Rien que toi et moi mon amour

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« I'm a sucker for you
You say the word and I'll go anywhere blindly
I'm a sucker for you, yeah
Any road you take, you know that you'll find me. »

Sucker — Jonas Brothers

          Qui aurait pu croire que je ressentirais si rapidement une sensation de bonheur plus intense et durable que celle que j'avais ressentie le jour où je m'étais débarrassée de l'emprise de ma tante. La bonne humeur de Will était décidément contagieuse.

Le temps semblait s'envoler sans que nous ressentions le besoin de nous en soucier et sans qu'aucune « Antoinade » ne vienne le perturber. Il s'écoulait entre nos doigts les maculant d'une pellicule de positivité de plus en plus résistante.

À l'aide de mes proches, j'avais fini par déménager mon bazar personnel chez l'anglais et nous avions petit à petit démarré notre routine. La routine, si douce, calme, prévisible et équilibrée que j'accueillis à bras ouverts.

Je savourais les plaisirs simples de la vie, celui même de ne rien faire et de ne rien redouter, les journées défilant devant mes yeux même lorsque rien ne s'y passait. Je profitais des week-ends sous la couette avec mon amoureux, des heures à bouquiner, des dimanches pluvieux devant une série.

Je me délectais du simple fait d'étudier d'arrachepied pour le bac qui ne tarderait pas à arriver, comme une simple étudiante se raccrochant aux vacances d'été imminentes pour ne pas baisser les bras dans la dernière ligne droite.

L'échéance de l'examen ne m'effrayait pas réellement : j'étais prête. Pour Will et mon frère, c'était une autre histoire. Mon petit ami me harcelait tous les soirs pour que je lui file un coup de main dans les matières plus littéraires qui lui donnaient du fil à retordre malgré son français presque parfait. Je n'avais que peu de nouvelles d'Alex qui passait ses dernières journées enfermé chez Noémie à enchaîner travail de dernière minute et longues nuits caféinées.

Dans quelques semaines, nous terminerions tous le lycée et pourrions enterrer définitivement les sales histoires du passé. Je m'en étais fait la promesse. Will et moi allions bientôt pouvoir nous échapper de cette ville maudite et de ses sombres desseins.

D'ailleurs, mes visions semblaient s'être évaporées pour corroborer ce départ prochain, juste après l'incendie, comme si le sale présage qu'elles annonçaient s'était finalement dissipé. Petit à petit, j'avais arrêté d'y penser et Will avait cessé d'en parler.

J'espérais que le calme serait cette fois-ci définitif, que le dernier échec d'Antoine l'avait effrayé et lui avait servi de leçon. L'éclat de terreur qui avait assombri son regard lors de sa dernière confrontation avec mon petit ami et la sérénité qui était entrée dans ma vie semblaient aller dans ce sens.

Pourtant, un dernier recoin de ma tête refusait de s'endormir, sentant toujours l'ombre de mon ex-compagnon dans les couloirs observant nos mouvements et l'évolution de nos vies sans lui. Mais cette petite voix diminuait au fil des mois, si bien qu'elle n'était plus qu'un murmure.

En ce sens, pleine de bonnes résolutions pour dépenser au mieux ces dernières brides d'énergie négative, j'avais décidé de me mettre au sport. Enfin décidé : aujourd'hui serait le premier jour de la Sarah sportive. Pour combien de temps ? Ceci est une autre histoire que nous éviterons d'évoquer pour l'instant.

Quand j'annonçai à mon petit ami, perdu dans un problème de maths, que je partais faire un footing il releva la tête et me fixa comme s'il avait mal entendu. Fière de moi, j'annonçai avec détermination mon nouvel objectif à l'anglais qui explosa littéralement de rire.

Bien, il se débrouillerait tout seul pour le dernier devoir maison d'histoire afin que je puisse rigoler à mon tour.

— Tu pourrais m'aider à progresser au lieu de te moquer de moi ! le réprimandai-je.

ImpossibilitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant