— Et vous n'avez pas d'autres conseils à me donner ?!
— J'y viens, ne vous en faites pas. Pour l'heure, le mieux que vous puissiez faire, c'est vous en tenir au fait. Si une question vous semble étrange ou que vous ne connaissez pas la réponse, n'y répondez pas, c'est votre droit, faites attention à tout ce que vous dites et choisissez bien vos mots. Vous pouvez également demander à me revoir à tout moment, ils ne peuvent pas non plus refuser, c'est votre droit. Et s'ils deviennent trop insistants, vous pouvez même aller jusqu'à demander que j'assiste à votre interrogation, mais c'est le maximum que je peux vous conseiller de faire. Bonne chance, conclue-t-elle en se levant.
Je ne vais pas dire que je la déteste, mais honnêtement, j'aurais espéré être un minimum éclairé par cet entretien, alors que pas du tout.
Après son départ, l'un des policiers revient me chercher... Pour me déposer en cellule... Absolument génial tout ça... Je me réinstalle en soupirant sur le lit en bois, je sens que je vais très vite en avoir marre. À nouveau, j'attends un long moment sans avoir de repère au niveau de l'heure. Et quand j'aperçois le couché de soleil dehors, je me fais à l'idée que je vais passer la nuit ici... Ça va être très long. Mais au moins, maintenant, je sais qu'il est à peu près seize heures trente, c'est toujours un point de repère en plus. Et quand enfin quelqu'un vient me chercher, la nuit est tombée depuis un moment déjà et c'est seulement pour me conduire dans la salle d'interrogatoire... qui est remarquablement vide.
Et ils me laissent à nouveau seul un bon moment avant que quelqu'un vienne prendre la peine de me tenir compagnie. C'est uniquement pour m'interroger consciencieusement sur ce qu'il s'est passé hier, insistant méthodiquement sur certain passage et j'ai même le droit à de nouvelles questions toujours plus pointilleuse. J'ai vraiment l'impression que l'homme en face de moi est là uniquement pour me mettre totalement la pression et ça marche remarquablement bien, je n'ai jamais été aussi stressé et angoissé de toute ma vie, j'ai l'impression que je vais craquer à tout instant. Sauf qu'à part pleurer toutes les larmes de mon corps, ça ne changera absolument rien à la situation. Le hic, c'est qu'ils s'attendent à avoir des aveux avec le temps, mais je n'ai absolument rien à me reprocher, alors ça peut encore durer très longtemps.
Ça dure d'ailleurs très longtemps, quand enfin le policier me ramène en cellule, je prends le temps de chercher l'heure et je découvre qu'il est vingt et une heures trente... Je n'ai pas pris la peine de regarder l'heure avant, mais pour moi, il m'a interrogé pendant plus de deux heures. De retour dans la pièce minable, l'un des hommes finit par m'amener à manger, un plat tout préparé qui a dû être réchauffé au micro-onde et servi avec des couverts en plastique... À la fin de mon « repas », je regrette très sérieusement les repas de la cafétéria de mon lycée, ils n'ont jamais été bons, mais au moins, ils sont comestibles, là, j'avais vraiment l'impression de manger du caoutchouc, ce n'était même pas chaud à part en surface...
Si je reste ici deux jours entiers, je ne vais vraiment plus supporter quoi que ce soit...
❦
J'ai rarement connu une nuit aussi longue, je n'en peux plus, je suis épuisé, mais impossible de trouver le sommeil sur cette maudite planche de bois, comment on peut humainement laisser quelqu'un vivre ainsi, même pour uniquement quarante-huit heures. Je ne suis même pas sûr d'avoir réellement réussi à dormir à un moment ou un autre de la nuit, je n'ai pas arrêté de me retourner sur la surface qui me sert de lit. Sans parler de tout ce qui s'est passé ces deux derniers jours qui a la fâcheuse tendance à me maintenir éveiller. Je ne parle même pas de la pression que je suis en train de supporter, j'ai l'impression d'avoir la vie de Kamala entre mes mains. Je ne peux pas m'empêcher de penser que s'il lui arrive quoi que ce soit, c'est uniquement ma faute, c'est uniquement parce que je n'ai pas été capable de convaincre qui que ce soit de mon innocence, parce qu'à cause de moi, les policiers ne cherchent peut-être même plus quelqu'un d'autre.
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L'Étrange Histoire De Kamala Crow (terminé)
ParanormalBeaucoup de personnes racontent des légendes en prétendant qu'il faut le voir pour y croire, mais si dans mon cas, il faut y croire pour me voir. Le 12 juin, à Margate, Kamala fête ses dix-huit ans en ville avec son petit copain, Pâris. À 16 heures...