De l'autre côté du pont

𝕋ℍ𝕀ℝ𝕋𝔼𝔼ℕ

RAIN

Chapitre treize

Merci mon ange gardien d'avoir déposé un médicament sur ma table de chevet. Par pitié, que ce concert s'arrête dans ma tête !

Je devrais vraiment instauré des règles du genre : ne pas péter un plomb à cause d'un simple coup de téléphone ou alors, ne pas boire jusqu'à tout oublier.

Je me déteste parfois.

Les souvenirs hachés de la veille me plombe le moral. J'ai été si minable face à Eli. Et je me suis engueulée avec Léo, même si ce n'est qu'un détail. Il me pardonnera. De toute manière, il ne peut pas vivre sans moi.

Je me lève en me concentrant sur mes pieds, à l'affût du moindre truc qui pourrait me faire trébucher. Mais surprise... rien ne traîne.

Je vois. Mon ange gardien s'est aussi chargé du ménage. Décidément trop sympa, ce mec.

- Eli ?

Évidemment, il a disparu. Encore. En même temps, je dors depuis super longtemps.

L'assiette de crêpes posée au bord de la table me donne envie de sourire alors que je viens à peine de me lever. Et il faut savoir que c'est rare.

J'en mange une avant d'allumer une cigarette. J'ai presque de la peine en empoisonnant l'air de la pièce. J'ai l'impression qu'Eli a passé cent ans à faire disparaître toute trace de tabac. Cendrier vidé, bords de fenêtres nettoyés, mégots jetés, air parfumé.

Désolée, mais j'ai trop envie de fumer. Je nettoierai plus tard.

Bon, ça doit être une blague. Une très, très mauvaise blague.

Comment ce putain de cadenas est arrivé ici ? Verrouiller ma réserve personnelle d'alcool, c'est vraiment un coup bas.

Graver un petit smiley heureux dessus me mets vraiment les nerfs. Je ne savais pas qu'Eli avait tant d'humour.

J'arrache le post-it collé dessus et hésite à le déchirer sans même le lire.

- Prends un café, c'est mieux si tu veux tenir toute la journée. Habille toi, tu trouveras autre chose.

Mais putain, à quoi il joue ? En rogne, je retourne mon armoire à la recherche d'un autre bout de papier.

- Trouvé, bravo ! Si tu veux récupérer les clés de ton précieux coffre, va falloir te creuser un peu la cervelle. Pour commencer, réconcilie toi avec Léo. C'est important !

Pitié, dites moi que je rêve. Pourquoi est-ce que je songe à l'écouter au lieu d'aller directement chez lui pour le buter ? Bonne question. Peut-être parce que je suis une mauvaise perdante et que j'ai envie d'occuper mon temps. J'en sais rien moi, peut-être que j'ai simplement envie de savoir jusqu'où il va aller.

J'enfile une tenue à peu près potable et un café en mains, je me rends chez mon voisin.
Pour bien commencer les hostilités, j'entre sans frapper. Les habitudes ont la vie dure avec moi.

- Léo ? Je t'ai apporté un café. Je viens en paix !

Je me suis connue plus rancunière. Mais j'ai aussi... putain j'ai du mal à l'avouer... ma part de responsabilité dans notre embrouille.

- Dégage.

- S'il te plaît, pardonne-moi.

Je me blottie à ses côtés sur son clic-clac et tire sur sa couverture. Je crois qu'il dormait encore avant que je débarque. Oups.