Je comprends tout à fait qu'Ève ait craqué !

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« Cause you know it's been a long time coming
Don't you let me fall
Oooh, when your lips undress me
Hooked on your tongue
Oooh love, your kiss is deadly
Don't stop »

Señorita Camila Cabello et Shawn Mendes

           Les bras de mon petit ami, glissés autour de ma taille, firent fuir les cauchemars qui auraient dû peupler ma nuit. Mon sommeil fut long et apaisé : il n'en avait pas été ainsi depuis une éternité. Seule une douce noirceur me berça obscurcissant la moindre gouttelette de sang rougi qui aurait voulu, par audace, percer mon esprit.

Paisible, j'aurais pu rester prisonnière d'un sommeil infini, prête à battre le record de la Belle au bois dormant. Mais, la part de moi toujours aux aguets sentit une légère caresse parcourir la peau de mon bras.

Guidée par mes frissons, je revins doucement, tout doucement, à la réalité. Avant même que mes paupières ne s'entrouvrent, mes lèvres cherchèrent la source des agréables sensations parcourant mon corps. Je me retournai, à demi endormie, et posai ma bouche sur des doigts d'une grande douceur. J'attardai mes baisers sur la paume de main invisible, la capturant au passage. Puis, papillonnant un instant, mes yeux s'ouvrirent face à un immense sourire.

Les cheveux en bataille de William lui donnaient un côté sauvage qui infligea une accélération forcée à mon cœur. Sans prêter attention à l'inflammation soudaine de mon visage, il resserra son étreinte autour de mon corps et plongea sa tête dans ma chevelure à l'orée de mon oreille.

— Tu as bien dormi ? me susurra-t-il.

          D'humeur taquine, je me reculai légèrement, mes jambes toujours entremêlées aux siennes, le visage à quelques centimètres de ses lèvres.

— De quelle partie de la nuit parles-tu ? Celle où j'ai failli me transformer en ribs caramélisées ?

           Ne répondant pas tout de suite, il combla l'espace entre nous pour me suçoter délicatement la lèvre inférieure. Un frisson, que je tentai de cacher, parcourut mon échine.

— Celle où tu as enfin pu dormir avec le plus bel homme existant sur terre.

         Mon cœur eut un raté que j'essayai au mieux de masquer. S'il pouvait deviner l'effet qu'il avait sur moi, il risquait de voir ses chevilles enfler à en éclater. Pour son bien, je feignis d'hésiter et levai les yeux au plafond.

— Oui, cette partie de la nuit était super ! D'ailleurs tu ne saurais pas où il est parti ? l'embêtai-je.

          Sa fierté en prit un coup. Il afficha une mine boudeuse irrésistible, déçu par ma réaction.

— Je plaisante mon amour. Tu es le plus beau des petits blondinets arrogants que je connaisse.

            Je lui pinçai légèrement les joues pour qu'il lâche enfin le fou rire qu'il semblait réprimer depuis le début de la discussion. Bingo ! Une fois de plus, sa joie de vivre persistante me percuta de plein fouet.

Mais, je repris quelque peu mes esprits quand mon regard tomba sur son réveille-matin.

— On est bien vendredi ? m'écriai-je tout à coup.

          Complètement à l'ouest, William ne prit même pas la peine de confirmer.

— Tu viens de casser l'ambiance, grommela-t-il.

          Exaspérée, je le secouai dans tous les sens.

— On vient de rater une matinée entière de cours Will, il est déjà midi ! Mon frère va me tuer !

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