Elle prit soin de regarder autour d'elle avant de laisser tomber son capuchon. Il n'y avait plus personne. Elle se débarrassa alors de sa tunique blanche et la brûla : il ne fallait garder aucune trace de cette réunion. Elle noua ensuite ses longs cheveux noirs en un épais chignon et se dirigea vers l'ouest de l'île : elle avait à présent rendez-vous au centre commercial.
Là bas, elle repéra bien vite l'individu dont parlait son patron : assis sur un banc, il semblait absorbé par la contemplation des néons. Ses cheveux bruns étaient très courts et il possédait un goût vestimentaire très discutable ; il portait un jean rose troué ainsi qu'un T-shirt jaune où était représenté un Pikachu trop maigre. Elle esquissa un sourire : il avait certainement déniché ces vêtements au marché noir. Elle adopta un air décontracté et s'installa sur le banc, dos à l'homme.
-Abigaëlle ? demanda t-il d'une voix suave.
-Abi, rectifia t-elle.
-Votre paquet se trouve au quatrième étage. Dirigez-vous vers le comptoir inférieur et achetez le dernier Poster Ciel.
-Bien.
-Autre chose, ajouta t-il alors qu'elle se levait. Vous êtes suivie.Abi serra les poings, mais garda son calme.
-Comment le savez-vous ?
-Ils ne sont pas très discret. C'est tout, pour le moment.Elle acquiesça discrètement et reprit sa route. Elle profita du reflet d'une vitrine pour observer la situation derrière elle : beaucoup de dresseurs étaient présents, et chacun avait un style vestimentaire bien à lui. Cependant, deux personnes se détachaient du lot : elles ne portaient qu'un simple jean et un gilet, tout deux noirs. Étaient-ce ces deux hommes qui la suivaient ?
Elle en eut la confirmation arrivée au quatrième étage : alors qu'elle avait acheté le Poster Ciel, ils la bousculèrent et le lui arrachèrent. Mais Abi avait prévu ce coup : avec une rapidité surprenante, elle invoqua Chacripan ; eux firent appel à Bulbizarre et Kicklee. Les pauvres commerçants les regardèrent médusés, tandis que les dresseurs présents se réjouissaient du combat à venir.
"Ils connaissent les points faibles de mes pokemon !"
Contrariée, elle comprit que ce n'était pas elle qui les avait piégés, mais eux qui avaient tissé leur toile. À présent, elle était coincée, entourée de monde susceptible de la reconnaître en cas de poursuite. Eux ne couraient pas ce risque : leur casquette faisaient suffisamment d'ombre pour masquer une bonne moitié de leur visage.
Quelque chose vibra dans sa poche, la faisant sursauter. Abi réalisa que c'était son pokédex. Elle se concentra sur les vibrations.
Une longue, deux courtes. Une longue, trois courtes.
La pièce s'obscurcit soudain, une ombre immense l'envahissant. Ses deux adversaires s'immobilisèrent, surpris. Abi en profita : elle fondit droit sur eux, leur asséna un coup dans l'estomac et leur arracha la carte des mains ; puis sans attendre, elle rappela Chacripan, tourna les talons et se jeta par la fenêtre. La baie vitrée céda bruyamment, abandonnant quelques morceaux de verre dans sa chair. Elle tomba en chute libre l'espace d'une seconde puis atterrit sur une surface dure et écailleuse.
-Merci ! s'exclama la jeune fille avant d'avoir repris ses esprits.
Elle retira les bouts de verre accrochés à sa peau et analysa la situation ; elle remarqua avec émerveillement qu'elle se trouvait sur le dos d'un Dracaufeu. Ce dernier était contrôlé par un jeune homme qui se trouvait dos à elle. Il ne se retourna pas, et ne répondit pas à son remerciement. Silencieux, il se contenta de faire voler son pokemon vers le nord de l'île : elle serait certainement déposée dans un endroit sûr comme le voulait le plan.
Cependant, elle remarqua qu'il ne la conduisait pas en direction du nord, mais vers la route 104.
-Où va t-on ? protesta t-elle.
-Le plan a changé. Tu iras au bois Clémenti pour ensuite rejoindre Clémenti-Ville.
-Mais pourquoi faire ?
-Je n'en sais rien, et ce n'est pas mon problème.

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Destins (livre 1)
DiversosEt un jour tout bascula Quand il le vit, il sut que son destin allait changer Quand il débuta son voyage, il sut que les rencontres seraient nombreuses Certaines étant qualifiées de passage, D'autres constituant de véritables amitiés. Et un jour, to...