Chapitre 15

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Abi ouvrit prudemment les yeux. La lumière était vive. Elle leva un bras pour se frotter les yeux avant d'interrompre son geste.
-Oh...

Son bras était entièrement bandé, plus un centimètre de peau n'était visible. En tâtant son visage, Abi sentit qu'on lui avait posé des pansements sur les joues et le front. Son cou était aussi pansé.

-Tu t'es faite désirer.

Green était assis près d'elle. Ses blessures avaient été soignées. Il était pâle, mais semblait aller mieux.

-Ah...,soupira Abi. Désolée, je n'ai pas pu faire grand-chose.
-Tu nous as sorti de cette baraque, c'est déjà beaucoup, répliqua le dresseur. D'ailleurs comment as-tu fait ?

La jeune fille resta silencieuse un instant avant de déclarer :
-La chance, tout n'est dû qu'à la chance.

Green se contenta de cette réponse, même si Abi sentait qu'il n'en était pas satisfait.

-Quelle est l'étendue des dégâts ? demanda-t-elle, soucieuse de changer de sujet.
-Pour Arcanin, une patte cassée et beaucoup de contusions. Aquali s'en sort mieux mais doit se reposer. Toi, tu as une jambe plâtrée, un bras plein de bandages donc inutilisable pour quelques jours, des hématomes et de sérieuses blessures à la cuisse et à l'abdomen. Moi, j'ai un bras littéralement brisé, des bleus, une dent en moins et des plaies sur le torse. On est tous les deux en désintoxication à cause du poison.
-Et, je ne sortirais pas d'ici avant combien de temps ?
-Tu peux largement rester allongée pendant trois mois.
-Trois mois...

Abi encaissa le choc.
-Aaaah, c'est la galère, soupira Green en se massant la joue. Une dent en moins, le torse en lambeaux... Des années d'entretient parties en fumée !
-Tu t'en remettras, sourit la jeune fille. Ce sont les risques du métier.
-En parlant de risques... On t'a coupé les cheveux.
-HEEEEIN ?!

Abi porta vivement une main à sa tête Ses longs cheveux avaient été coupés courts.
-Nom d'un Tortipouss, grommela-t-elle. J'aurais préféré avoir une dent en moins.
-Ce n'est pas le pire...
-Pardon ?!

Green eut un rictus.
-Tu t'es arraché trois ongles.

Abi resta ahurie quelques secondes avant de comprendre que le jeune homme faisait de l'humour quand il mentionnait une pire chose.

-Tu n'es qu'un abruti, dit-elle.

Ils restèrent silencieux. Dehors, il y avait du grabuge : des éclats de voix, des bruits sourds, des raclements... Abi se demandait ce qui pouvait bien se tramer à l'extérieur. Le visage de Green se renfrognait à mesure que les minutes passaient.

-Qu'est-ce qui se passe ? interrogea l'adolescente. C'est quoi tout ce bruit ?
-La Team s'installe ici. Hoenn est totalement détruite, plus personne ne peut contester leur présence sur l'île. Les sbires ont ratissé les bois et les villes et il n'y a eut aucun survivant de trouvés.

Abi serra les poings. Lómion...

-Et ils croient que les autres régions vont les laisser faire ?
-Contrairement à ce que tu crois, jeune fille, ils n'oseront jamais protester.

Green se redressa, imité difficilement par Abi. Giovanni prit un tabouret et s'installa à côté du lit.

-Devant ce coup de force, les autres régions vont être envahies par la peur, la tristesse, le doute... La peur, car nous avons tout anéanti sans mal. Nous n'avons eut aucune pitié. La tristesse, car des familles seront déchirées, beaucoup auront perdu leurs amis. Le doute, car personne n'osera agir, les gens se demanderont s'ils peuvent se faire confiance, s'ils peuvent compter sur leur soutien mutuel et celui des gouvernements régionaux. Quand nous aurons lancé la seconde phase du plan, la loi du plus fort régnera avec le chaos.

Destins (livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant