Chapitre 40

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J'arrive le lendemain matin plus sure de moi que jamais avec... un oignon dans le sac...

Ça peut servir quand on veut pleurer de bon cœur.

Max est retourné chez lui hier soir et nous avons décidé de mettre le plan foireux d'Arnaud à exécution dès aujourd'hui.

Je snife mon oignon avant de prendre l'ascenseur et le place dans son petit sachet plastique.

Ha non, mais ça pique...

Ça y est, j'ai les yeux rouges, et je renifle.

Et c'est bien dans un état piteux que j'avance dans le couloir où tous mes employés m'épient : les épaules basses, le pas trainant et en me mouchant comme si j'étais en pleine dépression.

Tiens, personne ne rit, ils affichent même un air tout à fait désolé, on dirait que tout se passe comme prévu.

Je foule mollement le seuil de mon bureau comme si je venais de me prendre la plus grosse mine de toute la terre.

Mais une fois seule, j'entame une danse de la victoire.

Yeah... Ct'Éva quand même !

D'après le plan élaboré par Arnaud et mon ex, Max va bientôt débarquer avec Mia, il faudra absolument que je fasse la totale.

Je répète ma scène dans la tête une dernière fois quand soudain on frappe à la porte.

Je respire un bon coup, essaye de frotter mes yeux pour qu'ils rougissent puis lance un :

- Entrez.

Max arrive dans la pièce le premier suivi de Mia.

Je dois absolument retenir mon premier réflexe : celui de lui fourrer mon presse papier au fond de la gorge !

- Éva ?

Max est dur, comme prévu.

- Tu dois signer ses virements aujourd'hui, mais, qu'est-ce que tu as ? Tu as une mauvaise mine ? Tu es malade ?

- Heu, non...

Je parle douloureusement et Mia se poste à côté de lui pour mieux me dévisager.

Enfin pour mieux savourer sa victoire, pétasse !

- Mais, si. Je vois bien que tu ne vas pas très bien. Ne me dis pas que c'est à cause de cet escort quand même !

Et là je tombe sur mes bras comme si je me mettais à pleurer, mais en catimini, j'ouvre le sachet et inspire une bonne bouffée d'oignon, avant de vite le refermer pour éviter que l'odeur ne se propage trop...

Et c'est bien avec la tête pleine de larmes que je me redresse.

Mia semble compatir, mais je vois bien cette petite lueur dans ses yeux.

Connasse !

- Il m'a largué ! Il ne m'aime pas...

- Mais bien évidemment, Mia te l'a bien dit hier ! Tu croyais quoi ?

- Il a dit qu'il m'aimait... mais ce n'est pas vrai.

Mais contre toute attente, c'est Max qui rit le premier.

Il fait fort, mais alors terriblement fort.

- Éva qu'est ce que tu es naïve quand même. Tu ne changeras jamais.

Puis il prend par la taille sa femme et se penche pour lui faire un tendre baiser.

- Ne t'inquiète pas Éva, il faut voir le bon côté des choses. Tu vas faire des économies et puis tu pourras vite passer à autre chose. Ce n'est pas toi qui voulais une voiture de sport ? Ben voilà, tu vas pouvoir te faire plaisir ! Non ?

Puis il regarde sa montre et fait mine d'être terriblement en retard.

- Merde ! Mia ! Je suis à la bourre... Bon Éva, n'oublie pas les papiers à signer, tu sais ce qu'on dit : le travail empêche de trop focaliser sur les histoires de cœur. Bonne journée. Mia, tu viens ?

- Non, j'ai d'autres documents à faire signer à Éva, j'arrive dans dix minutes.

Une fois seule avec elle, j'affiche alors un faux regain d'énergie en la fusillant des yeux.

Elle est tellement satisfaite, qu'elle me regarde à peine, c'est alors que je prends la parole.

- Alors tu es heureuse ? Tu avais raison, hein ?

Elle me toise et me répond sur le même ton.

- Tu te trompes Éva, je suis vraiment triste pour toi...

- Tu parles ! Quand je pense à ce qu'il m'a dit sur toi, ce connard ! Ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Je l'intéresse tout à coup.

- Quoi donc ?

- Non, rien...

Alors elle me regarde avec une mine tout à fait amicale maintenant.

- Éva, je ne suis pas ton ennemie, j'aime Max, je suis sa femme et il m'aime. Je crois qu'il serait temps d'enterrer la hache de guerre ? Qu'en penses-tu ?

Je soupire avec force, en ne cachant pas une forme de résignation.

- Tu as peut-être raison... et il faut avouer que ce que je t'ai fait n'était pas très sympa pour vous deux.

- Je sais, mais bon, je te comprends, tu sais.

- Ha bon ?

- Oui, Max et toi avez vécu une belle histoire, et quand il est tombé amoureux de moi, cela a dû te faire un choc. J'aurais sans doute réagi comme ça à ta place...

- C'est vrai, tu n'es pas ma meilleure amie, mais il faut se rendre à l'évidence, j'ai bien merdé du début à la fin. C'était une erreur d'avoir voulu te mettre dans les pattes un escort.

- Oui, mais j'aime tellement Max que je suis incapable de faire une chose pareille.

- Je le sais maintenant, alors... tu me pardonnes ?

Ces mots viennent de me bruler la bouche...

Elle pose d'un coup sa main sur la mienne.

- Oui, bien entendu.

Ça y est, j'ai envie de vomir...

- C'est sympa de ta part.

Elle s'apprête à partir quand elle se retourne en demandant :

- Au fait, juste pour info, qu'est ce qu'il disait sur moi, Arnaud ?

Yeah, ça, c'est bon... j'ai eu peur qu'elle ne tombe pas dans le panneau...

- Tu sais, c'est douloureux pour moi... Ça me rappelle à quel point, il s'est bien foutu de ma gueule.

- Ho, ma pauvre, je suis désolée...

Mais, elle est toujours en train d'attente la suite, avec impatience.

- Il disait que tu étais une très belle femme. Sur le moment, je n'ai pas prêté attention à ses paroles, mais plusieurs fois, je l'ai vu regarder en catimini des photos de la soirée qui avait été donnée en son honneur. C'est dur, mais je crois qu'il s'intéressait bien plus à toi qu'à moi. Comme tu l'as dit, il a bien vu où il pouvait soutirer du fric sans problème. Bref, c'est de l'histoire ancienne et de mon côté je dois vite oublier les nuits que nous avons passé ensemble, même si elles étaient les meilleures de ma vie...

Elle ne peut s'empêcher de sourire.

Qu'elle pétasse, je vous jure.

Et moi, je me renfrogne de plus belle comme si le monde venait de me tomber sur la tête.

- Éva, ne t'inquiète pas. Je suis confiante, tu trouveras un homme à ta hauteur et pas un escort sans scrupule.

Sur ces dernières paroles, elle quitte mon bureau et quand la porte est bien close, je lance dans le vide un somptueux bras d'honneur.

Prends ça dans ta face ! Poufiasse !

MB MORGANE - Mon escort est un pauvre #%@$ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant