Nous sommes tous les trois interdits, les choses se corsent largement.
Marc essaye de garder une contenance, mais c'est trop tard.
- Marc ! C'est dingue, je vais te présenter une copine. Je lui ai parlé de toi et de tes exploits !
Dit-elle en lui faisant un clin d'œil et en hoquetant.
Elle se met à siffler pour attirer l'attention de cette fameuse amie qui n'est autre que sa secrétaire. De plus, la musique est bien plus basse maintenant, elle ne peut plus couvrir ses paroles.
Bordel, c'est un cauchemar !
Arnaud se penche vers Marc.
- Il faut absolument qu'elle ferme sa gueule, fais quelque chose.
Trop tard, Lisa et moi voyons les deux femmes s'avancer vers nous. Les gens commencent nettement à se poser des questions.
La première titube et s'accroche à la veste de Marc pour ne pas tomber.
Elle éclate de rire en disant :
- Regarde-moi ce corps d'athlète, n'est-il pas foutu comme un dieu grec ? Tu vois, je t'avais prévenu, un vrai bourreau des cœurs...
Marc saisit alors le bras de la responsable marketing pour l'emmener de force vers l'extérieur.
Je ne sais pas quoi faire, je regarde autour de nous, nous attirons bien trop l'attention, les gens chuchotent, ils se posent des questions. Je demande à sa secrétaire de nous laisser tranquilles puis je fais des gestes comme pour dire que tout va bien et qu'ils peuvent retourner à leur fête. C'est alors qu'Arnaud, Lisa et moi rejoignons Marc et la fille sur la terrasse.
Nous le retrouvons en grande conversation, elle le touche comme s'il était en plaqué or.
- Tu sais comment ça se passe, tu dois rester discrète Estelle. Tu as signé un contrat !
- Ho, mais, ne fais pas ton escort vexé ! Avec tout le fric que tu m'as extirpé, on est presque pote, non ?
Il la repousse gentiment, mais ça ne sert pas à grand-chose, elle est tellement saoule qu'elle ne se rend compte de rien.
Arnaud vient en aide à son ami, pendant que nous stressons de plus en plus.
- Allez, le mieux serait d'aller vous coucher. Vous n'êtes pas en état.
- Ouais, me coucher avec Marc, je veux bien, hein ? Tu es d'accord mon bichon ? En souvenir du bon vieux temps quand on...
- ... non, maintenant. Venez, je vous raccompagne.
- Mais tu es super chiant toi ! Ha, mais, tu es Arnaud ? Le secrétaire canon de la boite ! Le patron du château, c'est bizarre, j'ai l'impression que, maintenant que vous êtes côte à côte, je vous ai déjà vu ensemble quelque part.
Je ferme les yeux, non, pitié pas ça. Mon cœur s'accélère, il faut absolument qu'elle se taise, au mieux qu'elle ne fasse pas de rapprochement tout court.
- Ha, mais oui, toi aussi tu es un escort ! Je te reconnais !
Mon monde s'écroule et je fixe Arnaud complètement affolée.
La responsable marketing continue.
- Je savais bien que ta tête me rappelait quelque chose, c'est dingue, mais alors...
Elle pointe lentement son doigt vers moi, ouvre la bouche, mais reste muette le temps de suivre le cheminement de sa pensée.
Mais d'un coup, un miracle se produit.
Elle commence à vaciller et hop, elle perd connaissance. Marc a juste le temps de la soutenir et nous voilà tous les quatre passer dans la grande salle. Arnaud et Marc portent la responsable marketing et je prends avec clarté la parole :
- Tout va bien, elle a trop bu, on va l'amener au lit ! Continuer, quelle super fête, youhou !
OK, j'en ai un peu trop fait, mais bon, à la guerre comme à la guerre.
Je rattrape les garçons et Lisa qui sont déjà dans les grands escaliers et je m'inquiète :
- Merde ! Arnaud comment on va faire ?
Il peine à trouver une prise correcte pour ne pas lâcher les jambes de la fille sans se pulvériser le dos.
- Pas maintenant, Éva. Ce n'est pas le moment.
- Mais merde, c'est grave. Imagine qu'elle le dise à tout le monde !
- Éva, tu permets. On va en discuter tout à l'heure... il y a légèrement plus urgent, là !
Une idée originale percute mon crâne.
- Et si vous la laissiez tomber sur la tête ? Comme ça elle oublierait tout, non ?
Les gens présents s'arrêtent.
Et c'est Lisa qui intervient :
- Ben voyons, et pourquoi pas : un petit meurtre entre amis ?
Je me frotte les mains et regarde par-dessus la rambarde.
- C'est une idée...
Marc souffle et pas que pour reprendre son air, il est sans doute exténué par tant de connerie.
- Éva, non. Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Nous trouverons le moyen de gérer ça avec décence.
Quelques minutes plus tard, nous sommes penchés, les bras croisés, tous les quatre sur le lit de la responsable marketing qui ronfle comme un sonneur.
- Bon alors ? On fait quoi ?
Arnaud me coupe presque la parole.
- Rien, on ne fait rien Éva, pas de meurtre, pas de coup sur le crâne, pas de coussin sur le visage, rien !
- Oui, bon je sais, j'ai un peu paniqué tout à l'heure, désolée.
Marc soupire une nouvelle fois avant de dire :
- Tout ça, c'est ma faute, je ne pensais pas qu'on allait trouver une de mes clientes ici. Elle m'a menti sur son job.
Nous le suivons et refermons la porte derrière nous.
- Putain de connerie de merde !
Il s'en veut terriblement, Lisa se rapproche pour lui prendre le bras en signe de soutien.
Arnaud est blanc.
- Il va falloir lui parler demain matin. Elle doit absolument se taire.
Marc glisse au sol, les deux mains sur sa chevelure.
- Estelle est une plaie. J'ai coupé court à notre contrat il y a quelques mois lorsque j'ai appris qu'elle me suivait dans la rue. Elle me harcelait par téléphone quand elle me surprenait avec une autre cliente. Elle est complètement folle.
- Mouais, elle dit nous avoir vus, mais quand ?
- Je n'en sais rien, sans doute quand elle me pistait.
Arnaud lâche un violent :
- Merde !
Nous restons un moment dans le couloir sans ajouter quoique ce soit de plus.
Puis mon amant reprend les choses en main.
- Bon, il n'y a plus rien à faire maintenant. Demain matin, il faudra venir la convaincre. En attendant, je suis exténué, je vais me coucher. Éva ?
Je lui fais un signe de tête et nous quittons nos amis.
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MB MORGANE - Mon escort est un pauvre #%@$ ! [Terminé]
ChickLitÉva avait tout pour être heureuse jusqu'à ce que son mari la quitte pour sa secrétaire... Malheureusement pour elle, il est toujours à la direction d'une célèbre boite de mode dans laquelle elle est elle-même sous-directrice. Normal ! Puisque la boi...