Il est presque l'heure d'accueillir les invités d'Arnaud. D'après Éloise il va y avoir du monde, et de nombreuses surprises. Mais connaissant la jeune femme, je ne peux m'empêcher de me méfier. Je peaufine mon maquillage et contemple ma belle robe de soirée.
Heureusement que j'ai tout prévu dans ma grosse valise bien embarrassante et bien lourde.
Je sors de la pièce et découvre de dos Arnaud qui ajuste sa veste. Je n'arrive plus à détacher mes yeux de lui, il est sublime, classe, et je suis littéralement en train de tomber dans son piège, le piège de l'escort, le piège à nana...
Ressaisis-toi, ma pauvre fille !
- Éva ?
- Hein ?
Il se retourne et s'amuse de mon malaise, ce qui évidemment ne me fait absolument pas rire. Je me précipite alors vers mon petit sac en velours, mais il me bloque le poignet avant que je ne puisse le saisir pour m'échapper.
Surprise, je le regarde sans assurance.
Ce n'est pas humain d'être si beau, je vous jure. Le pire c'est qu'il est parfaitement au courant de l'effet qu'il fait sur les femmes et qu'il en joue.
- Prenez ça.
Il me tend une rose parme qui sent divinement bon. Mais je ne réagis pas, j'essaye d'imaginer qu'il est un croisement entre Quasimodo et un poulpe.
Aussi, il s'approche pour l'accrocher à mon décolleté.
Ça y est, je me raidis, je suis en apnée et espère que mon visage ne vire pas au carmin.
Trop tard...
- C'est une idée d'Éloise, comme un dress code.
- Ha.
Il s'efface pour mieux regarder son œuvre et... le reste.
- Vous n'avez pas un soutien-gorge à dentelle rouge ?
Retour sur terre, enfin à la surface avec un tentacule du poulpe entre les dents. C'est une blague ? Il se fout de ma gueule ma parole ?
- Quoi ?
- Oui, ce bleu est un peu morne...
- Mais je ne vous permets pas de me prodiguer des conseils au sujet de ma lingerie ?
- Pourquoi ? Nous sommes censés être en couple, et c'est donc mon rôle de vous aiguiller pour que vous soyez parfaitement accordé avec moi. Regardez-moi, je suis impeccable, tout est pensé dans les moindres détails.
Je serre les poings et commence à sautiller sur place.
- Non, mais vous vous entendez ? Vous ne vous arrêtez jamais ?
Ni une ni deux, il se tourne vers ma valise et fouille à l'intérieur pour en sortir un microstring et un soutien rouge ultra sexy... Oui, vous savez, ceux qui sont hantés depuis des années et qu'on n'ose pas porter...
Je suis tellement ébahie que je reste planter comme une souche de chêne millénaire au milieu de sa forêt.
Il me les exhibe maintenant sans honte devant mon nez, un air canaille sur son visage.
- Ça, c'est parfait !
Le choc passé, je l'invective méchamment.
- Vous êtes insupportable, de quel droit vous fouillez dans mes affaires ?
Il croise ses bras et me répond tranquillement :
- Dites-moi, Éva, si vous ne comptiez pas les mettre, alors dans ce cas, pourquoi les avoir emportés.
Il plisse ses yeux de façon très subjective. Son visage semble me prononcer à voix haute :
« Alors chérie ? Pourquoi as-tu apporté dans ta valise cette ridicule parure tout à fait charmante si tu ne voulais pas l'inaugurer pendant une partie de jambes en l'air avec ton escort préféré ? »
Il a tous les aplombs ma parole ! C'est hallucinant !
- Je...
Je ne trouve absolument rien à dire, ma honte est trop grande.
Il penche la tête sur le côté et moi je n'en peux plus, je lui arrache des mains mon micro ensemble et je disparais dans la salle de bain.
Lorsque j'en sors, il n'est plus là et je regrette presque d'avoir accepté de les avoir mis.
Cela dit, cet emmerdeur n'a pas tort, ma robe est bien plus originale avec ce petit nœud à peine visible et qui change tout de la tenue.
Je peste, il avait raison, mais je ne compte absolument pas lui dire. Qu'il aille au diable !
Je suis dans le couloir, et j'entends déjà que beaucoup d'invités sont arrivés et tout à coup, j'aurais presque envie de retourner me cloitrer dans ma chambre.
Pourtant, je descends lentement les marches en marbres couvertes de cet incroyable tapis rouge et me fais tout de suite remarquer.
Bon, ça, c'est fait...
Arnaud est dans le hall et me jette un regard bourré de fierté lorsque tous les yeux se tournent vers moi. Puis il vient me chercher en montant quelques marches et en me prenant la main.
- Mes amis, voici Éva, ma sublime fiancée.
J'essaye de cacher la gêne qui doit se lire sur mon visage. C'est alors qu'il se penche pour me parler à l'oreille.
- Vous êtes effectivement sublime. Vous avez bien fait de m'écouter, ce petit noeud est tout à fait charmant...
Je perds instantanément mon sourire pour le fixer d'un regard qui en dit long sur ce que je ressens là, tout de suite.
Mais, il a autre chose en tête et il nous fait stopper sur une des marches avant de me prendre par la taille. Incrédule, je ne comprends pas ce qu'il compte faire, et ce n'est que lorsqu'il place une main derrière ma nuque pour m'attirer à lui que mon cœur commence à exploser.
Ma respiration est au même stade, je suis en train de me liquéfier, je tremble imperceptiblement quand il dépose ses lèvres contre les miennes. Je ne sais pas comment j'arrive à me détendre sans doute parce qu'il est très enveloppant et que j'imagine que nous sommes seuls au monde.
Et doucement, je ferme les yeux et apprécie avec délice son baiser particulièrement chaud et passionné.
Le temps se suspend, je lui rends son étreinte en saisissant les bords de son costume et en me plaquant tout contre lui.
Pourtant au moment où j'ai conscience du plaisir qu'il me procure, il se détache de moi, me laissant rouge de désir et abandonnée aux yeux de tous.
Alors que tout le monde siffle, applaudi, il me prend par la main pour me faire rejoindre la terre ferme.
J'ai la tête qui tourne et finis par manquer de trébucher, Arnaud me rattrape sans que personne puisse le voir et commence à me présenter : des amis, des membres de sa famille, je suis dans du coton et fais mine d'être présente alors que mon esprit est sans cesse attiré par le baiser que nous venons d'échanger.
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MB MORGANE - Mon escort est un pauvre #%@$ ! [Terminé]
ChickLitÉva avait tout pour être heureuse jusqu'à ce que son mari la quitte pour sa secrétaire... Malheureusement pour elle, il est toujours à la direction d'une célèbre boite de mode dans laquelle elle est elle-même sous-directrice. Normal ! Puisque la boi...