𝕋𝔼ℕ

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ELI

Chapitre dix

La regarder dormir et rêver, le sourire aux lèvres m'a rendu heureux et de très bonne humeur. D'accord, je n'ai pas dormi de la nuit et j'ai peut-être un manque de sommeil, mais j'ai besoin de me défouler. Après qu'elle m'ai avouée avoir tué ses parents, j'étais choqué. Mais bordel, adopter la bonne réaction, c'est super difficile. J'ai attendu qu'elle raconte tout pour me permettre de juger. Et j'ai bien fait d'attendre : elle n'a pas tué ses parents. Rain était trop jeune, trop... innocente pour commettre un truc pareil. Ça n'est rien de plus qu'un accident sur lequel elle ne pouvait pas agir. Maintenant, je connais une plus grande part d'elle. Et j'ai besoin de faire sortir toute ma frustration de ne pas en savoir plus.

Courir à cinq heures du matin est certainement le truc le plus satisfaisant que je pouvais faire. Il fait super froid, mais ça m'évite de trop penser.

Après tout ce qu'elle m'a révélé, j'ai eu envie de l'embrasser encore et encore pour la réconforter. Mais j'ai préféré la laisser se reposer, ses traits montrant clairement qu'elle était morte de fatigue.

Je me demande si elle fait aussi quelques insomnies de temps en temps. Moi, c'est très récurent et c'est insupportable.

Me dire qu'elle s'est toujours trouvée à quelques mètres de moi en quelque sorte me rends fou. C'est vrai, elle aussi, elle a passé des journées entières à l'hôpital. Elle travaille dans ce restaurant qu'on adore avec ma mère, son voisin est mon ami.

Pourquoi est-ce qu'on ne s'est jamais croisés avant ? Ou peut-être que nous n'avions jamais fait attention. Ça me rends malade de me dire que je suis peut-être déjà passé à côté de cette femme si surprenante sans même m'en rendre compte.

Enfin, à quoi bon ressasser le passé.

Je ne sais pas depuis combien de temps je reste là à me les geler dehors, mais il est temps de rentrer. J'ai même pensé à prendre de quoi déjeuner, en espérant qu'elle se soit reposée ou qu'elle dorme encore.

- Rain ? Je suis rentré.

J'enlève mes chaussures et avant même d'avoir pu poser un pied chez moi, cette enragée me saute dessus. Elle m'agrippe fermement, ongles plantés dans mes bras. 

- Mais putain ! Lâche moi !

Je tente de me défaire de ses griffes mais elle n'en démord pas.

- T'étais où, hein ? T'as cru que tu pouvais juste te barrer comme ça ?

Et je comprends qu'elle est dans un état de folie extrême, pensant que je l'avais abandonnée. Elle est définitivement trop tarée pour moi.

- Mais j'ai juste été courir un peu !

Elle me libère enfin, la respiration haletante. Mais je n'ai apparement pas assez souffert à ses yeux puisque je me prends un coup de poing dans l'épaule.

- Tu me prends pour une imbécile ? Qui va courir alors qu'il fait moins quinze dehors, hein ?

Elle continue de se défouler et j'attrape ses poignets pour la stabiliser. Évidemment, elle me regarde avec encore plus de rage dans les yeux.

- Crois-le ou non, mais c'est ce que je faisais. Maintenant, tu te calmes.

Je la pousse jusqu'à ce qu'elle arrête de se débattre, mais lorsque j'aperçois l'état de mon appartement, c'est moi qui devient fou.

- Mais qu'est-ce que tu as fait ?

Je remarque d'abord la vaisselle étalée partout, puis les mégots posés au bord de la fenêtre, puis le canapé entièrement défait.

De l'autre côté du pont Où les histoires vivent. Découvrez maintenant