Chapitre 7

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Le feu dévorait les forêts. La terre divisait les régions. L'eau détruisait les maisons. Les tornades avalaient tout sur leur passage. Les éclairs déchiraient le ciel.

La nature exprimait sa colère, elle se vengeait de l'avidité des hommes et de leur cruauté envers ses enfants. Elle ne pouvait accepter qu'ils soient prisonniers de ces simples d'esprit, qui ne comprenaient pas le danger qui menaçait leur vie.

Rendus fous par la peur et la haine, les pokemon s'entre-tuaient.

Animés par l'espoir, les hommes partaient à la recherche des pokemon légendaires afin de les offrir en sacrifice. Ils s'approchaient dangereusement de leur terrible but et les puissantes créatures le sentaient. Il pouvait ressentir la peur commune des deux races : si ils échouaient, ce serait la fin de tout.

La terre saignait, blessée par les éruptions, consumée par les flammes, déchirée par les séismes. Elle hurlait de toute la force de ses pauvres poumons, mais elle n'était pas entendue. Comme toujours, elle était ignorée. Le soleil n'offrait plus aucune lumière, avalé par un brouillard sombre qui précipitait petit à petit le monde dans une obscurité angoissante. Tel un nuage de cendre, il étouffait les êtres vivants et s'accrochait avidement à la terre, la vidant de toute sa beauté.

Il hurla longuement et s'extirpa de cette terrible vision. Haletant, il tenta d'inspirer et d'expirer calmement, en vain : son cœur battait beaucoup trop vite, accélérant sa respiration. Du fond de son abri de feuilles, il pouvait sentir l'air frais, mais ne pouvait s'y exposer : si il le faisait, ils allaient le repérer.

Il frotta son visage contre la terre humide : il transpirait à grosses gouttes et sa tête était lourde. Dans quelques minutes, une migraine fulgurante l'empêcherait de réfléchir convenablement. C'était le prix à payer pour la clarté de ses visions, qui se faisaient de plus en plus limpides. L'angoisse lui nouait la gorge : tout s'aggravait plus vite qu'il ne l'avait prévu, ce qui, d'un côté, confirmait ses craintes.

Le sort était bien cruel envers lui : il détenait des informations capitales, pouvant faire la différence entre une fin définitive et une possible renaissance. Mais l'ironie s'acharnait contre lui et l'empêchait de partager ce précieux savoir : la crainte des hommes à son égard faisait de lui un exclu, un exclu passible d'une peine capitale si il était capturé. Depuis quelques semaines, les hommes et les pokemon s'étaient lancés à sa recherche, compliquant sérieusement sa situation. Plusieurs fois il avait cru que c'était fini, mais par miracle, il était passé au travers des pièges vicieux de ses sombres poursuivants. Le destin lui accordait une chance, même si elle était bien maigre.

Sa respiration était de nouveau normale, son cœur battait fort. Une douleur grandissait de chaque côtés de son crâne : la migraine arrivait à grands pas. Il se recroquevilla dans la terre et les feuilles sales, un large bâton dans la bouche : à défaut de pouvoir crier librement, il mordait furieusement dans le bout de bois pour supporter le mal qui le vrillerait pendant une poignée d'heures.

Sa vue se brouillait petit à petit à cause des larmes qui embuaient ses yeux. La pluie martelait son abri. Le bruit, d'habitude si doux, résonnait violemment dans sa tête. Tous ses muscles se contractèrent.

Bientôt, il fut emporté par la folie passagère que provoquait la douleur et la fièvre.

Destins (livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant