Chapitre 6

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"J'implore votre aide. Je prie pour votre protection. Je vous demande l'espoir. Je quémande le pardon. Je souhaite avoir le courage. Que mes pêchés d'autrefois soient effacés. Que mes erreurs d'antan soient oubliées. Que mes instants d'errance soient radiés. Que mes crimes soient amnistiés.

Ô tout puissants, j'en appelle à votre aide. Je ne suis qu'une âme sans valeur, ternie par les pêchés commis auparavant. Pardonnez mes fourberies du temps passé, je désire me racheter. Ma quête est noble, contrairement à mes intentions.

Soyez indulgents avec les Hommes qui refusent de voir la mort arriver. Excusez ceux qui tuent pour leur survie. Graciez les plus mauvais d'entre nous : ce ne sont que des âmes vagabondes cherchant leur véritable place en ce bas monde. Tendez la main à ceux qui avancent : notre salut ne dépend que d'eux.

Ô tout puissants, je ne suis pas digne de prier à genoux ainsi. Mais la requête que j'ai à vous faire ne servira point à assouvir un quelconque égoïsme. Je me prosterne devant votre pouvoir, et je le sollicite pour la survie de votre peuple et du mien. Le monde défaille et les esprits sont corrompus. Quels qu'ils soient, les êtres vivants se tourneront vers une force obscure qui profitera de leur faiblesse. Les petits seront dévorés par la fourberie et la traîtrise, les grands se laisseront manipuler. Bientôt, cette ère sera révolue. Vous le savez, Ô tout puissants, mais vos agissements nous laissent penser le contraire. Pourquoi donc nous laisser nous débattre dans ce cauchemar ? Avons-nous été reniés ?

Pardonnez cette offense. Je ne suis qu'une âme sans valeur, noircie par les diableries de ces dernières semaines. Ma conscience s'efface peu à peu, laissant place à un gouffre béant. Mon humanité est engloutie par la peur et le désespoir. Je ne veux plus tuer. Je ne veux plus détruire des familles, ni voir la tristesse déchirer leur visage. Pourtant, tout au fond de mon cœur, je sais que cette bête qu'est l'angoisse me poussera à pêcher de nouveau ; aidez moi à la combattre. Ne laissez pas un être tel que moi périr dans les flammes de cet enfer. Ne laissez pas nos peuples sombrer dans ces ténèbres. Le chaos est suffisamment présent, n'y ajoutez pas un poids supplémentaire. Nous implorons votre aide. Nous prions pour votre protection. Nous vous demandons l'espoir. Nous quémandons le pardon. Nous souhaitons avoir le courage. Que nos pêchés d'autrefois soient effacés. Que nos erreurs d'antan soient oubliées. Que nos instants d'errance soient radiés. Que nos crimes soient amnistiés."

Elle osa ouvrir discrètement les yeux. Devant elle se trouvaient une dizaine de personnes, et elle savait qu'il y en avait autant derrière elle. La prière durait depuis un moment déjà, et elle ne s'arrêterait pas avant le coucher du soleil. Pourtant, elle n'avait plus rien en tête. Elle avait tout dit. Elle décida donc d'observer discrètement le monde silencieux se trouvant autour d'elle.

Ils étaient tous habillés de longues tuniques blanches, une capuche cachant chacun de leur visage. Leur identité ne devait pas être connue. L'anonymat était la meilleure des sécurités. Ici, on ne se désignait qu'avec son nom. Un vrai nom, un faux nom, peu importe : le tout était d'en avoir un. Elle avait conservé son véritable patronyme, mais personne ne le savait.

Un murmure s'éleva doucement de la foule : le chant traditionnel était entamé. Suivant le doux chuchotis de la mélodie, elle joignit sa voix à celle des autres. Les yeux étrangers pouvaient voir dans cette scène étrange la simple présence d'une secte au beau milieu d'une forêt, entamant une litanie inutile. Mais c'était bien plus que ça : toutes les personnes présentes ce soir étaient animés par l'espoir. Un espoir fou, certes, mais un espoir tout de même.

La mélopée s'éteignit. Elle joignit ses mains, et se replongea dans une prière muette.

"Je mendie. Je mendigote. Je supplie. Secourez-nous. Écoutez la pauvre pêcheuse que je suis. Des milliers de voix s'élèvent jusqu'à vous, sollicitant votre bonté et votre protection. Donnez nous aujourd'hui la force et le courage que nous n'avons pas, que nous n'avons plus. Apaisez notre douleur, conjurez la peur, et emplissez nous de votre sagesse. Notre dieu ne réponds pas à nos prières, ne nous abandonnez pas comme il nous abandonne. Vous êtes notre ultime alternative, notre dernier espoir. Comme tous mes frères et sœurs, je rachèterais mes pêchers en me sacrifiant, je me donnerais corps et âme dans la bataille qui nous attend. Partagez votre noblesse, votre bravoure et vos pouvoirs.

Destins (livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant