Chapitre 13 : La blessure de trop

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"On m'a taillé si souvent le cœur que je me demande s'il me sert encore."

Dans la tente la plus éloignée du campement, une atmosphère dérangeante pesait dans l'air. En fin de matinée, les derniers évènements avaient marqué les esprits jusqu'à travers la toile de l'abri.

Couchée contre une table, une carcasse silencieuse et pâle attendait le jugement de l'autre résident qui réfléchissait sous le tissu à l'ombre et dans l'obscurité. Le regard perplexe, légèrement fantomatique, l'autre personnage, celui en meilleur santé, réfléchissait et pestait en silence. Chaque regard posé sur la silhouette couchée contre la table sonnait comme une injure.

Il s'en voulait. Vicente s'en voulait, il n'arrivait pas à se pardonner qu'une chose pareille soit arrivée, même après tous ses efforts, il ruminait sa rage et ses reproches comme un vieux fond de verre amer et gris qu'on s'oblige à ingurgiter.

Brisant son rituel d'autoflagellation, une autre personne traversa le voile de la tente pour entrer et inspecter le corps.

Nal, pour la première fois, le regard inquiet, examinait le visage de la victime espérant trouver un détail important.

Nal : Est-ce qu'il va s'en sortir ?

Vicente : Oui, il est robuste. J'ai fait le maximum. J'ai soigné toutes les blessures exceptée la plus grande. La plus mortelle... elle refuse de cicatriser.

Nal : Comment ça ? Tu n'arrives pas à la refermer ?

Vicente : J'ai soigné son corps, supprimé les séquelles, j'ai agité tous les sceaux que la bordel de saloperie de Lumière me permettait d'agiter mais la plaie ne se referme pas.

Nal : Comment ça se fait ? Tu as tout essayé ?

Vicente : Mais bien sûr que oui ! Tu me prends pour qui ?! Diego Le Lourdeau, l'infirmier du Port de Menethil ?! Qui répare un bras en le cassant ?!

Nal : Euh...

Vicente : Ca m'arrive de faire des allusions à mon passé lorsque je suis agacé... et là je suis à deux doigts de péter du feu ! Alors m'oblige pas à te raconter comment je récurais les chiotte de la Cathédrale quand j'avais...

Nal : J'ai saisi, tu as fait ton possible et c'est déjà plus qu'assez. Si tu me dis qu'il va s'en sortir, je te crois. Mais c'est quoi cette histoire de plaie qui ne se referme pas ?

Nal s'approcha du corps, passa lentement sa main autour de la veste rembourrée partiellement trouée et aperçut la blessure rougeoyante, dégoulinante encore de quelques gouttes de sang vicié.

Nal : De la Runeforge.

Vicente : Tout juste. Tout putain de saloperie de juste.

Sans rien ajouter, Nal posa son regard vers l'instrument qu'on avait retrouvé dans le corps du blessé. Une lame grise, sertie de runes étranges et brillantes au coin de l'oeil.

Nal : C'est...

Vicente : Oui, c'est l'épée d'Imortelle !

Nal : Où est-elle ?

Vicente : Disparue, j'ai demandé à tous les salopards que j'ai pu trouver. Selon eux, elle s'est volatilisée sans rien dire à personne.

Nal : Et Duncan ?

Vicente : Il était le premier à poser la question.

Nal : Bon gardons notre sérénité.

Vicente : Oui, c'est important.

Nal : Il n'y a absolument aucune chance qu'elle ait choisi de l'attaquer dans le dos de cette manière. Enfin... pas elle, c'est pas son genre.

Vicente : Oui, de plus c'est une véritable tête de linotte, elle perd toujours son épée. Quelqu'un a pu la ramasser par inadvertance et...

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