Épisode 51.

198 25 0
                                    

—Non ! Ce n’est pas possible ! Rendez moi ma fille !
—Manaka, calme toi je t’en prie !
—NON !

Dans les couloirs sombres de l’hôpital, neuf heures viennent de s’écouler. Si c’est le calme absolu dans tout le bâtiment, il y a les hurlements dévastés d’une mère.

Et cette mère, c’est la mienne qui vient d’apprendre le décès de sa fille au bloc opérateur.

Le cœur de Kagura a cessé de battre.

Ma mère est déchirée par la mort de ma sœur. Sur le coup, je n’ai pas réalisé ce que cela implique mais quand mon père se présente à moi devant tous mes amis, la seule chose qu’il puisse me dire c’est :

—Je suis désolé, Teito.

Il baisse le regard, incapable de me faire face.

Là, je fonds en larmes devant lui en me laissant tomber sur les genoux. Je pleure, je cris toute ma peine et ma douleur en comprenant que plus jamais je ne la reverrais. J’ai mal au cœur, si mal que je n’entends plus rien autour de moi. Tout comme ma mère, je suis inconsolable.

Mon père, Ren et toute l’équipe ont fait le nécessaire pour sauver ma sœur, mais il était en réalité déjà trop tard. La tumeur s’était emparée de son cerveau.

Je ne peux m’empêcher de culpabiliser. Si j’avais été présent ces cinq dernières années, rien de tout cela ne lui serait arrivé. Kagura méritait de vivre, ce n’est pas juste !
Je serai à tout jamais privé de son sourire et de sa joie de vivre. Malgré notre dispute, Kagura était un peu comme cette étoile dans le ciel qui éclairait mon chemin. Sans elle, je n’aurais jamais adressé la parole à Ren, ni même participé à cette élection qui m’a tant rapproché de lui. Kagura était une fille maladroite mais elle était surtout très gentille. Ma sœur n’a jamais rien fait de mal, au contraire. C’est moi qui n’ai pas su prendre soin d’elle.

Sa mort me fait maintenant comprendre que… que je ne la reverrais plus jamais. Et cette idée me détruit. Elle était ma seule sœur, nous étions jumeaux. Elle n’avait pas le droit de me quitter.

Alors même si nous avons pu nous retrouver et parler une dernière, il y a tant de choses que je voulais lui dire. Elle ne saura jamais à quel point elle m’a tant manqué, que la retrouver m’a rendu heureux. Je n’ai pas eu assez de courage pour le lui dire dans ses derniers instants. Naïvement, j’ai cru qu’elle pourrait se battre contre la maladie, mais je l’ai surestimée.
En réalité, Kagura souffrait.

Elle en avait assez de se battre, jusqu’au bout, elle s’est accrochée à cet espoir avant que son cœur ne lâche. J’imagine bien l’horreur que mon père a dû vivre en voyant sa propre fille mourir sous ses mains. Même lui qui est mondialement reconnu n’a pourtant rien pu faire pour la soigner. Il n’existait pas de solution miracle pour la maladie de Kagura. La vérité, c’est que nous pouvions seulement retarder ce moment.

Mais nous étions tous dans le dénis.
J’abandonne tout le monde pour partir à la recherche de Ren. Je tiens à le remercier pour ce qu’il a fait. Je cours dans les couloirs pour arriver devant l’entrée où je le retrouve.

—Ren !

Quand il se retourne pour croiser mon visage dévasté, il lâche son sac pour venir me prendre dans ses bras. Ren n’a aucun mal à me soulever pour me serrer fort contre lui et pleurer à son tour. Je sais à quel point Kagura occupait une place importante dans sa vie alors la voir mourir sois ses yeux a du le traumatiser.

TROP GRAND POUR MOI ! (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant