Destins (livre 1)

Chapitre 5

"Qu'est-ce que j'ai fait ?"

Il contemplait le Dracaufeu inanimé avec horreur. Comment en était-il arrivé à faire une chose pareille ? C'était impossible, il ne pouvait pas l'avoir fait, pas ça...

-Viens, dit Blue en posant une main douce mais prudente sur son épaule.

Ses jambes refusaient de bouger, il ne parvenait pas à détourner les yeux.

"Pourquoi, pourquoi, POURQUOI ?"

-Red, insista son amie. Il ne faut pas rester ici. Partons.
-On ne peut pas le laisser dans un tel état, dit le jeune homme d'une voix blanche.
-Il ne faut pas rester ici, répéta Blue.

Il parvint à bouger maladroitement. La pluie tombait à verse et les arbres ne leur servaient pas de protection malgré leur épais feuillage. Il se retournait sans cesse vers la dépouille du pokemon.

"Comment ai-je pu... ?"

Blue le tenait par la main et le forçait à avancer. Il régnait un calme étrange dans la forêt, comme si tous les pokemon se taisaient suite au crime horrible auquel ils avaient assistés.

-Red, ne t'en veux pas, chuchota Blue. Oublie ça, oublie-le.
-Comment veux-tu que j'oublie ! s'écria t-il d'une voix aiguë. Blue, j'ai massacré un pokémon !
-Ce n'était pas de ta faute !
-Non, bien sûr, c'est Tortank qui a fait ça. Mais c'est moi qui lui donnait les ordres, cela revient donc au même.
-C'était lui ou nous.
-Il y avait certainement un autre moyen ! Il y a toujours un autre moyen...
-En attendant de le trouver nous aurions été réduit en pièces ! s'exclama la jeune fille tendue. Nous n'aurions pas pu fuir, et ce Dracaufeu n'allait pas nous écouter, quoiqu'on fasse. C'était la meilleure solution.

Red se dégagea, choqué des paroles de la jeune fille.

-Te rends-tu réellement compte du crime que j'ai commis ? Je me suis acharné sur lui jusqu'à ce qu'il ne bouge plus ! Il n'a plus de visage, une patte et la moitié d'une aile lui ont été arraché ! Je ne me suis pas simplement défendu, je l'ai exterminé !
-Ce genre de boucherie devient de plus en plus fréquent, ils ne sauront pas que c'est nous.
-Il restera certainement des traces, aussi infimes soient-elles. Ils remonterons jusqu'à nous tôt ou tard.
-Arrête de dire des choses aussi décourageantes ! geignit Blue. Ne peux-tu donc pas être positif cinq minutes ?
-Avec tout ce qui nous arrive, non.

Sans un regard pour son amie qui était au bord des larmes, il reprit la route.