De l'autre côté du pont

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RAIN

Chapitre dix-neuf

Je suis réveillée par l'odeur du café. C'est très bon signe pour commencer une journée dans la joie et la bonne humeur.

Eli. Tout est bien réel. Il est venu. Il a dormi ici, avec moi.

- Bonjour.

- Salut...

Je m'étire et m'enroule un peu plus dans le drap, incertaine d'être prête à sortir du lit. Eli quant à lui est déjà prêt, bien entendu : habillé, cheveux légèrement mouillés, le visage fatigué. Je suis presque sûre qu'il n'a pas dormi de la nuit, ou presque.

- J'ai été chercher le petit-déjeuner, si tu veux venir.

J'acquiesce avant de rabattre le drap sur ma tête, me couvrant de la lumière du jour.

- Pourquoi les volets sont déjà ouverts ?

- Parce qu'il est dix heures.

Comme si c'était une raison valable. Je continue de râler et me lève un temps plus tard, en enfilant le t-shirt d'Eli. Je prends le temps de remettre ma jupe et mon collant, ayant horreur qu'on puisse voir mes jambes.

- Tu veux faire quoi aujourd'hui ?

Je le stoppe d'une main, attrapant ma tasse encore brûlante avant d'avaler une gorgée de ce café.

- Tu as vraiment besoin que ta journée soit si bien organisée ?

- Vouloir savoir ce qu'on va faire, c'est normal non ?

- Je sais pas. Moi, je me promène et si un truc m'intéresse, j'y vais.

- Et bien pas moi.

- Et bien t'es chiant.

Je file sous la douche et en profite pour tresser mes cheveux une fois sortie. Discrètement, j'attrape une flasque planquée sous le lavabo et bois quelques gorgées d'alcool. Cette fois, je suis prête à affronter cette journée.

En revenant dans la chambre, je remarque qu'une fois de plus, Eli s'est occupé de tout organiser. Le petit-déjeuner est rangé, le lit est fait, la pièce est aérée. C'est comme si personne n'avait dormi ici.

- T'as vraiment un soucis.

Je termine de me laver les dents en haussant les sourcils. Tranquillement installé au bout du lit, Cata à ses pieds, Eli m'attend.

- Tu comptes rester combien de temps en Espagne ?

Je hausse les épaules, dépassée par ses questions.

- J'en sais rien. Une semaine, un mois, qui sait ? Peut-être que demain je ne serais plus là.

- Au jour le jour, hein ?

- Au jour le jour.

Ce concept me colle à la peau tandis qu'il énerve Eli. Je vois bien qu'il ne peut pas s'imaginer vivre ainsi, sans savoir de quoi demain sera fait.

- Bon, pour ce qui est d'aujourd'hui : j'ai loué une voiture, on va pouvoir se promener où tu veux.

Il n'a pas pu s'empêcher de planifier au moins un truc. Il est malade.

- On y va ?

Surexcitée à l'idée de savoir quel genre de voiture il a bien pu trouver, je m'empresse de le pousser jusqu'à la sortie avant de fermer à clé, Cata à mes côtés.

- Ton chien ne montera pas dans cette caisse, je te préviens.

- Et tu veux que j'en fasse quoi, exactement ? Et puis c'est un lot. Si tu veux Rain, tu prends son enfant avec. Sinon, tu n'as rien.