Destins (livre 1)

Chapitre 1

Lómion était étendu dans l'herbe, torse nu. Protégé par l'ombre d'un chêne, il respirait profondément, un fin sourire aux lèvres, l'oreille tendue. À ses côtés dormait un Evoli, roulé en boule, la tête cachée sous son épaisse queue touffue pour se protéger des rayons du soleil qui illuminaient son magnifique pelage brun. Soudain, un léger craquement retentit à quelques mètres de leur position. Lómion ouvrit les yeux, se mit sur le ventre et rampa souplement vers le buisson le plus proche. Evoli, lui, ne bougea pas d'un poil, toujours plongé dans un profond sommeil.

-Te voilà enfin, murmura Lómion.

Caché derrière un bosquet, il observait un Noctali venu se rafraîchir dans le ruisseau. Son pelage noir faisait ressortir les poils de couleur platine, formant des cercles sur le haut de ses pattes et sur le sommet de son crâne. Ses grands yeux rouges trahissait une prudence excessive : c'était à cause d'elle que Lómion tentait en vain de le capturer depuis huit jours. Mais en plus d'être toujours sur ses gardes, le pokemon était malin, c'est pourquoi il était toujours parvenu à lui filer facilement entre les doigts. D'ailleurs, il ne semblait pas décidé à se désaltérer : il humait l'air avec insistance, les yeux grands ouverts. Le jeune homme pouvait voir qu'il était tendu et pesta intérieurement : il les avait senti. Il allait lui échapper une nouvelle fois ! Abandonnant toute discrétion, il bondit hors du massif de feuille et se jeta sur la créature. Malheureusement, ses réflexes étaient bien meilleurs que ceux de Lómion : elle était déjà hors de portée lorsqu'il atterrit lourdement dans l'herbe. Lorsqu'il releva la tête, il vit le Noctali sauvage disparaître parmi les innombrables buissons. Il se redressa, dépité, et se débarrassa rageusement de l'herbe collée à sa peau.

-Evoli ! Au lieu de t'amuser à me regarder me faire ridiculiser, tu ne pouvais pas m'aider ?

Son pokémon sorti de sa cachette, le fixant avec ses grands yeux marrons qui trahissaient un amusement sans nom. Lómion se releva et s'étira.

-On dirait que j'ai encore échoué, dit-il en regardant l'endroit par où s'était enfui Noctali.

Il alla récupérer sa chemise bleue et l'enfila. Après avoir rajusté le col, il secoua vivement la tête pour faire tomber les dernier brins d'herbe accrochés à ses cheveux.

-Viens Evoli, rentrons.

Le pokemon poussa un petit cri ravi et le suivit docilement.

Cela faisait huit ans qu'Evoli et lui se connaissaient. Lómion l'avait trouvé le jour de ses neuf ans, blessé dans les fourrés près de son ancienne maison. Il avait décidé de le soigner en cachette, ses parents détestant ce genre de créature, et de lui redonner sa liberté ; c'était une habitude qu'il avait prise en capturant des papillons pour les admirer et en les relâchant ensuite. Mais curieusement, le pokemon avait semblé s'attacher à lui et avait refusé de partir. Depuis, ils ne se quittaient plus, sauf peut-être pour aller aux toilettes.

Aujourd'hui, Lómion avait dix-sept ans. Il y a deux ans, il avait déménagé avec Evoli dans la région d'Unys, plus précisément dans la grande ville de Volucité, suite à la mort de ses parents. Il s'était donc installé chez son grand-père afin de l'aider à tenir le centre pokemon dont il était le directeur. Lómion y travaillait de temps en temps, mais son grand-père lui laissait sa liberté d'adolescent. Pour le jeune homme, c'était l'occasion de fuir la ville bruyante et polluée ; c'est pourquoi il s'échappait durant des journées entières dans la Forêt d'Empoigne avec son compagnon : pour renouer un contact avec la nature.

Il y a quelques jours, alors qu'il se prélassait au soleil, il avait reçu un choc au niveau de l'estomac. Tandis qu'il toussait pour reprendre son souffle, il avait aperçut ce Noctali, tout juste à quelques pas de lui, le fixant avec curiosité. Le jeune homme s'était redressé trop brusquement, ravi de voir un si beau spécimen, et le pokemon s'était échappé. Depuis, ils jouaient à chat dans la forêt, pour le plus grand bonheur d'Evoli qui pouvait voir son maître se ridiculiser à tout va.