Chapitre 21 : Séparation

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Le camp avait été démonté, le gros des provisions empaqueté, et l'expédition était désormais prête à descendre dans la vallée. Le groupe de héros marcha dans les pas de Duncan, suivi par son complice et sa troupe entière qui lui vouait respect et obéissance. Les deux investisseurs, affaiblis par leur âge et leur fatigue, ralentirent la cadence entière du groupe.

A l'extrémité de la file, les deux amis, Arcrate et Vicente, profitaient de l'isolation et du calme pour avoir une petite discussion. Si l'humain était enthousiaste à l'idée de partager un dialogue avec son confrère et ami de toujours, ce dernier évoquait une certaine réticence à parler, mué par une gêne encore illisible pour le garçon.

Arcrate : Ca va Vivi ?

Vicente : O-oui. Toujours. Tu m'connais.

Arcrate : Oui mais tu as l'air pas très enjoué. On dirait que tu me caches quelque chose et que ça te ronge si fort que tu trembles à l'idée d'envisager de m'en parler.

Vicente : Où tu vas chercher tout ça ?

Arcrate : Bah il suffit de te regarder.

Vicente : C'est pas ce que tu crois. J-j'ai juste la chiasse.

Arcrate : Oh ?

Vicente : Ouais ! Ouais complètement. J'ai dû bouffer une baie pas fraîche ou bien une viande avariée parce que j'ai des douleurs dans l'bide, j'ai l'impression de pouvoir expulser une cathédrale entière par mon tr..

Arcrate : J'ai compris, j'ai compris. Pas la peine d'utiliser la poésie naine. Mais... ca va aller ?

Vicente : Bah tant que je serre les fesses et que j'garde les mains sur mon benne, ouais.

Arcrate : J'ai cru comprendre que tu avais vaincu une créature surpuissante hier. Je tenais à te féliciter à ce sujet.

Vicente : Baaah, tu sais, c'est surtout grâce à Mary.

Arcrate : Qui est-ce ?

Vicente : Personne. Bref, je l'ai bien éclaté cette saloperie et c'est le principal.

Arcrate : Je te crois, j'aurais aimé t'aider. Je sais aussi que tu as veillé sur moi presque tout le long de mon rétablissement.

Vicente : Arrête, tu d'viens trop gênant. T'aurais fait pareil pour moi, non ?

Arcrate : Sans aucun doute mais toi tu l'as fait. Et merci pour ça.

Vicente : Bref pourquoi t'en parles ? Tu veux mon secret pour être aussi génial ou c'est autre chose ?

Arcrate : Je voulais surtout savoir si ton dernier combat ne t'avait pas trop affaibli. Il parait que tu as vu du décor après avoir reçu quelques coups.

Vicente : C'est trois fois rien, rappelle-toi les claques du Saint-Père Claudius. Elles faisaient bien plus mal que tout ce que j'aurais pu subir.

Arcrate : Il nous giflait à faire trembler les murs, c'est vrai. Peu importe qu'on pleure, qu'on saigne ou qu'on s'évanouisse, il frappait encore et encore jusqu'à ce que nos mâchoires soient capables de demander pardon en claquant des dents.

Vicente : Je t'avais déjà dit que c'batard m'avait fait sauté une molaire ?

Arcrate : Vraiment ?

Vicente : Ouais, cette crevure avait décidé de passer à l'étape supérieure et me frappait carrément avec un livre de prière.

Arcrate : Qu'est-ce que t'avais fait ?

Vicente : C'était le baptême d'une nouvelle recrue, un peu avant ma nomination comme Garde des Sceaux. J'ai fêté un truc, je sais plus trop quoi, et j'avais gerbé dans l'eau bénite.

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