𝕋𝕎𝔼ℕ𝕋𝕐-𝔽𝕀𝕍𝔼

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RAIN

Chapitre vingt-cinq

C'est officiel, je vais arrêter de boire. Peut-être qu'à force de le répéter, tout ça deviendra réel. J'ai un mal de crâne horrible, mes genoux me grattent et je prends conscience qu'ils sont écorchés, comme mes mains.

Remettre les événements de cette nuit dans l'ordre est un réel supplice. Ma migraine devient insupportable, et je ne parviens plus à réfléchir correctement.

J'ai été au bar, j'ai bu... beaucoup. Qu'est-ce que j'ai fait d'autre ? J'ai été chez Eli, apparement. J'y suis encore. Mais comment est-ce que je suis arrivée jusque là ? Bonne question.

D'ailleurs, c'est bien la première fois qu'il dort encore quand je me réveille. Il doit être crevé. J'ai du être super chiante, une fois de plus.

Bon, Rain. Concentration. J'ai été au bar. Puis dans un autre, et ainsi de suite. J'ai appelé Eli.

J'attrape mon téléphone et vérifie. Putain de tarée... je l'ai appelé un nombre incalculable de fois. Ils durent tous quelques secondes à peine. Sauf le dernier.

Ça, je m'en souviens.  Je suis passé à un cheveu de la mort. Il était là... mais je n'arrive pas à le voir clairement dans mes souvenirs. Comment est-il arrivé jusqu'à moi ? Aucune idée.

Avoir des trous de mémoire de plus en plus fréquemment commence sérieusement à me frustrer. C'est officiel, je dois arrêter de boire.

Prise d'une euphorie sans nom, je saute sur le lit et secoue Eli.

- Eli, réveille toi s'il te plaît.

- Hum...

Lorsqu'il est passé dix heures du matin, ce n'est plus son heure apparement.

- Il est dix heures passé. J'ai pris une résolution, même si ce n'est pas Nouvel An... il n'est jamais trop tard.

- Pitié, tais-toi.

Je lève les yeux au ciel et relève mes cheveux en chignon, le temps qu'il se lève. Mais il n'a pas l'air très décidé.

- Si tu ne te lèves pas dans deux minutes, je retourne tout ici.

Je commence à me lever mais sa main m'attrape la cheville, m'empêchant tout mouvement. Eli lève sa tête et me fixe l'air très énervé. J'avoue que je n'aime pas non plus qu'on me réveille.

- Tu ne bouges pas. Recouche toi. Putain pour une fois que je dors le matin, il faut que ça soit toi qui soit réveillée. On ne s'entendra jamais sur rien.

Sa tête retombe aussitôt et je me laisse tomber sur le dos à ses côtés, le temps qu'il se réveille complètement.

- J'ai tout zappé de la veille. Enfin presque. Je me souviens juste que j'ai encore bu. Donc voilà ma résolution : j'arrête de boire, mais j'ai besoin de quelqu'un.

- Tu as tout... tout oublié ? Genre, tout ce qu'on a pu se dire ?

Il ouvre un œil, l'air sceptique. Sa tête ensommeillée me ferait presque craquer.

- Pourquoi, je devrais me souvenir de quelque chose en particulier ?

S'il a quelque chose à me dire, je préfère que ça soit quand j'ai les idées claires. Il ne saura jamais ce dont je me souviens ou non d'hier. Mémoire effacée.

-  Non, rien.

Il rabat la couverture et se lève d'un coup, enfilant un t-shirt.

- Je vais préparer le petit-déjeuner, et après on s'y met.

De l'autre côté du pont Où les histoires vivent. Découvrez maintenant