Chapitre 2

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Je fais les cent pas dans mon bureau et regarde ma montre toutes les minutes.

8h50... L'escort ne va pas tarder.

Je lisse ma jupe et bois un peu de ce café bien fort et déjà presque froid. Je suis arrivée à 7h du mat, impossible pour moi de dormir, car je réfléchissais à toute cette machination et à la manière la plus efficace de faire tomber Mia dans le piège.

Soudain, on toque.

Je me raidis d'un coup et lance un « entrez » légèrement tremblant.

La porte s'ouvre alors sur mon tout nouveau secrétaire de direction : monsieur Delatre.

Je le détaille de long en large et apprécie qu'il soit venu en costume, mais reste sidérée par ce nœud papillon.

Mais c'est une blague ? Il l'a fait exprès ! Ce n'est pas possible !

- Bonjour Éva, j'ai eu un peu de mal à trouver votre bureau, je ne pensais pas que vous étiez propriétaires de tout le building... et...

Mais je suis déjà en train de défaire son nœud papillon hâtivement, il se recule et repousse légèrement ma main, il semble gêné.

- Vous ne voulez pas qu'on ferme la porte ?

- Mais de quoi parlez-vous ?

Il me montre alors les personnes qui sont dans les boxes et qui regardent la scène en riant à moitié. Puis il se penche vers mon oreille pour me susurrer :

- Une partie de jambe en l'air, c'est 2000...

Offusquée, limite choquée, je referme la porte en la claquant de toutes mes forces.

- Non, mais ça ne va pas ? Pour qui me prenez-vous ?

Il soulève ses sourcils en signe d'étonnement. Clairement, et je commence à le connaitre, il est en train de se foutre de moi !

Et sa prochaine phrase le prouve...

- Pas de jambes en l'air ?

- Mais non ! NON ! Pas de jambes en l'air !

Alors il hausse ses épaules et décide de replacer son hideux petit nœud papillon autour de son cou.

Mais je tends ma main pour qu'il me le donne.

- Quoi ? Il ne vous sied pas ?

- Non, il ne me sied pas comme vous dites. On ne met jamais un nœud papillon avec une chemise telle que celle-là ! Et puis arrêtez de vous foutre de moi !

- OK, comme vous voulez, Madame !

Je saisis le bout de tissu d'un geste rapide et le jette à la corbeille.

Alors, très calmement, il sort un petit carnet de sa poche et commence à écrire.

Qu'est-ce qu'il m'agace ce mec !

- Qu'est-ce que vous faites encore ?

- J'indique le prix du nœud papillon dans mes notes de frais...

Dit-il avec la plus grande nonchalance du monde.

Je vais le pulvériser... C'est normal d'avoir mal aux cheveux d'un coup ? Ha ben oui, c'est normal quand on commence à tirer dessus avec hargne.

- Bon quand vous aurez fini, vous me le direz !

Il me fait un signe de la main pour que je le laisse finir justement... et ça me met en rage d'autant plus. Aussi je me dirige vers la porte de son bureau et m'engouffre dans la pièce.

Quelques secondes plus tard, il me rejoint.

- Voilà votre bureau.

Il s'avance vers l'ordinateur et l'allume.

- Bien, les journées vont être longues, je peux installer un solitaire ?

- Non ! Il en est hors de question !

Alors il s'assoit à moitié sur le rebord de la table, les bras croisés.

- Vous ne pensez tout de même pas que je vais faire votre secrétaire ?

- Et pourquoi pas ?

- Je ne suis pas payé pour ça...

- Répondre au téléphone de temps en temps ce n'est quand même pas la mer à boire et puis vu votre tarif vous pouvez bien faire ça pour moi...

Il affiche un regard noir pendant que j'essaye de l'amadouer comme je peux.

- Je veux un solitaire !

- Je veux que vous répondiez au téléphone !

Il fait mine de réfléchir puis :

- Marché conclu ! Mais pas plus qu'une demi-douzaine de fois par jour...

Nous échangeons une poignée de main ferme, et je m'apprête à partir quand je me souviens d'un élément important.

- Venez avec moi, je vais vous montrer la salle de repos des secrétaires. Vous pourrez commencer votre tactique d'approche avec l'autre cageot de Mia, elle est toujours fourrée là-bas, celle-là !

Nous sortons tous les deux. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Arnaud a quand même le chic pour se faire remarquer. Nous traversons les étages et prenons l'ascenseur avec quelques collègues féminines qui se demandent bien qui est ce nouveau venu.

Alors ni une ni deux...

- Bonjour, Mesdames, je m'appelle Arnaud Delatre et je suis le nouveau secrétaire de Madame Dupuis.

Dit-il d'une voix douce et voluptueuse à souhait.

Mais, dieu soir loué, l'ascenseur s'ouvre comme pour clore la conversation.

- Monsieur Delatre, nous sommes arrivés ! Passez le premier.

Il fait un dernier petit signe aux deux minettes aux yeux de biches qui s'empressent de l'imiter lorsque la porte se referme.

D'un coup, l'atmosphère se charge d'une bonne dose de frustration féminine.

- Vous n'avez pas fini de vous mettre en spectacle ?

- De quoi parlez-vous ?

- Je ne vous paye pas pour draguer tout ce qui bouge et qui a deux nichons, mais je vous paye pour draguer miss M !

Il se redresse très solennellement.

- Un don comme le mien ne s'improvise pas, Madame, il est utile de s'entrainer avec constance...

Non, mais ce n'est plus de la prétention, c'est de l'orgueil démesuré !

- Ben, pas ici !

Je fais des gestes nerveux pour étayer mes dires.

Ce type est en train de me rendre dingue et surtout hystérique. Je perds littéralement mon sang froid.

- Vous vous entrainerez en dehors de vos heures de travail !

Alors il place une main le long de son front, comme à l'armée.

- Oui patronne !

- Ne m'appelez pas patronne !

- Vous préférez, patron ?

Je ferme mes poings, je vais finir par lui arracher les yeux s'il continue à se payer ma tête.

Respire, inspire, respire... Souviens-toi de tes cours de yoga d'il y a 5 ans...

Un temps j'y crois, mais finalement, je capitule...

- La salle est là-bas, vous n'avez qu'à y aller tout seul ! Démerdez-vous pour trouver Mia...

Sur ce, je préfère l'abandonner et retourne à mon bureau à toute allure.

MB MORGANE - Mon escort est un pauvre #%@$ ! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant