Chapitre 23 : Trop pauvre pour Mourir

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Le crépuscule avait laissé sa place à la nuit depuis longtemps maintenant.

Les étoiles, habituellement visibles depuis la vallée se cachaient derrière les nuages comme d'obscurs secrets attendant d'être découverts. L'orage lointain guettait la forêt perdue et les falaises qui formaient une barrière naturelle semblaient se transformer, pour la nuit, en prison de roche et de terre.

Le seul son qui était encore audible à travers ce monde inconnu était le souffle d'un vent étrange, balayant sans arrêt les feuilles et les branches pour finalement venir s'engouffrer dans les profondeurs de la vallée, dans la crevasse que le pont surplombait plus tôt avant d'être démoli par accident. Cette crevasse ressemblait à une plage sans mer. Un sable pâle recouvrait certain passage et un embrun surnaturelle planait dans l'air et assombrissait les hauteurs qui semblaient être inaccessibles vues d'en bas.

Là, entre les rochers et le sable, un discret court d'eau se frayait un chemin. S'échappant des pierres solides, il glissait lentement dans ce décor étrange et insoupçonné, filant jusqu'à un lieu invisible, subtilisé parmi les formes des profondeurs.

Ce lieu était une cabane curieuse, construite dans le même bois qui composait le pont et bâti avec la même facilité qui rendait l'édifice fragile et bancale.

Les créatures qui avaient le malheur de s'aventurer dans ces profondeurs regrettaient vite leur décision. Les volatiles s'enfuyaient de tout leur cri pour rejoindre les hauteurs quand, entre les rochers, une silhouette étrange et grinçante apparaissait sans cri ni rugissement.

Cette silhouette paradait comme un fantôme et disparaissait dans les mystérieuses vapeurs des profondeurs.

La seule chose que les oiseaux parvenaient à distinguer avant de disparaître pour ne jamais revenir était deux lueurs, minuscules et sinistres, d'une couleur pâle et dorée, comme deux lucioles mortes et flottantes dans le brouillard. Deux fantômes luisants errant sur cette ombre terrifiante.

Il n'était alors pas rare d'entendre soudainement venir de la vallée des cris d'oiseaux étranges et paniqués. Cependant, cette fois-ci, au milieu de la nuit, le son qui sonna entre les rochers de la crevasse était loin d'être un cri d'animal.

Sans aucune peur, sans aucune surprise, l'étrange murmure qui sifflait autour de cette cabane ressemblait à une respiration. Une respiration souffrante mais vivante, un souffle d'espoir et de terreur de plus en plus fort, rapide et présent à chaque seconde. De plus en plus affolé et de plus en plus conscient.

Mael : L'aiguille ! L'aiguille...

Transpirant, décharné, le visage couvert de sang coagulé et les vêtements déchirés, Mael s'éveillait d'un profond sommeil incontrôlé. Il ouvrit les yeux dans une panique totale, sans souffler davantage de mots et tenta de se redresser avant d'être arrêté par les blessures qui lui barraient le torse, le visage, les jambes et les bras.

Chaque partie de son corps presque totalement paralysée, il se demandait comment la mort n'avait pas eu raison de lui. Le prince marchand prit le temps de respirer fièrement, heureux d'être toujours en vie mais sursauta quelques secondes plus tard en entendant des oiseaux s'éloigner dans un affolement sinistre. Alors que d'étranges bruits de pas s'approchaient de lui, Mael si fier d'être encore en vie, se demandait comment il allait le rester.

Voyant que son corps le trahissait et qu'il n'était pas capable de se mouvoir correctement, il chercha quelque chose autour de lui, n'importe quoi, capable de lui venir en aide et d'affronter la désastreuse situation qu'il traversait.

La surprise put se lire aisément sur son visage quand il remarqua les murs en bois qui le protégeait de l'humidité de la crevasse dans laquelle il était tombé.

Les Glands Grillés : Légendes 1 "Les tombes de l'obscurité" (World of Warcraft)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant