Chapitre 2 : La promesse

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"J'ai aimé voir le monde. Maintenant j'aimerais le comprendre."

-Arcrate

Les somptueux couloirs du manoir Sang-Bleu avaient le don d'émerveiller quiconque les traversait. Ils étaient rutilants, toujours propres, et pavés de trésors magnifiques à chaque tournant. Arcrate se plaisait à marcher ici, sachant au fond de lui que ce domaine était le sien d'une certaine manière. L'idée d'avoir participé à sa reconstruction et d'avoir aidé à étoffer sa décoration lui plaisait et l'aidait à se sentir à l'aise. Il connaissait chaques recoins, exception faite de ceux que Mael lui avait cachés.

Il gagna sans mal la table à manger, alors que la nuit était tombée depuis longtemps et trouva, attablés, deux personnages familiers qui lui firent un accueil aussi violent que prévisible.

Vicente : Bordel, tu pouvais pas te pointer avec une assiette de charcuterie ?

Vicente fixa Arcrate et dévisagea sa démarche avec un mépris justifié par sa faim. Le nain se considérait comme la première victime de ce "retard" de repas dû à l'apparition des clients au crépuscule. Il patientait les mains contre la table, en frappant quelques fois pour manifester son mécontentement.

Arcrate : Non, je ne fais pas le service, moi. En revanche, j'espère que vos lits vous dérangent car on retourne bientôt camper à la belle étoile.

Vicente se redressa sur sa chaise. L'idée de manger était maintenant dépassée par l'idée de partir à l'aventure. Cette soif de voyage était presque inhérente à son comportement et toute hostilité qu'il avait pu déclarer avant cette nouvelle fut aussitôt oubliée.

Vicente : Tu déconnes ! Oh bordel de génial, je vais faire ma valise sur le champs !

Arcrate : Pas la peine ! On rejoint un corps expéditionnaire !

Vicente : Qu-qu-quoi ? Tu veux dire qu'on sera... nourri ? Logé ? Et payé ?

Arcrate : Je suis sûr que si tu rouspètes tu pourras avoir quelqu'un pour te lire une histoire avant de dormir.

Vicente : Est-ce que c'est mon anniversaire... et personne ne me l'a encore dit ?

Arcrate : Absolument pas, mais je t'autorise à faire un vœu si tu le désires !

Vicente : OUAIIIIIS ! On part en ballade les connards !

Arcrate s'amusait à voir son meilleur ami sauter de joie comme un enfant à la foire. Les cheveux clairs et courts de Vicente, couplé à ses yeux d'un bleu océan, le rendaient rayonnant lorsqu'il était joyeux. Habillé dans une tenue classique, d'un pourpoint en cuir et de petites chaussures Vicente avait tout du nain raffiné. Et pourtant dès qu'il ouvrait la bouche, il témoignait d'une férocité digne des roturiers les plus dépourvus. Cependant l'accessoire le plus remarquable n'était pas sa diction de sans-abris mais le grand médaillon autour de son cou qui était formé par une épaisse chaîne cliquetante. L'artifice à son extrémité était une large pièce de métal ronde gravée d'un sceau représentant un marteau. Ce médaillon était la plus grande fierté de Vicente, si bien qu'il dormait régulièrement avec, il représentait son titre de paladin et la nouvelle nomination qu'il avait reçu ces derniers jours.

Arcrate : Doucement ou tu vas passer à travers le plancher.

Le regard complice du jeune homme revoyait les années passées à la Cathédrale de la Lumière de Hurlevent aux côté de Vicente. Sa pensée fut cependant troublée par l'autre personnage, assis sur une chaise à l'extrémité de la table.

Nal : Et où allons-nous cette fois-ci ?

En entendant la voix de Nal, Arcrate prit une respiration lassée. Il se retourna sans un mot pour regarder l'autre homme assis à table, qui attendait patiemment sa réponse. Nal avait tout de ces grands hommes à la carrure solide et à la voix rauque, cependant il se parait d'une voix plus douce et plus mielleuse quand il était entouré de ses amis. Sa peau mate et ses cheveux en bataille se cachaient régulièrement derrière un solide heaume, si bien que lorsqu'il était à l'air libre, Nal faisait tout pour être un homme différent. Cependant les apparences ne demeurent jamais trompeuses longtemps, le soldat aguerris que Nal était au fond de lui refaisait souvent surface, et souvent pour faire couler le sang.

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