Quinze

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Aujourd'hui,
Busan

Huit heures trente, un lundi matin de vacances. Jimin avait appuyé nonchalamment sa tête sur la vitre de la petite voiture blanche que conduisait sa mère. Mère qu’il espérait sobre, ou du moins assez pour ne pas croiser de flics et ne pas avoir d’accident.

Ses petits doigts s’emmêlaient dans ses mèches blondes, frénétiquement. Il s’était assis sur le siège arrière, à l’opposé de sa mère, soit derrière la place passager. Pourquoi, il n’en savait strictement rien, il voulait juste se tenir le plus loin possible d’elle, de manière à rentrer le plus tard possible dans le bureau de ce fameux psychologue. Son regard se perdait dans le paysage citadin, mais son cerveau n’en retenait aucunes informations, aucuns détails.

Il était bien trop occupé par toutes les alarmes qui avaient l’air de s’être déclenchées dans sa tête. Il n’avait rien mangé ce matin, et pourtant il était à deux doigts de vomir. Il avait peur. Beaucoup. Les nœuds bien trop serrés qui s’étaient noué dans son ventre, sa gorge, et son cerveau en était la preuve. Et il aurait juste voulu pouvoir mettre une raison sur leur présence. La mer était bien trop calme, d’une manière bien trop inhabituelle. Peut-être était-elle trop loin, mais que la marée allait monter ? Il n’en savait rien.

Il avait peur, sans savoir pourquoi.

Un frisson désagréable remonta le long de sa colonne vertébrale, le faisant violemment se redresser sur son siège. Il voulait retourner dans son lit, dormir, ou danser, mais échapper à ce rendez-vous merdique. Il n’allait jamais pouvoir lever ses fesses de cette voiture, et demander à ses jambes de le porter, c’était imaginable.

Le paysage défila bien plus doucement soudainement, laissant la voiture se garer aux abords d’une rue où tous les immeubles se ressemblaient. Le moteur s’éteignit laissant pour seul bruit la voix d’une femme à la radio qui présentait un truc inconnu pour les oreilles du blond. Il ne savait pas s’il devait être rassuré d’avoir fait le trajet sans encombre, ou d’autant plus inquiet d’être arrivé.

Il entendit une des portières de la voiture s’ouvrir, alors qu’il continuait d’observer sans regarder la rue à travers sa fenêtre. Par il ne savait quel automatisme, il ouvrit lui aussi sa porte avant d’avancer doucement vers le trottoir.

Il aurait aimé que Taehyung soit là. Mais il lui avait dit de rester à la maison, lui  goupillant une excuse quelconque, sans jamais émettre le sujet du psychologue. Son cerveau refusait toujours, enclenchant les mêmes alarmes qui résonnaient bien trop fort à l’intérieur de son crâne au fur et à mesure qu’il approchait de l’immeuble.

Suivant mécaniquement sa mère, il entra dans un ascenseur et l’observa appuyer sur le numéro trois. Les portent se refermèrent, Jimin baissa sa tête pour fixer ses baskets. Il sursauta quand les portes se rouvrirent, sachant pourtant pertinemment qu’elles s’ouvriraient. Son cerveau était en surchauffe, en même temps qu’il était totalement déconnecté du monde. L’écho des pas dans le couloir lui faisait peur, et pourtant il savait qu’il ne réagirait pas si quelqu’un lui adressait la parole.

Il pénétra toujours sans s’en rendre compte dans une pièce qui devait servir de salle d’attente. Elle était plutôt jolie, décorée de tableaux abstrais, une fenêtre qui donnait sur la rue, au-dessus d’une petite table basique où se tenait quelques magasines. Les chaises en plastiques étaient soient bleues, soient vertes, seul point que Jimin trouvait assez mal accordé avec le reste.

- Park Jimin ?

Il sursauta, encore une fois, tournant violemment la tête sur sa droite. Une porte avait été ouverte, sur laquelle se trouvait un homme de la trentaine, cheveux marrons clair, des lunettes rectangulaires lui tenant sur le nez.

Imaginary [VMin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant