ou un autre.

Le jour du procès, j'accompagne ma famille. Ça ne leur changera rien et ils n'en sauront jamais rien, mais je serais là. Et pour Pâris aussi. En tout cas, je ne peux pas m'empêcher d'avoir un pensée pour l'ironie de la situation, je vais assister au procès de mon agresseur présumé par rapport à un enlèvement qui n'a jamais eu lieu. Si ça ce n'est pas un comble. Le pire, c'est que si je pouvais être vu, ce procès n'aurait pas le moindre sens. Malgré tout, je suis là et la situation est tel qu'elle est.

Une fois de plus, en voyant Pâris, je ne peux pas m'empêcher d'avoir un pincement au cœur. Il est si seul. Et je le connais, je vois sa peine, sa tristesse. Le pire, c'est que ses parents ne sont même pas là. Je sais bien que ça n'a pas vraiment d'importance pour lui, que ses parents biologiques ne comptent pas à ses yeux, mais c'est tout de même le procès de leur fils. Du seul enfant avec lequel ils ont encore contact. Et je ne parle même pas du fait qu'il va aussi être question de la disparition de leur fille au cours de ce procès. Mais ils ne sont pas là. Heureusement pour lui, il y a les Snow. C'est tout ce qui compte en quelque sorte.

Quand le procès commence, je n'apprends rien de nouveau, forcément, après tout, je suis l'une des victimes, heureusement que je sais ce qu'il s'est passé ce jour-là. Et même la partie concernant Ophélie et Marveen ne m'apprend rien de nouveau puisque Pâris m'en avait parlé. Malgré tout, une surprise m'est réservé vers la fin du procès, après presque une semaine : la fameuse vidéo de surveillance. Bien sûr, je la connais et je l'ai déjà vu, mais je n'ai pas compris ce que les autres voyaient. Avant lorsque l'un des policiers expliqué le contenu de la vidéo, j'avais cru qu'ils avaient trouvé une autre vidéo ou des preuves qu'elle avait être trafiqué, mais non, c'est la même. Malgré tout, le regard choquait des personnes présentent dans la salle, ma famille comprise, me prouve bien qu'ils ne voient pas ma disparition en direct, ils voient mon absence. Et pire que tout, je croise le regard de Pâris qui se décompose, il s'attendait à autre chose. Chacun voit ce qu'ils croient. C'est pour ça que personne ne me voit. Ils n'y croient pas. Il ne faut pas le voir pour y croire. Il faut y croire pour me voir.