Don't cry, snowman, not in front of me
Who'll catch your tears if you can't catch me, darling?
If you can't catch me, darlingDon't cry, snowman, don't leave me this way
A puddle of water can't hold me close, baby
Can't hold me close, babySnow Man - Sia
Je n'ai jamais aimé Noël, c'était pour moi le symbole même de la solitude. La neige, tombant doucement et aspirant la moindre sonorité de son manteau, me semblait anxiogène : elle éloignait les murmures de mes parents, elle renvoyait le rire de William dans les tréfonds inaccessibles de ma tête où il semblait encore hurler pour survivre.
Noël était peuplé de rires d'enfants, des rires de l'enfant que je n'étais plus depuis longtemps... Noël était une réunion de famille, une réunion de fête... ma famille n'était que cauchemars sans cotillons ni paillettes. J'étouffais, j'étouffais tellement de voir le bonheur des gens. J'avais le cœur déchiré de leurs absences, de son absence, et il saignait sans s'arrêter sans même que je m'en rende compte. Mes sourires le cachaient à la perfection, les gens n'y voyaient que du feu, tout le temps. Et j'étais parfois fatiguée de ce feu constant. J'aurais parfois aimé qu'il s'éteigne pour enfin laisser apparaître les cendres de mon esprit calciné.
Et pourtant, pourtant... Julie avait redonné du soleil à ces festivités. Le jour où je l'avais rencontrée, elle avait offert une nouvelle chaleur à mon univers et j'avais essayé, chaque jour de l'avent, de la laisser m'inonder de joie face aux illuminations, j'essayais de m'inspirer de son envie de rêves et de cadeaux. Je la laissai m'embarquer dans des journées shopping sans fin pour trouver le cadeau parfait, sans savoir que sa chevelure solaire me rappelait celle d'une autre amie... Le shopping avait toujours été Kate... Noël avait toujours été l'Angleterre, le feu de la cheminée, les cookies de chez Ben's et les bras de William...
Noël était mort en même temps que mes parents. Il avait sifflé plus vite que la balle du fusil qui avait transpercé Andy. Noël n'était-il pas de rouge vêtu ? Du même manteau qui avait inondé le corps de William quand il glissait sur le sol ?
Et pourtant, pourtant... il y a toujours de l'espoir. Et pourtant, pourtant... on devait toujours y croire. Et pourtant, pourtant... on s'en sort toujours. Et pourtant, pourtant... la roue tourne plus vite que le temps...
J'avais envie de lui parler, j'avais besoin de lui parler... de tout, de tout ce qui s'était passé... de tout ce que je ressentais... mais il s'était verrouillé à double tour dans les fossettes protectrices de son sourire menteur et ne me laissait pas entrer. Ce sourire que je connaissais bien pour user du même, celui qui nous incitait à croire qu'il ne souffrait plus, qu'il ne souffrait pas. Ce sourire qui empêchait les gens de lui poser des questions. Alors qu'au fond je savais. Je le savais. Si je parlais, il risquait de s'effondrer.
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Impossibilité
RomanceJe savais que lier mon destin à ce garçon risquait de le mettre en danger mais, sans que je ne sache pourquoi, tout dans mon corps me criait qu'il était ma destinée. Mes visions et la violence de ma vie avaient beau essayer de m'éloigner de lui, no...