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« Seems like everything we knew
Turned out were never even true
Don't trust, things will never change
You must be dreaming »

Some Say — Sum 41

          Je passai le reste de la journée à l'éviter : tâche plutôt difficile quand celui que vous souhaitez fuir se trouve être votre voisin de paillasse la quasi-totalité du temps. Le pire dans tout ça c'est que je ne lui en voulais absolument plus. Je me sentais mal à l'aise et je n'avais qu'une envie : celle de lui dire qu'il avait eu raison sur toute la ligne et que je m'excusais !

Il m'avait de son côté demandé pardon trois fois avant d'abandonner et de garder le silence... et pire que ses pardons, son silence me glaçait et me faisait culpabiliser un peu plus.

J'étais trop orgueilleuse, je me sentais trop humiliée pour lui avouer ce qu'il se passait réellement dans ma tête et par-dessus tout j'avais peur des représailles. Tant que William était dans le doute j'avais peut-être une chance pour qu'il ignore mon ex et qu'Antoine nous fiche enfin la paix.

          Dès que la dernière sonnerie de la journée retentit, je me précipitai dehors pour respirer l'air frais, bousculant plusieurs personnes sur mon passage.

Les bus scolaires s'agglutinaient déjà sur le parking attendant patiemment que les élèves n'embarquent.

Je cherchai un moment mon frère du regard avant de l'apercevoir un peu plus loin marchant en direction de sa voiture. Il monta dans le véhicule, je le rejoignis en moins de deux et attachai ma ceinture tandis qu'il me fixait avec étonnement.

— Tu fuis quelqu'un ou quoi ? demanda-t-il.

            Pour toute réponse, je lui tirai la langue avant de rigoler. Mon frère fut rassuré par ma bonne humeur et démarra la voiture. J'entendis ses pneus crisser sur le goudron avant que l'auto ne détale.

Je me forçai à regarder dehors pour cacher mon sourire qui faisait de plus en plus faux à mesure que les secondes avançaient. Alex ne tarderait pas à remarquer que j'étais loin de me sentir aussi bien que je ne le laissais paraître.

« C'est juste passager, demain tout ira mieux ».

Le paysage défilait devant mes yeux à la vitesse d'une fusée, le rendant irréel et abstrait, me donnant l'impression me trouver loin, bien loin de la voiture. Toujours enfermée dans un coin de ma tête, je remarquai à peine notre entrée dans le garage de Noémie.

Le silence du moteur coupé me fit redescendre sur terre. Je repris mes esprits, remerciai mon frère et saisis mon sac avant de sortir de l'automobile. C'est toujours aussi tiraillée, entre questions et épuisement, que j'entrai dans la maison.

« Tu aurais dû lui parler », n'arrêtais-je pas de me répéter.

Pourquoi m'étais-je ainsi braquée, pourquoi avais-je cherché à m'autoprotéger face à lui ? Je n'avais aucune raison surtout qu'il m'avait sauvé la vie... bon d'accord, il m'avait empêché d'avoir des bleus supplémentaires, mais c'était le premier à le faire et ça représentait énormément.

Il fallait que je le voie, tout de suite, avant d'avoir tout gâché. Je me dirigeai à grands pas vers la porte d'entrée, prête à exécuter mon plan, lorsqu'un hurlement me stoppa net.

Deux pièces plus loin, Noémie venait de lâcher un cri strident qui résonna dans toute la maison.

« Elle a d'autres plans pour toi ma vieille... »

— SARAH CARTIER ! VIENS ICI TOUT DE SUITE !

          Je soupirai de lassitude en me portant jusqu'à la cuisine d'où étaient provenues les vociférations de ma tante.

ImpossibilitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant