POINT DE VUE DE NEVRA
Je marchais vers les cascades de la plage. Le mot qu'on avait glissé sous ma porte me disait de m'y rendre au plus vite. Dès que je l'eus lu, je m'étais préparé en quatrième vitesse et j'ai couru jusqu'à la plage. Bien entendu, la brune m'attendait à notre point de rendez-vous. Mon cœur se serra dès l'instant où je la vis, assise les pieds nus trempant dans l'eau chaude de la source. Elle me regardait, légèrement mal à l'aise. Je pris place à ses côtés, en silence.
- C'était une erreur, parla-t-elle. Je n'aurais pas dû te laisser faire.
Alors elle regrettait. J'avais longuement lutté avant de poser mes lèvres sur les siennes mais finalement, je mourrais d'envie de savoir quel goûts elle avait. Comme je l'avais imaginé, elle avait comme le goût de la cerise sauvage que l'on trouve dans la forêt. Ce baiser, qui n'avait même pas duré une seconde m'avait redonné toute la force dont j'avais besoin. Cependant, je lui avais volé. Et je le regrettais maintenant moi aussi. Je baissai les yeux, honteux et triste.
- Tu n'aurais jamais dû faire ça. Tu n'avais pas le droit de me mettre dans une telle position.
J'étais tellement déboussolé que je ne su quoi répondre à des paroles aussi offensives.
- Pourquoi est-ce tu as fait ça ? Demanda-t-elle en retenant ses larmes et en relevant les yeux vers moi.
Même quand elle était triste, elle demeurait magnifique. Pourquoi t'ai-je embrassé ? Parce que tu m'attires. Parce que j'en ai envie depuis des jours. Parce que tu m'es devenue indispensable, vitale. Parce que je veux que tu comprennes que depuis que je t'ai vu la première fois, j'ai perdu une partie de moi-même. Parce que je veux que tu sois mienne et que ça me déchire le cœur de te voir sourire et rire en compagnie d'un autre. Parce que quand je t'ai vu danser avec lui, je n'espérais qu'une chose. J'espérais de toute mon âme que tu te libères de son emprise et que tu viennes t'asseoir avec moi, sur cette table. Et tu l'as fait. J'étais heureux que tu sois là, que tu me parles.
Je voulais saisir cette chance.
- Je ne sais pas.
Je sais pas. Cette phrase que seuls les lâches disent pour cacher la vérité.
Depuis que t'es là, je fais que des conneries. Je dors plus, je mange plus, je suis d'humeur massacrante, je bois parce que tu m'évites dans les couloirs... Ça me consume de jour en jour. Tu me tues à chaque minute, chaque seconde qui passe. Tu me rends vivant à chaque fois que je te vois sourire que je t'entends rire aux éclat, quand je sens ta délicieuse odeur lorsque tu passes à côté de moi.
Ça me fait mal de penser à toi. Ça me fait aussi un fou.
Je soupirai. Il ne fallait pas qu'on continue de parler de ce baiser, ça n'apporterait que des tensions en plus entre nous.
- Est-ce que tu as récupéré tous les ingrédients pour la potion ? Parce que-
- J'ai tous donné à Ezarel il y a deux jours, me coupa-t-elle le ton froid comme la pierre. Il termine la potion demain.
- Tant mieux, dis-je sans trop oser parler.
Je repensai à toutes ces nuits passées à l'entendre pleurer, parfois à crier. Au début, je venais la réconforter mais elle a finit par fermer sa porte à clé pour ne plus que je vienne. Elle disait ne pas avoir besoin de mon aide.
- La potion n'aura pas un effet instantané, l'informai-je. Tu oublieras toute ta vie d'avant en quelques heures mais... tes cauchemars eux persisterons pendant plusieurs jours voir plusieurs semaines avant qu'ils ne disparaissent entièrement. Alors, si tu veux... si tu penses avoir besoin de mon aide encore une fois...
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