Je tiens plus à toi que tu ne le crois

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« I wait here forever just to,
To see you smile
Cause it's true
I am nothing without you

Through it all
I've made my mistakes
I'll stumble and fall
But I mean these words

I want you to know
With everything, I won't let this go. »

With Me — Sum 41

            Je gardai les yeux clos, laissant la bride de tranquillité et de calme, que me procurait mon semi-sommeil, m'emporter.

Je serais restée allongée des heures comme ça, loin de l'obscurité, mais tout de même en dehors de l'existence. Un univers transitoire bercé par le mécanisme de ma respiration. J'étais bien, ainsi, loin de tous les cauchemars qui teintaient mes nuits, mais en même temps soutirée à cette réalité trop dure à supporter.

Plus les secondes passaient et plus je m'éloignais de cette passerelle reliant le jour et la nuit. Petit à petit, je m'avançai vers le rivage et reposai pied sur les berges du monde réel dont tous les problèmes m'affligèrent immédiatement de mille et une questions.

J'avais beau contorsionner mes soucis dans tous les sens que me le permettait mon esprit, une seule issue semblait envisageable, me frappant de plein fouet, sans répit pour mon cœur : le mensonge.

À mon plus grand dégoût, j'allais devoir mentir effrontément à un ami proche, à des amis proches.

Que dirait Julie quand elle me verrait arriver au bras de mon ex ? Je savais qu'elle m'en voudrait, ils allaient tous m'en vouloir.

J'allais me briser comme un miroir, reportant une fois de plus mes sept années de malheur.

J'aurais voulu m'enterrer de nouveau sous ma couette, rester au chaud, loin des regards et ne jamais sortir de mon trou. M'enfoncer un peu plus loin dans les couvertures et retrouver la plénitude. Je fermai les yeux de toutes mes forces pour cesser de penser, mais tout ce que je réussissais à voir était le visage d'Antoine.

Prise d'un haut-le-cœur, je me précipitai dans la salle de bain avant de régurgiter toute ma peur, ma colère et ma honte dans l'évier.

Tentant de calmer mes pleurs et mes sursauts machinaux je rinçai avidement ma bouche, puis l'évier avant d'en frotter mécaniquement la céramique à l'aide d'une éponge.

Appuyée sur le rebord du lavabo enfin propre, je fixai mon regard dans la glace avant de cesser de pleurer. Je redressai mon visage, dans un élan de courage et essuyai de mes joues toute trace de tristesse.

Préparant mon rôle je me forçai à sourire. Quand ce sourire me parut convaincant, je me dirigeai vers mon placard empoignant les premiers habits qui me passèrent sous la main, prête à supporter l'insupportable.

Lorsque j'arrivai en bas de l'escalier je vis qu'un petit déjeuner plus qu'alléchant et une table fleurie m'attendaient.

— Qu'est-ce qu'on fête ?

            Ma tante sortit de la cuisine, elle portait un tablier taché aussi niais que son sourire forcé. Je regrettai immédiatement mes paroles.

— Je n'ai pas faim, navrée, lui répondis-je en battant des cils. Je vais plutôt y aller, je ne voudrais pas arriver en retard !

            Je me dépêchai de saisir mon sac avant que ma colère ne prenne le dessus. Son comportement m'insupportait, si j'avais pu je l'aurais remise à sa place, j'avais envie d'apaiser ma haine qui ne cessait de prendre de l'ampleur au fil des jours, il fallait que je me contrôle.

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