TROP GRAND POUR MOI ! (2)

Épisode 43.

Ren a la gentillesse de me montrer la chambre d'amis que je vais occuper un temps. D'après mon propriétaire, cela prendra de longues semaines avant que je puisse réintégrer le studio. J'ai pu récupérer quelques affaires et autres choses personnelles qui ont survécu à ce drame mais le reste s'est volatilisé avec les flammes. Sur le chemin, j'ai insisté auprès de Ren pour quand même payer un loyer afin de le remercier.

Après le lycée, ils ont vendu la maison de leurs parents. Ren a pu s'offrir ce magnifique appartement. Je suis gêné car la chambre qu'il me prête n'a rien à voir avec mon studio. À vrai dire, même ma paie ne suffirait pas à payer un vrai loyer.

Je n'arrive pas encore à me faire à l'idée qu'on va habiter ici. Ce n'est pas la première fois que je viens ici et pourtant, je suis dans tous mes états. Ren accepte de me faire un nouveau tour des lieux pour que je prenne mes marques. Tout de suite, il me met à l'aise et me fait visiter le reste de son appartement.

-Fais comme chez toi.
- Hein ? Euh, je...
-Détend toi, me sourit-il alors qu'il m'aide à ranger mes affaires.

Je lui souris en retour, décontenancé. Je m'en veux de me servir de son hospitalité, mais c'est mieux ça que de dormir dans la rue.

-Sers toi de la salle de bain et n'hésite pas à utiliser mes produits et mes serviettes.

Ren termine de ranger la chambre d'amis pendant que je lui emprunte sa salle de bain. La pièce est d'une taille convenable, baignoire et douche à l'italienne, cet espace profite d'un maximum de confort pour son propriétaire. Rapidement, je mets les pieds dans la cabine de douche pour faire couler l'eau sur ma peau. Loin de mon téléphone et du reste du monde, je profite de cette sensation humide pour me détendre. Mais au moment de me servir de ses produits de douche, j'ai un doute. On... on dirait presqu'un couple.

Je réalise que je bande quand je l'imagine nu sous cette douche. Je ne peux quand même pas me masturber chez lui alors qu'il a la gentillesse de m'y laisser tout le temps nécessaire ! Je refuse de trahir sa confiance...
Pour me débarrasser de ces pensées obscènes et de mon érection, j'active uniquement l'eau froide afin d'éradiquer toute forme de chaleur.
Peu importe si je tombe malade...
Je sors rapidement de la cabine, me sèche avec l'une de ses serviettes avant de mettre les vêtements qu'il m'a prêté. Puis, je le rejoins dans la pièce à vivre. Je surprend Ren sur son ordinateur portable, assis sur son canapé, les pieds sur la table. Il est si concentré qu'il ne remarque pas ma présence. Je découvre alors un jeune homme complètement investi dans son travail. Ren reste un jeune infirmier qui continue de travailler avec beaucoup d'assiduité. Le regarder de cette manière me fait comprendre à quel point il est investi quand il entreprend quelque chose. Je reconnais là, le garçon d'autrefois et cela me vole un sourire.

Doucement, je viens à côté de lui pour le regarder. Mais là encore, il ne fait pas attention au fait que je sois prés de lui. J'ignore exactement ce qu'il est en train de faire mais Ren semble rédiger une thèse. Je ferme les yeux et pose ma tête sur son épaule.

-Mh...

Finalement, je me suis un peu assoupi. Quand je rouvre les yeux, je suis allongé sur le canapé. Ren a du placé ce plaid pour que je n'attrape pas trop froid. Je me redresse et frotte mes yeux, attiré par l'odeur de la nourriture.

Je me lève et manque de me cogner car je ne vois pas grand-chose sans mes lunettes.

- Tu es réveillé ?
-Je... Je me suis endormi, désolé...
- Ce n'est rien, j'allais venir te réveiller pour que tu puisses passer à table.

Gêné, je m'empresse de répondre.

-J...Je peux aller au konbini* du coin !
-Ne t'en fais pas, ça me fait plaisir de faire à manger.

Oui mais moi, ça me gêne. J'ai vraiment l'impression de profiter de lui. Ren me permet de vivre ici, d'utiliser sa salle de bain et de manger avec lui. Je ne sais pas comment le remercier pour tout ce qu'il fait pour moi. Je n'arrive pas à le lui dire mais... mais je suis profondément touché.

- Ren, je peux te poser une question ?

Il me regarde, la poêle à la main.

-Pourquoi fais-tu tout ça pour moi après ce qui s'est passé ?

Ren sait parfaitement de quoi je parle et où je veux en venir. Ren a la possibilité de refaire sa vie, d'oublier notre histoire et se fondée une famille. Après tout, il aime les femmes de base ! Pourquoi se montrer aussi gentil après tout le mal que je lui ai fait. Même si le véritable responsable est mon père, j'ai préféré me séparer de lui alors qu'il avait besoin de moi. J'ai été horrible alors qu'il était encore à l'hôpital.

-Ne me pose pas cette question alors que tu as les larmes aux yeux.
-Ehh ?

Je recule quand je réalise que je pleure. Mes larmes coulent toutes seules, je ne peux pas les arrêter. Ren éteint le feu pendant que je cherche à faire bonne figure et quand je relève la tête, il me serre déjà dans ses bras.

-R-Ren !?
-Nous étions jeunes à l'époque, des enfants ! Rien n'est de ta faute alors je t'en prie, cesse de te rendre coupable.

C'est la première fois que Ren me dit ces mots et ça me bouleverse.

-Je n'ai jamais cessé de t'aimer, Teito !
-Lâ...Lâche-m...
-Non, je ne te lâcherai pas !

Son étreinte se fait plus forte autour de mon corps. Même si je le voulais, je ne pourrais pas m'enfuir. Très vite, je cesse de me débattre.

-Je t'ai déjà perdu une fois, je ne veux plus que cela se répète.
-Ren...

Quand il desserre ses bras, ce n'est que pour m'embrasser délicatement sur la bouche.

-Je t'en prie, ne me repousse pas.

Comment veut-il que je fasse une chose pareille quand il m'implore avec ce regard brisé. Ah, j'en ai assez de me battre contre ce sentiment que j'éprouve. J'aime Ren du plis profond de mon cœur, je n'ai jamais cessé d'avoir des sentiments pour lui.

- Ren...

Quand je passe mes bras autour de son cou et qu'il me soulève contre lui, aucun de nous deux peut faire marche arrière.

Je scelle mes lèvres aux siennes quand il m'emmène jusqu'à sa chambre.

*Konbini : supérette