Chapitre 4

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Plusieurs visions s'imposent à moi, mais je reste concentrer sur le concret, il ne faut pas que je faiblisse. Après chacune, je suis encore dans ma pièce. Face à certaine j'hésite honnêtement à me laisser aller, surtout celle où je me vois au lycée au bras de Pâris, mais ce n'est pas le moment du tout. Je sais que nous sommes lundi, que vu l'heure, je devrais aller en cours, mais je n'en ai pas la force, vraiment pas la force. Pas après tout ce que j'ai vu, pas après tout ce que j'ai vécu. D'autant plus que je suis majeure maintenant, je peux m'excuser toute seule et je n'ai même pas à me prétendre malade, toute ma famille a déjà quitté les lieux depuis plus de vingt minutes.

Ayant pris ma décision, entre deux visions plus ou moins gores. Je prends mon téléphone qui est étrangement éteint alors que je n'y ai pas touché depuis hier après-midi à cause de la frénésie du moment. Ne cherchant pas à comprendre après tout ce qu'il m'est déjà arrivé, je l'allume avant d'envoyer un message à mes parents pour leur dire que je ne suis pas assez en forme pour aller en cours aujourd'hui, puis je m'excuse au près de Pâris.

Avant d'avoir pu faire de même pour Imogen, Tahlia et Hayley, je reçois un message de cette dernière pour me souhaiter un bon anniversaire en retard et s'excuser mille fois pour ne pas y avoir pensé avant. Je l'aime beaucoup, incontestablement, je ne pourrais pas faire autrement qu'adorer cette fille. Mais parfois qu'est-ce qu'elle est pénible de s'inquiéter pour un rien, comme si j'avais déjà fait la tête à qui que ce soit à cause d'anniversaire souhaité en retard ? Surtout depuis quand je lui fais la gueule à elle ? C'est une supère amie, mais je sais depuis très longtemps qu'elle n'a absolument aucune mémoire pour les dates d'anniversaires. Je n'étais donc absolument pas surpris hier quand je n'ai pas reçu son message, parce que c'est normal et que ça n'a strictement rien à voir avec la qualité de notre amitié. Et elle, elle panique. C'est presque pénible. Surtout qu'après avoir vérifié, elle a envoyé le message hier soir ! elle n'est même pas un petit peu en retard !

Le sourire aux lèvres, je lui écris un message réconfortant et je la préviens de mon absence, qui n'a absolument rien à voir avec elle, j'ai seulement pris un coup de froid hier. Soudain je réagis en rigolant que j'ai servi le même excuse à Pâris, il va être ravi, j'ai enfin reconnu devant lui que je n'ai pas une résistance infinie au froid. Je vais lui avoir refait sa journée, c'est même plutôt très étonnant que je n'ai pas déjà reçu sa réponse. Le pire, c'est que c'est un gros bobard, mais au moins il sera heureux, ça rattrapera la journée d'hier.

Je ne sais même pas ce qu'il se passe depuis hier et je dois avouer que je ne préfère pas y penser du tout. C'est très lâche, mais je préfère l'ignorer totalement. Je ne veux pas chercher à comprendre ce qu'il s'est passé entre hier après-midi et ce matin. Pas tout de suite en tout cas. Plus tard peut-être, mais en attendant, je veux tenter de me reposer au maximum malgré toutes les visions qui s'imposent à moi à intervalle régulier. Peut-être qu'en dormant dans un lit, ça aidera, déjà cette nuit je n'ai pas eu l'impression de subir cette situation, même si je n'en suis pas moins reposer. Mais peut-être que si je redors encore un peu... En plus mon lit semble tellement attirant, il me fait tellement envie... Il m'appelle.

Mon ventre gargouille un peu, mais ce n'est rien face à l'absence totale d'énergie que j'ai, je veux juste dormir.

Sans même me déshabiller, je m'allonge sur mon matelas, au-dessus des couvertures.

À mon réveil, il est presque 16 heures... J'ai dormi huit heures et j'ai l'impression que j'ai encore besoin de sommeil, mais maintenant, la faim n'est plus soutenable... De mémoire, la dernière fois que j'ai mangé, c'est hier midi. Et vu comme ma bouche est pâteuse, je n'ai pas du bois non plus depuis. Quittant ma chambre, je descends dans la cuisine, régulièrement entre coupé de vision, mais j'arrive à me maintenir dans la réalité que je veux au biais de bien des efforts. J'ai l'impression que je ne vais plus tenir très longtemps avant de me faire de nouveau bringuebaler dans l'espace.

Une fois dans la cuisine, je fais la rasia dans tous les restes de la veille, mangeant comme si je n'avais rien avalé depuis deux jours, ce qui est sûrement le cas et je vide toute une bouteille d'eau. Et enfin je commence à me sentir vraiment bien. J'en encore mal à la tête, mais ce n'est pas aussi atroce que tout à l'heure. J'ai encore ses visions qui me rende folle, mais au moins, je ne suis pas baladée sans cesse dans différents lieux. Et ça mine de rien, c'est un certain avantage.

Priorisant les choses, je décide d'aller me laver, je me sens toute moite et je sens presque du sang séché sur ma jambe. Je l'avais quasiment oublié celle-ci, c'est plus du toute une priorité pour moi après ces dernières heures. Mais il va peut-être falloir que je m'en occupe, après tout, c'est un pansement de fortune et ça fait plus de vingt-quatre heures qu'il est en place. Dès que ma sœur rentre, je lui demande de s'en occuper et en attendant, je vais au moins aérer la blessure. En retirant le bandage, je me rends compte que c'est vraiment moche, je ne sais pas comment j'ai fait mon compte, mais je ne me suis absolument pas raté, c'est pire que ce que je croyais, Pâris avait décidément l'estomac bien accrocher. Ça pourrait être pire, mais c'est quand même long et ça semble profond vu comme les deux parois de la plaie n'ont pas voulu se rejoindre. J'aurai peut-être dû insister avec l'histoire de point de suture finalement.

C'est trop tard maintenant, ce n'est plus le moment d'en faire et quoi qu'il en soit, ça va tout de même guérir, juste plus lentement et je ne m'en sortirais peut-être pas sans cicatrice, mais ce ne sera ni ma première, ni ma dernière. Il va aussi falloir faire attention que ça ne bourgeonne pas trop, mais j'ai confiance en ma mère et ma sœur, elles vont savoir bien tout nettoyer et surtout je vais réussi à bien surveiller. Heureusement que nous sommes en hiver, sinon j'aurai pas pu mettre de robe sous peine de devenir une figurante dans un film d'horreur.

Arrêtant de regarder la blessure, je rentre dans la douche et profite de l'eau chaude. Ça fait du bien de sentir l'eau couler sur mon corps, j'en avais tellement besoin. Et après plusieurs minutes, je commence enfin à me détendre vraiment, j'ai même l'impression que mes visions sont de plus en plus courtes, comme si je commençais à vraiment contrôler le phénomène en plus de réussir à être ancré dans la réalité que je veux.

Presque exactement au moment où je sors de ma douche, la voiture de ma sœur se gare devant la maison. Me dépêchant, j'enfile une chemise de nuit et je m'apprête à descendre. Mais avant, je me vois en haut des escaliers. Tentant quelque chose, je me laisse aller. Et presque tout de suite après, je suis réellement en haut des escaliers, à l'opposer de la maison par rapport à ma chambre.

Je ne contrôle pas tout et je ne comprends encore moins bien, mais ça, c'est juste génial. L'unique avantage de ses derniers jours.

Mais ma sœur, pourtant toujours souriante, en bas des escaliers, près de l'entrée, regarde dans ma direction sans vraiment me voir, les larmes aux yeux.

— Comme si tu pouvais être là... Je ne sais même pas pourquoi je l'ai espéré... Je me fais du mal...

— Mahi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? demandé-je la peur au ventre.

Mais elle m'ignore royalement et enlève sa veste et ses chaussures.

— Mahima ? Qu'est-ce qu'il se passe bon sang ?

Une fois de plus, je n'ai aucune véritable réaction, comme si je n'existais pas. Une fois ses chaussons aux pieds, elle monte les escaliers toujours les larmes aux yeux, semblant affreusement triste.

— Mahima ! Réponds-moi putain ! Qu'est-ce qu'il se passe ! m'exclamé-je en me décalant légèrement pour éviter qu'elle me fonce dessus, ne semblant pas décider à dévier de sa trajectoire. Eh ! Mais arrête de m'ignorer ! Parles-moi ! J'ai fait quelque chose de mal ?! Dis quelque chose non de dieu ! ajouté-je en lui bloquant le chemin volontairement.

Quand elle me traverse, je comprends enfin que mon problème est au-delà de la téléportation, au-delà des visions, au-delà de tout. Je n'existe plus, je suis rien. J'aurai pourtant dû m'en douter, ça semblait pourtant logique vu la réaction de Pâris hier. Je n'ai pas cherché à comprendre, je ne voulais pas y penser, mais maintenant, il faut que je me rende à l'évidence, personne ne peut me voir. Je suis moins qu'un fantôme. Mais je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je ne veux pas croire que je suis morte, je m'en serai bien rendu compte. Mais vu les sensations que j'ai eu hier, ça ne serait pas totalement exclu, je me suis sentie morte... à plusieurs reprises. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé exactement, c'est un vrai mystère...

Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

L'Étrange Histoire De Kamala Crow (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant