Impossibilité

Angoisses

« Wishing, praying
All of your dreams come true
Please remember
Where'er you are my heart is with you »

Je t'aime —Sweet Kelly

          Je ne sais pas depuis quand j'attendais dans cette satanée salle d'attente d'hôpital. La seule chose dont j'étais certaine c'est que le temps s'étirait aussi lentement que l'éternité elle-même.

Je restai inexpressive sur ma chaise et fixai le mur en essayant de penser à autre chose. Si mon visage ne laissait rien paraître mon cœur lui battait à tout rompre.

Ça faisait tellement longtemps que nous étions arrivés et que Will était au bloc... tellement longtemps et toujours pas de nouvelles.

Même Alex avait perdu son sang-froid.

Il ne disait rien depuis au moins une demi-heure et ne cessait de faire tambouriner ses doigts sur les accoudoirs de sa chaise, un geste nerveux qui montrait très bien que lui aussi s'inquiétait. Je le voyais jeter des coups d'œil rapide vers la porte où avait été emmené William, à chaque fois il secouait la tête en murmurant des phrases inintelligibles.

Au bout d'un moment, il se tourna vers moi et ouvrit la bouche pour parler. Sa voix était tremblante et affreusement brisée.

— Je suis désolé Sarah, tu ne peux pas savoir à quel point. Je... J'aurais dû arriver plus tôt. William a essayé de m'appeler plus de dix fois d'affilée ce matin, mais j'étais avec Lucie et je n'ai absolument pas entendu ce satané téléphone. Du coup, il m'a laissé un message dans lequel il parlait de la lettre d'Antoine et disait qu'il allait le coincer, que nos parents seraient vengés, qu'il allait se racheter... je n'ai, sur le coup, absolument pas compris où il voulait en venir. Il m'a dit qu'Antoine te retenait en otage et qu'il ne lui restait que cinq minutes pour agir, qu'il ne pouvait pas se résoudre à te laisser. Il m'a dit de prévenir la police le plus rapidement possible... mais je n'ai pas été assez rapide. Je n'ai pas eu son message tout de suite et les flics ne voulaient rien entendre, ils ne me prenaient absolument pas au sérieux... S'il ne s'en sort pas je...

— Il s'en sortira, le coupai-je au bord des larmes. Je sais qu'il va s'en sortir.

          Il était vivant, s'il mourait je le sentirais, non ? Je soupirai un instant avant de reprendre mon calme.

— Ce n'était pas de ta faute Alex. Si je suis là aujourd'hui c'est grâce à vous deux et si tu n'étais pas arrivé Will ne serait plus là à l'heure qu'il est.

            J'avais peur qu'il me réplique une phrase du genre « mais il est là pour combien de temps ? », peur qu'il formule à voix haute cette crainte qui me rongeait la conscience plus rapidement que la balle d'un fusil.

Julie choisit ce moment pour arriver en trombe dans la salle d'attente. Elle courut jusqu'à moi et me serra si fort que je faillis étouffer.

— J'ai cru que je ne te reverrais jamais, murmura-t-elle. Quand Alex m'a appelé pour me dire ce qui se passait... je...

           Je lui rendis son étreinte désespérément, voulant me fondre avec le soulagement qu'elle ressentait, moi aussi j'avais bien cru ne plus jamais la revoir. Sa présence m'apaisa tellement que j'en oubliai les bleus qui me tiraillaient de toute part ne laissant de moi qu'un corps crieur face à la force de l'étau de nos bras.

— Il va s'en sortir, dit-elle à mon oreille. Il est fort Sarah, il va s'en sortir, je te le promets.

          Nous restâmes un temps infini dans cette position, jusqu'à ce qu'une infirmière entre dans la salle d'attente et m'appelle.