Épisode 38.

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—Oh, euh… salut.

Je tombe nez à nez avec Hirato qui vient d’arriver au restaurant. C’est  la première fois qu’on se revoit depuis notre rupture et lui parler me fait bizarre. Même s’il est là pour rejoindre Ueto-san, je… je suis heureux de le revoir. Il me salue tout de même d’un geste à la main, préférant garder ses distances. Je baisse la tête pendant que je nettoie un verre en pensant à l’amitié que j’ai perdue. Par le passé,  je me souviens d’un garçon souriant, toujours  prêt à mettre de l’ambiance. Aujourd’hui, notre relation à briser ce que nous avons construit.

Je sais que je lui ai fait beaucoup de mal et comme je m’en veux. J’aimerai pouvoir m’excuser, lui dire combien je suis désolé mais ce serait mal venu. Je veux dire… mes excuses ne changeront rien.

Heureusement, Ueto-san est à ses côtés pour prendre soin de lui. S’il est heureux, alors je n’ai pas besoin de plus pour me sentir un peu apaisé.
Ce soir, il n’y a pratiquement aucun client au restaurant. Il faut dire, tout le monde est pris par les fêtes de fin d’année. Noël approche à grand pas et c’est toute la capitale qui rayonne sous mes lumières artificielle de la ville. À quand remonte mon dernier Noël en famille ? Je ne sais plus. Voilà bien des années que je n’ai pas parlé à ma famille.

—Regarde Teito !

Ma collègue me tire par le bras pour attirer mon attention.

—L-Lâche mon bras !

Elle possède une force herculéenne pour une fille de son gabarit. Mais en relevant les yeux sur la fenêtre, je constate qu’il neige à l’extérieur. Chaque année, je passe Noël seul. Là encore, j’ai prévu le même rituel : au chaud à la maison, je regarderai dès feuilletons à l’eau de roses devant un bon chocolat chaud. On devait le passer pour la première ensemble avec Hirato, mais je suppose que même ça, je ne pourrais pas.
Je devrais au moins acheter un cadeau pour Magaly-chan.

—Tu vas fêter Noël en famille ?

Elle ne se rend pas compte de sa question, mais je ne peux lui en vouloir. Elle n’y est pour rien. Malheureusement, je n’ai plus aucun contact avec mes parents, ni même Kagura. En plus d’avoir perdu Ren ce jour là, je n’ai plus de famille.

—Ma famille habite loin d’ici, lui mens-je. Ce… Ce ne sera pas pour cette fois là encore.

Comme chaque année, je trouve un prétexte pour ne pas lui dire la vérité. Mais qu’est-ce que je peux répondre à ça ? Ce n’est pas comme si je pouvais lui raconter que j’aimais les hommes et que ma famille m’a rejeté. Je préfère encore lui mentir plutôt que de revivre ça. Mais qu’à cela ne tienne, cela fait cinq ans que je vis cette situation, je me suis fait une raison

—Et toi, que vas-tu faire ?

Ma collègue tourne sur elle-même avant de placer ses mains dans le dos.

—Je vais passer Noël avec mon petit ami, dit-elle souriante. Je suis désolée Teito si ma question a été… maladroite.

Je ris en me tenant le ventre. Je n’ai certainement pas envie d’être pris en pitié, alors je préfère rire pleurer. Et sur cette bonne ambiance, nous terminons  notre service.

Je quitte le restaurant peu après la fermeture et salue  ma collègue qui rentre en voiture avec son petit ami. Quand Ueto-san me propose de me ramener, je refuse. Je préfère qu’il passe du temps avec Hirato, je n’ai pas spécialement envie de tenir la chandelle dans la voiture,  et puis j’aime bien marcher au milieu de la neige.

Quand nos chemins se séparent, j’emprunte une petite ruelle qui donne directement sur le centre ville, les mains dans les poches. La capitale est magnifique ce soir. J’aime tout particulièrement cette ambiance chaleureuse. Il y a tout une foule de gens qui passent à côté de moi : des enfants qui courent et des couples qui marchent main dans la main. Quand je vois des groupes de lycéens, je repense à mes amis.

Face à une petite boutique de bijoux, je réalise que je n’ai toujours pas touché mon salaire alors très vite, j’abandonne vite l’idée de  prendre un cadeau à mon amie. J’espère que Magaly-chan ne m’en voudra pas trop mais ma situation financière ne me permet pas d’acheter quelque chose d’aussi coûteux. Je suis définitivement un incapable. Je décide de poursuivre ma route seul, sous la chute de neige.

***

Sur le chemin, je tombe sur une bande de voyous. En me voyant, ces hommes décident de m’interpeller. Ils sont trois et semblent plus jeunes que moi. Physiquement, je ressemble à une fille et mes traits fins les trompent. Je tente de les éviter en les ignorants mais l’un d’eux se met devant moi pour me couper la voie. Bordel, il empeste l’alcool.

—Allons ma jolie, ne fais pas ta timide. On va bien s’amuser tous les quatre.

Quand il pose sa main sur mon épaule, je vois rouge. J’ai toujours su me défendre et décide d’agir rapidement avant que les choses s’aggravent. J’attrape cet enfoiré par le bras et le retourne pour le jeter au sol. Surpris par ma force alors que je suis petit, il reste par terre sans bouger. Mais je n’ai pas prêter attention à ses deux amis qui me sautent dessus pour me bloquer. Ils m’assènent de violents coups au visage avant de retirer mon écharpe et de déboutonner mon manteau. Personne ne peut nous voir et nous entendre dans cette ruelle où la neige continue de tomber.

—Lâchez moi !

L’un d’eux passe ses mains en dessous de mon haut pour me faire des attouchements. Je tente de me débattre en bougeant les bras et les jambes mais ils me tiennent avec force pour m’immobiliser. Les genoux à terre, je ne peux pas me défaire. Les ordures, ils défont la boucle de ma ceinture. Mon cœur s’arrête quand l’un d’entre eux s’approche de moi. Je tente de tourner la tête mais il me maintient le visage avec force.

—Reste tranquille et tout va bien se passer.

Puis soudain, l’un d’eux prend un violent coup de sac à main dans le visage. Assommé, il tombe par terre,  enseveli par la neige.

—C’est qui cette pétasse ?!

Avec la nuit et le peu d’éclairage, de ce recoin je ne vois pas son visage. Mais il s’agit d’une silhouette féminine qui agite sa main en tenant son téléphone.

— J’ai appelé la police, la police.

Effrayé, les voyous ramassent leur ami et prennent la fuite. Je peine à me relever et me fais aider par cette mystérieuse femme. Je devine rapidement qu’elle n’a pas réellement appelé la police, c’était surtout un moyen ingénieux de faire peur à ces hommes.

—Est-ce que tu vas bien !?

Aha, je crois que… que ces enfoirés ne m’ont pas raté. Je m’effondre par terre, incapable de bouger.

—Eh toi, tiens bon ! Je vais te conduire à l’hôpital !

TROP GRAND POUR MOI ! (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant