Les Glands Grillés : Légendes 1 "Les tombes de l'obscurité" (World of Warcraft)

Chapitre 28 : Le dernier plan

Les heures passèrent si vite que l'aube pointa rapidement sur la vallée. Mary, assise et torturée, regardait Vicente respirer lentement, toujours inconscient et blessé. Les premiers soins qu'elle avait mobilisés étaient loins d'être suffisant pour le sauver et à chaque coup d'oeil qu'elle laissait échapper sur son bras, des frissons d'angoisses et de peurs l'étreignaient de nouveau. Pour ne pas céder totalement au désespoir elle s'évitait de regarder sa propre blessure qui rongeait lentement sa chair.

Mary sentait le jour lentement venir sur la vallée et le vent se réchauffer peu à peu à chaque minute.

Quelquefois, elle s'approchait de la sortie de la tente pour regarder le décor qui l'entourait, elle voyait les esclaves soumis par Duncan effectuer des rondes et lui jeter des regards menaçants. Jamais Mary n'aurait cru se trouver dans une situation pareille et même si l'espoir semblait les avoir abandonné, en posant les yeux sur son cher ami, à chaque gonflement de poitrine elle espérait voir un miracle arriver. Elle était certaine qu'au réveil de Vicente les choses iraient mieux. Qu'il trouverait quoi faire. Même si, en y repensant, Vicente avait le chic pour attirer plus de problèmes qu'il n'en résolvait. Néanmoins elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance dans les situations désastreuses.

Mary se rappela les nombreuses fois où le paladin avait volé à son secours et où sa force et sa bonté l'avait aidé à tenir le coup. Pour une démoniste sans ressource, survivre dans le vaste monde fut difficile. Elle était la proie de la populace soucieuse et terrifiée et le gibier des démons sauvages qui cherchait à posséder un corps ou une âme.

En sentant le vent lui caresser la nuque, la démoniste s'éloigna de l'ouverture si tentante et s'approcha du nain toujours évanoui.

Cherchant un peu de chaleur, elle ferma ses yeux et se concentra, frottant ses mains l'une contre l'autre en murmurant quelques mots étrangers et mystiques.

La chaleur revint aussitôt. Une flamme vacillante dansait dans le creux de ses mains, vivace mais légère, presque étouffée. Profitant du court répit qu'offrait son feu, elle ne put s'empêcher de se comparer à lui. Était-il venu le moment de s'éteindre ? Le cruel et injuste moment où elle, parmi les autres, devait disparaître.

Son regard se posa ensuite sur l'armure abîmée du nain, couchée contre un brancard. Elle étudiait les runes gravées sur son plastron et ses épaulières. Elle se rappela le jour où, Vicente, pour tuer l'ennui, lui expliquait la signification de ces symboles. Tous les sceaux qu'il arborait et utilisait pour se défendre, cette magie en complète dissonance avec la sienne, Vicente lui partageait, sans aucun soupçon ni mépris. Il offrait ce qu'il savait, et cette bonté lui réchauffait toujours étrangement le coeur.

Elle se rappela le symbole de la piété. Celui de l'implacable vérité. Le sceau de l'autorité juste et forte. Puis le dernier se rappela à son souvenir en même temps qu'une larme au coin de son oeil.

Le sceau de l'espoir.

Mary étouffa le feu entre ses doigts, elle refusait ce confort qu'elle n'avait, selon elle, pas mérité. Alors elle se ressaisit, ferma les poings et retourna espionner les gardes qui campaient sinistrement dans les alentours.

Elle voyait encore une dizaine de pantins, errant sans un mot d'une tente à l'autre. Elle était habituée à ce genre de situation, échapper aux regards méfiants pour disparaître. Elle calcula les rondes, analysa le temps qui lui restait et comprit comment s'échapper du camp sans être vue. Elle devait fuir à pieds et tenter sa chance à travers les arbres et faire le tour de la vallée en étant très prudente et rapide. Le jeu entier se dessina dans son crâne comme une stratégie infaillible, la démoniste rusée et fourbe venait de refaire surface et avant de s'élancer, elle gloussa d'amusement et d'excitation.