Clair obscur

Chapitre 42 : Mort(s)

Lendemain : sept heures quarante-cinq :

Le matin arrive à grande vitesse et Benjamin n'est toujours pas rentré. Je ne pensais pas que confectionner un pieu prenait autant de temps. Mais c'est pour la bonne cause alors, je peux attendre. Plus je réfléchis, plus je pense à quelque chose. Est-ce moi qui devrais me planter le pieux moi-même ? Devrais-je simuler une altercation avec Benjamin et par conséquent est-ce que ça sera donc lui qui me le plantera ? C'est vrai que je n'y avais pas pensé.

La deuxième option m'a l'air plus réaliste aux yeux d'Isaac.

Je me lève de mon lit après avoir contemplé le plafond et penser toute la nuit. L'idée que je ne dormirai plus jamais a été plus qu'étrange au début. Je ne ressentais pas la fatigue, ni le picotement des yeux. Rien de tout ça. Je suis tout simplement en pleine forme. Même la faim, je ne ressens plus l'envie de manger ni boire quoi que ça soit mise à part du sang. Très étrange.

Conscience : À partir du moment où tu peux devenir immortelle rien ne peut être plus étrange.

Tu marques un point.

Arrivée au salon, je vois Elea le regard dans le vide, plongée dans ses pensées. Lorsqu'elle me remarque, elle me propose de s'asseoir à ses côtés. Au vu de son expression faciale, je pense qu'elle a envie de me parler de quelque chose.

Elea : Tu sais pour hier. Je ne voulais pas te faire de la peine à parler de cette fille comme si elle n'était rien. Juste que, ce n'est pas la première fois que je vois un mort et encore moins la première fois que je vois un mort causée par Isaac. J'essaie tout simplement de ne rien montrer alors qu'au fond de savoir qu'il a pu faire ça me tue de l'intérieur. Paradoxal je sais dit-elle une larme qui s'échappe se posant sur sa joue.

La voir autant souffrir pour son frère me touche profondément. Je sais pertinemment qu'elle est touchée de la situation mais je ne pensais pas qu'elle l'était à ce point. Elle a l'air également de s'en vouloir par rapport à cette pauvre innocente.

Moi : Ce n'est pas grave. Je n'ai juste pas l'habitude de voir des personnes mourrir à tort et à travers. Je sais que ton but n'était pas de me faire de la peine mais d'être discrète. En ce qui concerne Isaac, je sais que c'est dur mais il faut tenir bon. On a un plan avec Benjamin afin de le faire revenir dis-je en la regardant.

Je vois un éclair de surprise et d'espoir lui traverser les pupilles.

Elea : Dis moi tout.

Elle se reprend en essuyant sa larme solitaire et me regarde attentive, prête à ce que je commence mon monologue. C'est ainsi que je lui raconte tout. Comment cette idée m'est venue, quelle était la réaction de Benjamin...

Elea : Tu ne trouves pas ça risquer ?

Elle est préoccupée. Chose que je peux totalement comprendre au vu de ce que je lui annonce.

Moi : Oh que si. Mais si je n'en prends pas, rien ne marchera lui dis-je.

Elea : Merci de faire ça pour lui. Tu n'imagines pas à quel point nous sommes touchés.

Je la regarde en souriant et lui fait un câlin. Ce ne sont pas dans mes habitudes d'en faire, vous le savez, mais je sens que j'en ai besoin et elle également. On a besoin de se soutenir mutuellement, de se sentir épaulée face à ce qu'il se passe.

Lorsque l'on se décolle l'une de l'autre, je pense à ce que Benjamin m'a dit lorsque je suis rentrée. Une autre fille a été tué dans la forêt.

Moi : J'ai une question. Tu as bien caché le corps pas vrai ?

Elea : Absolument.