A trip in England

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« We were victims of the night,
The chemical, physical, kryptonite
Helpless to the bass and faded light
Oh we were born to get together,
Born to get together. »

Shut Up And Dance - Walk The Moon

          Folle d'excitation à l'idée de quitter la France pour les vacances, j'avais affiché un grand calendrier dans le salon de William. Chaque jour, j'en cochais les cases, le sourire aux lèvres et une tonne de rêves en tête.

J'allais enfin visiter Londres, une ville que me semblait dingue et tellement différente de ma bourgade natale. J'en imaginais les couleurs, les écrans immenses encadrant une rue pleine de monde, la musique dans les parcs, le palais gigantesque et impressionnant de la reine Elizabeth II.

Complètement obnubilée par ce voyage, par ma future rencontre avec la famille de William, par ma prochaine immersion dans son monde, j'en avais presque oublié les examens. Que voulez-vous? Personne n'est parfait et mon défaut numéro un était celui de m'éparpiller.

Euphorique, je me réveillai aux côtés de mon ange, après une douce nuit bercée de songes aux allures de romans fantastiques. Comme chaque matin, émerveillée par la beauté de mon blondinet, je ne me sentis pas à ma place, banale à en crever. Puis il ouvrit les yeux, laissa ses iris caresser ma peau et en un battement de ses longs cils, je devins la plus belle fille que ce monde ait créée.

          Avant que mon esprit ne dérape et que mon cœur ne se lance dans une danse folle, j'éjectai la couette loin de moi et courus presque jusqu'à la douche pour calmer mes ardeurs. Oui, voilà, une bonne douche glacée, c'est tout ce qu'il me fallait.

Je ne pouvais m'empêcher de rougir et de frissonner face aux idées impures qui m'enrobaient soir et matin à ses côtés. Sachant que je profitais de l'hospitalité de sa famille, sans même la connaître, et ce depuis plusieurs mois, ces pensées me dérangeaient parfois un peu.

Que dirait ma mère si elle savait que sa fille de dix-sept ans vivait déjà chez son mec ? OK, question stupide, si ma mère était encore là je n'aurais pas à vivre chez William.

Peut-être aurais-je dû accepter la proposition de Julie et aller chez elle ? Cela n'aurait-il pas été plus respectueux vis-à-vis de la famille de mon petit ami ? Enfin, si ça posait vraiment problème, Will me l'aurait dit, non ?

Secouant vigoureusement la tête pour obliger mon esprit à cesser de s'empêtrer dans d'infinis « si » sans finalité réelle, j'enclenchai la douche, courageusement, prête à affronter l'eau glacée qui allait immerger mon corps d'une seconde à l'autre.

J'étais un peu trop confiante, si bien que je hurlai dès le premier contact avec les gouttes gelées et éloignai instantanément le pommeau de douche de ma peau, déjà en chair de poule.

— OK, c'est bon, je suis suffisamment refroidie, marmonnai-je pour moi-même.

            J'augmentai la température, l'eau bouillonnant presque sur ma peau rougissant à vue d'œil, et soupirai de plaisir.

Voilà qui était mieux.

Une fois embaumée d'une senteur fleur de cerisier, je saisis une serviette propre et douillette pour m'enrouler dedans.

Je défis mes cheveux encore en chignon au sommet de ma tête et rejoignis le salon pour cocher la case du jour. Je saisis mon stylo doré, spécial voyage, pour peinturlurer cette belle journée quand mes yeux s'écarquillèrent d'horreur.

— Mon DIEU, William ! criai-je.

          À l'autre bout de l'appartement, le réveil de mon petit ami se mit à sonner le sortant de ses dernières minutes de détente et de somnolence. Je l'entendis grogner si fort que j'eus un instant l'impression qu'il se trouvait à côté de mon corps tremblant de panique.

ImpossibilitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant