Il était assis à l'entrée de la grotte, silencieux. Les muscles contractés, il se concentrait sur l'aspect du ciel pour oublier la douleur qui lui transperçait le crâne. Le soleil commençait à se lever, rougissant la voûte céleste de manière inquiétante, et dévorant petit à petit la lune. Le paysage désertique qui s'étendait devant lui était magnifique ; le sable était d'un orange intense, et seules les dunes procuraient de l'ombre. Les rares arbres qui étaient encore debout voyaient leurs quelques feuilles secouées par une très légère brise, qui rafraîchissait agréablement l'atmosphère.
Il poussa un profond soupir et gémit : la douleur devenait insupportable. Il savait ce que cela signifiait, mais il voulait retarder ce moment le plus possible ; il ne voulait pas avoir de nouveau ces visions apocalyptiques qui l'effrayaient tant. Il désirait seulement contempler ce lever de soleil dans le silence, sans avoir à ressentir cette habituelle souffrance.
Finalement, il n'eut plus le choix. Le regard vide, il se laissa plonger dans cet état second qui l'appelait depuis déjà plusieurs heures. L'aube naissante devint floue, le désert disparut.
Le feu dévorait les forêts. La terre divisait les régions. L'eau détruisait les maisons. Les tornades avalaient tout sur leur passage. Les éclairs déchiraient le ciel.
La nature exprimait sa colère, elle se vengeait de l'avidité des hommes et de leur cruauté envers ses enfants.
Rendus fous par la peur et la haine, les pokemon s'entre-tuaient.
Animé par l'espoir, les hommes partaient à la recherche des pokemon légendaires afin de les offrir en sacrifice.
La terre saignait, blessée par les éruptions, consumée par les flammes, déchirée par les séismes. Le soleil n'offrait plus aucune lumière, avalé par un brouillard sombre.
Sa vision prit brusquement fin lorsqu'il entendit un long hurlement déchirer le silence. Oubliant sa douleur, il s'aventura d'un pas hors de la grotte et observa les alentours. Soudain, il plissa les yeux : non loin de là, il y avait deux ombres qui remuaient sur le sommet d'une dune. Il reconnut les silhouettes : c'était deux Goupix. Cependant, ils se comportaient étrangement : se défiant du regard, ils grognaient et feignaient de passer à l'attaque. D'ici, il pouvait voir leurs pupilles dilatées à l'extrême et leurs muscles excessivement bandés. Il voulut intervenir, mais se retint, connaissant ce que cela impliquerait.
L'inconcevable se produit alors : les Goupix se sautèrent sauvagement dessus, n'utilisant que leurs crocs pour blesser l'adversaire. Rapidement, leurs blessures souillèrent leur pelage, et l'une des petites créatures commença à boiter ; cette attitude signa alors son arrêt de mort. Flairant l'handicap de son ennemi, le second Goupix réussit à le plaquer contre la surface sableuse et se mit à le dévorer vivant. Les hurlements furent insoutenables. Devant cette barbarie, il détourna les yeux et se réfugia au fond de la grotte, où il se recroquevilla pour atténuer l'arrivée des cris d'agonie. Tremblant, il pria pour un rapide retour au silence.
Il venait d'être témoin du début de la fin.
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Destins (livre 1)
De TodoEt un jour tout bascula Quand il le vit, il sut que son destin allait changer Quand il débuta son voyage, il sut que les rencontres seraient nombreuses Certaines étant qualifiées de passage, D'autres constituant de véritables amitiés. Et un jour, to...