Hello Nightmare

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« Release your curse
'Cause I know my worth
Those wounds you made are gone
You ain't seen nothing yet
You're not worth it. »

Good Enough — Little Mix

          Les journées qui suivirent se passèrent à une vitesse hallucinante. Will reçut visite sur visite, chacun lui posant des tonnes de questions sur son état, lui demandant s'il avait besoin d'un verre, d'un coussin ou d'un ventilateur.

Je le regardais ronchonner en rigolant doucement. Toutes ces questions le saoulaient plus qu'autre chose, parce qu'il avait l'impression de ne rien pouvoir faire tout seul.

Lorsque Marie Lewis et Katty lui laissaient cinq secondes de répit, un élève du lycée débarquait pour prendre de ses nouvelles.

Parfois, je le surprenais en train de râler ou de faire semblant de dormir pour échapper aux visiteurs, mais chaque fois que nous étions tous les deux il retrouvait bizarrement toute son énergie.

— Tu es la seule qui ne me prend pas pour un assisté, n'arrêtait-il pas de me dire.

             Je lui expliquais que ses proches agissaient ainsi pour son bien, pour ne pas qu'il se fatigue, ce qui l'énervait encore plus. Il était trop têtu pour avouer que leur attitude le touchait, parce qu'elle le touchait, et parce qu'il savait au fond de lui qu'il avait besoin d'aide.

Il lui fallut deux semaines avant de recouvrer la quasi-totalité de ses fonctions motrices. Ses cicatrices l'élançaient toujours, mais il redoublait d'efforts pour ne pas y penser afin de retrouver au plus vite son indépendance.

Le personnel de l'hôpital passait son temps à le reprendre quand il faisait un geste trop brusque ou marchait trop longtemps, mais le diable avait compris qu'un sourire angélique lui permettait d'obtenir tout ce qu'il voulait : y compris de la tranquillité.

Je me retenais chaque fois de rigoler face à son petit manège même s'il avait lui-même parfois du mal à garder son sérieux : ça aurait fini de le vexer.

William avait d'ailleurs dû user de ce stratagème et offrir sa plus belle moue aguicheuse à sa mère lorsqu'elle lui avait parlé de l'état dans lequel était l'appartement. L'évocation détournée de cette soirée m'avait fait froid dans le dos et j'avais souffert d'apprendre en détail le désastre qu'avait causé William après mon départ. Alors que Marie lui passait un savon, ce dernier n'avait cessé de me jeter des regards en biais pour intercepter ma réaction.

Il est clair que nous devrions avoir une discussion, mais pour le moment rien ne comptait plus que son rétablissement et depuis que Will s'était réveillé la bonne humeur régnait chaque jour sans que rien ne vienne l'entraver.

Le mauvais temps attendrait.

          Deux semaines s'écoulèrent encore avant que les infirmières ne prennent note des supplications de William qui se disait prêt à rentrer chez lui.

Je le sentais me suivre du regard tandis que je rassemblais ses affaires. Il ne comprenait pas que je ne le laisse pas faire, mais il ne broncha plus une fois qu'il eut compris que je les bouclerais plus rapidement que lui et qu'il pourrait ainsi rentrer plus vite. Mais le garnement s'ennuyait alors il s'approcha de moi et passa ses mains sous mon T-shirt, appuyant sans faire exprès sur un des bleus persistants qu'Antoine m'avait faits.

Un gémissement de douleur m'échappa et je portai automatiquement ma main à la bouche pour le faire taire et ne pas alarmer William. Absolument pas dupe, il souleva l'habit pour mieux voir ma blessure. Son regard s'assombrit quand il remarqua la couleur jaune et violacée de ma peau, mais il n'eut rien le temps de dire, car Marie Lewis entra en trombe dans la chambre.

ImpossibilitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant