Quand l'amour et l'amour se rencontrent

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« We all need that someone who gets you like no one else

Right when you need it the most

We all need a soul to rely on, a shoulder to cry on

A friend through the highs and the lows. »

Alone part 2 - Alan Walker

          Je me réveillai ce jour-là avec un mal de tête atroce. Et non, cela ne venait pas du fait que je m'étais redressée subitement, me cognant malencontreusement la tête au plafond. Celui-ci descendait juste au-dessus de mon lit, ma chambre se situant sous les combles de la maison.

Je repoussai ma couette pour ne pas étouffer de chaleur et me dirigeai d'un pas trainant dans la salle de bain à l'autre bout de la pièce. Comme chaque jour, lent, inutile et lassant, je me préparai pour partir au lycée, encore dans les vapes.

J'entendis résonner le réveil de mon frère, Alex, de l'autre côté du mur. S'en suivit un fracas monumental signifiant probablement que l'appareil n'était plus de ce monde.

Alex avait dix-huit ans depuis près de cinq mois, nous étions tous les deux en terminale au lycée Simone Weil. C'était un garçon très calme, d'environ une tête de plus que moi. Ses yeux bruns, assortis à ses cheveux, lui donnaient un air ténébreux qui me faisait souvent rire et donnait lieu à beaucoup de chamailleries. Il avait pourtant acquis ce regard-là trois ans plus tôt, durant une période peu réjouissante de notre vie, qui ne donnait lieu à aucun badinage entre nous. Déstabilisé par les tragiques événements, ses notes avaient dégringolé jusqu'à son redoublement.

Égoïstement, j'étais contente de l'avoir chaque jour près de moi dans les couloirs parfois sombres du lycée. Pourquoi ? Parce qu'il ne me restait que lui depuis la mort de nos parents.

          Nous vivions tous les deux chez notre tante, Noémie, que j'aurais pu appeler « tata chérie d'amour » si je m'étais réveillée un tantinet plus sarcastique.

Noémie avait été désignée comme notre tutrice légale à la mort de nos parents. Notre relation s'était fortement dégradée depuis l'accident et malgré la promesse que je m'étais faite de respecter le choix de mes parents, j'arrivais de moins en moins à accepter son comportement sans broncher.

Sa dernière folie avait été de me pousser dans les bras du fils de sa meilleure amie, Antoine Lacombe, pour l'empêcher de succomber sous l'effet d'une hypothétique dépression chronique qui le suivait, soi-disant, à la trace.

Antoine s'était amouraché de moi, s'accrochant à ma personne comme à une bouée de sauvetage qu'il n'hésiterait pas à enfoncer sous l'eau si ça lui permettait de garder la tête à la surface. Noémie avait passé des mois à me travailler au corps et à me menacer de tout et n'importe quoi pour que je cède. À ma plus grande honte, elle avait fini par gagner quand j'avais accepté, il y a un an environ, de laisser une chance à Antoine.

Évidemment je m'en mordais aujourd'hui les doigts, coincée dans cette situation sur laquelle j'avais parfois l'impression de n'avoir aucune emprise.

          Antoine était ce que l'on pourrait appeler un « gros dur du lycée » : populaire, sportif, beau, adulé, mais qui, lorsqu'on lui cherche des embrouilles, préfère répondre par la force plutôt que de trouver un terrain d'entente... macho et peu réfléchi. Un stéréotype tout droit sorti des séries américaines. Une personne à l'opposé des valeurs qui comptaient à mes yeux.

J'avais conscience que ça ne pouvait plus durer et je réfléchissais depuis un bon moment au moyen de mettre un terme à cette mascarade sans m'attirer trop de problèmes. J'en étais venue à la conclusion qu'il n'y aurait pas de solution miracle. Le mieux que j'avais à faire, pour mon bien être personnel, était de miser sur la franchise et de rompre avec lui le plus rapidement possible.

ImpossibilitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant