Heart and Stone

I see fire

Les mois d'été passèrent à toute allure.
Le jour, je traduisais runes et symboles.
La nuit, je me perdais dans les bras de Thorin.

Dehors, le feuillage des arbres muait lentement vers leur couleur d'automnale.

Un après midi, alors que je m'entraînai dans une clairière, une feuille tomba à mes pieds.
Il était temps de repartir...

Le soir, de retour dans ma chambre, je relisais un parchemin debout devant la cheminée quand Thorin vint se blottir contre moi, me couvrant la nuque de baisers.

-"Il y a quelque chose qui te tourmente, je le vois. Dis-moi" murmura-t-il.

-"Je pars demain Thorin" dis-je les yeux toujours rivés sur ma lecture.

-"Vous les Nordiens vous avez l'art de mettre les formes pour dire les choses." grogna-t-il

-"Nous n'avons jamais été réputés pour être de fins diplomates, je te l'accorde."

-"Plus sérieusement Dayia... Tu pars comme ça subitement sans délais... Pourquoi demain ?"

-"On en a déjà parlé Thorin... J'ai été claire dès mon arrivée ici, j'ai dit que je partirai à l'automne."

Il soupira longuement.
Je lui fis face, caressant sa joue.

-"Mais je t'ai dit aussi que je reviendrai aux premiers jours du printemps suivant."

-"Je devrais donc me passer de tes nouvelles pendant deux saisons...c'est impossible."

-"Thorin...ne rends pas les choses plus compliquées. Vois-moi comme... Une belle distraction estivale."

-"Ce n'est pas ce que je veux..."

-"Moi si."

*

Trois années passèrent ainsi.
Je passai sept mois à pourchasser monstres et démons à travers toute la Terre du Milieu, puis, quand les primevères tapissaient de nouveau les bois et vallées, je galopai vers Erebor.

Avec le temps, je nouai une amitié profonde avec Dwalin et Dis.

Thorin attendait chaque année mon retour... Patiemment.
Je mettais un point d'honneur à ne jamais parler d'amour et à vivre notre relation à l'abri des regards.

Au printemps de la quatrième année, tout bascula : pendant mon absence, les mineurs avaient creusé si profondément dans la montagne qu'ils en découvrirent son cœur : l'Arkenstone.

Un joyau d'une pureté encore jamais vu qui corrompit l'esprit du roi.
Impuissants, nous étions spectateurs de sa déchéance.

Un matin alors que je travaillai seule dans la bibliothèque, un grondement sourd fit vibrer toute la montagne. Des hurlements déchirèrent l'air.

Je n'avais que la dague de Thorin pour me défendre, j'avais laissé mes lames dans ma chambre.

Je courus à m'en déchirer les poumons mais l'atmosphère me brûlait la poitrine et de la fumée troublait ma vue...

J'arrivai enfin à la porte principale, enfin ce qu'il en restait, à bout de souffle : des cadavres de nains brûlés, écrasés sous des décombres jonchaient le sol par dizaine.

-"NEMROOOOD, AIDES MOI !" hurla soudain une naine à demi ensevelie sous des débris.

-"Je vais vous sortir de là, ne bougez pas ! " criais-je en essayant de bouger un bloc de pierre.