Cimetière

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« For every step in any walk
Any town of any thought
I'll be your guide

For every street of any scene
Any place you've never been
I'll be your guide »

U-turn (lili) — AaRON

          L'après-midi passa à une lenteur infernale. Les heures de cours défilaient sans jamais s'arrêter, comme si les horloges, en pleine révolution, avaient décidé de ne plus fonctionner.

Je sentais la présence de Will à côté de moi sans oser le regarder comme si mes yeux pouvaient le faire disparaître, comme si le mouvement de ma tête pouvait le faire partir, comme s'il n'était qu'un rêve merveilleux capable de s'évaporer au moindre faux pas.

J'avais enfin réussi à canaliser mes visions qui ne faisaient qu'empirer au fil des heures. Ayant pris du recul je pouvais enfin essayer de les analyser, de les comprendre.

Elles semblaient défiler de façon illogique, entremêlées entre imagination et souvenirs. Elles sonnaient comme un avertissement, répondant à la force invisible qui m'avait rendu visite plus tôt dans la journée et qui avait depuis refusé de me quitter.

Je n'avais jamais cru au destin, à la fatalité et encore moins au karma, pourtant, ce jour-là, j'eus l'horrible impression que toute ma vie était tracée et que ces images embrouillées n'étaient autres que le dessein de mon avenir entortillé dans un passé que j'aurais souhaité oublier.

           La dernière sonnerie de la journée tinta enfin. Je me dirigeai vers la table d'Antoine pour lui dire à demain.

Mécaniquement, je quittai la pièce Will sur les talons. J'attendis d'être à l'extérieur pour me retourner, me retrouver face à lui et le serrer contre moi. Il me répondit avec chaleur laissant sa main vagabonder le long de mes hanches.

Doucement, il saisit ma main et m'indiqua d'un mouvement le parking du lycée. Je hochai la tête pour lui répondre et suivis sa trace jusqu'à la voiture de mon frère.

Nous prîmes place à l'arrière de l'auto laissant égoïstement mon frère jouer le taxi. Il râla un instant, mais ne persista pas, il savait pertinemment que nous avions besoin de nous retrouver.

Il m'était de plus en plus difficile de cacher notre histoire et ces moments de repos, près de lui, sans se soucier du reste, devenaient de plus en plus nécessaire à mon bien être. Je me laissai tomber contre son épaule et fermai les yeux. Rapidement, le silence se fit dans l'auto, presque pesant. Pour mon grand bonheur, William finit par le briser.

— Comment te sens-tu ?

— Je vais bien, je commence à m'habituer à leur présence.

— Qu'est-ce que tu as ? demanda Alex.

            Je vis, au travers de son rétroviseur, ses sourcils se froncer. Son front se plissa sous la pression des muscles de son visage faisant miroiter jusqu'à moi sa profonde inquiétude.

Un duel silencieux débuta ainsi entre mon frère et moi, lui attendant des explications, moi, tétanisée par l'incompréhensible dysfonctionnement de mon cerveau, incapable de répondre.

William nous regarda tour à tour sans comprendre le discours muet se déroulant sous ses yeux déroutés.

Finalement, lassé de notre comportement, il répondit à ma place.

— Si j'ai bien compris, Sarah serait assaillie par des images, des sortes de flashs. Elle pense qu'il s'agit de bouts oubliés de son enfance, sauf que je suis dedans ce qui n'a aucun sens. En bref, un vrai casse-tête que nous allons devoir résoudre.

ImpossibilitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant