Impossibilité

La fille du miroir

« Your lies are bullets
Your mouth's a gun
And no war and anger
Was ever won
Put out the fire before igniting
Next time you're fighting

Kill 'em with kindness »

Kill 'em with kindness – Selena Gomez

          Le reste du week-end passa à une vitesse affolante : avec Julie on ne s'ennuyait jamais. Quoi qu'il arrive, qu'il fasse beau ou mauvais, chaud ou froid : elle trouvait toujours quelque chose à faire ou à dire. Même dans le silence le plus total il était possible de prendre un fou rire rien qu'en la regardant s'activer.

Mes visions me lâchèrent un peu, permettant à mes muscles, trop longtemps sous tensions, de se relaxer.

Ce fut deux jours de détente totale.

Malgré tout, une part de moi rêvait d'avancer le temps, ne serait-ce qu'un instant, pour revoir son visage.

D'un autre côté, j'allais devoir affronter un tas de péripéties avant de le retrouver : quitter Julie, marcher jusqu'à chez moi et surtout, revoir Noémie.

Mais, je m'étais préparée à ces instants déplaisants et rien ne semblait pouvoir troubler ma plénitude actuelle.

C'est ainsi que, lorsque dimanche soir arriva, je harcelai Julie de remerciements sans penser un seul instant aux moments désagréables à venir.

Je vous le dis, cette fille avait des pouvoirs magiques tout droit sortis de Poudlard, une potion de bonheur cachée dans sa façon d'être.

          À ma grande surprise, Noémie ne m'accueillit pas à mon retour. Je retrouvai seulement mon frère, avachi dans le canapé du salon.

Je contournai lentement le divan, l'effleurant du bout des doigts au passage, pour venir m'asseoir à ses côtés.

— Salut ! Alors, ton rendez-vous ? le questionnai-je innocemment.

— Génial, Lucie a le don de faire passer le temps très vite !

— Je connais ça ! Mais, que dois-je en conclure ?

          Je tournai instinctivement la tête pour sonder sa réaction. Excitée, je croisai mes mains sur mes genoux prêtes à lui tirer les vers du nez.

— Tu dois en conclure que je n'ai pas dormi de la nuit vendredi, me répondit mon frère se dirigeant lâchement vers sa chambre.

          Je lui courus après, agacée. Il allait bien finir par tout m'avouer le bougre !

— Allez, Alex ! Dis-moi ! S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait !

— Mais qu'est-ce que ça peut...

— S'il te plait ! S'il te plait !

           Je le coupai en plein élan de justification, prête à ne pas le lâcher. Il allait tout me dire, je m'agripperais à ses jambes et le laisserai me trainer par terre s'il le fallait.

Quoi qu'il en soit, je finirais par savoir ce qu'il en était de lui et de Lucie.

— T'es bien une fille toi...

          Je me regardai de haut en bas, m'attardant sur les courbes les plus subjectives de mon corps avant de confirmer son propos en rigolant. Mais voyant qu'il utilisait ma plaisanterie comme parade, je lui saisis les deux bras, fermement, pour l'empêcher d'esquisser un geste.

— Bon d'accord.

— D'accord quoi ?

— Je suis en couple avec Lucie, tu es contente ?