De l'autre côté du pont

𝔽𝕆ℝ𝕋𝕐

RAIN

Chapitre quarante

Deux ans plus tard

- Mais putain, il fallait tourner à gauche !

- Mais n'importe quoi, c'était à... merde, t'as raison.

Je baffe Léo à l'arrière de sa tête pour lui remettre les idées en place, et trop stressé, il ne réagit pas. Il fixe mon téléphone pour essayer de suivre le GPS.

- Je fais demi tour, c'est bon. Arrête de me regarder comme ça.

Je soupire une énième fois et dévisage le truc qui me sert de meilleur ami depuis toutes ces années.

- Ça fait trois fois que tu vas là-bas, comment t'as pu oublier la route ?

- C'est juste que... je ne sors pas beaucoup. Alors la route en général, je la retiens pas parce que ça me saoule.

- Ouais, je sais. Mais tu pourrais faire un effort. C'est super important pour Marion !

Marion va présenter Léo à ses parents. Ça n'a jamais été fait, pas officiellement... Sauf qu'aujourd'hui, c'est devenu primordial aux yeux de Marion. Et je la comprend parfaitement.

La première fois qu'elle a invitée Léo chez ses parents, il y a un an environ, il s'est barré. Littéralement. Le mec a osé nous appelé Eli et moi pour venir le chercher à je ne sais combien de kilomètres de chez nous.
La deuxième fois, il y a trois ou quatre mois, le repas a été écourté par sa mère qui ne se sentait pas bien. La rencontre a été de très courte durée. Son père n'était même pas encore arrivé.

Bref, un désastre. C'est pourquoi pour cette fois-ci, Marion nous a invité - nous a obligé - à venir à ce repas.

- Nous sommes arrivés.

Eli, confortablement endormi sur la banquette arrière se réveille enfin, le visage fatigué.

- J'ai mal au dos.

Il sort de la voiture et s'étire, le rendant encore plus irrésistible. Je le rejoins et mets mes mains dans ses poches, en me collant à lui.

- Léo a été insupportable durant tout le trajet. T'aurais pu me soutenir, au lieu de dormir tranquille.

- Désolé, la journée a été longue.

Je sais. Depuis qu'Eli s'est mis en tête d'organiser un voyage pour nous deux, pour une durée indéterminée... il ne s'arrête plus. Il ne veut pas de mon aide pour la destination, les billets, et tous les autres détails. D'après lui, c'est une surprise énorme qu'il me prépare, et moins j'en sais, plus il est heureux.

- On y va ?

Léo joue nerveusement avec ses doigts et se ronge les ongles, ce qui a le don de m'irriter. Je lui claque ma main sur la sienne et tire sur sa veste pour qu'il aille sonner à la porte.

- Arrête de faire ça et entre putain. Ça gèle dehors.

Lorsque Marion nous ouvre la porte, le sourire aux lèvres, je ressens à quel point elle est heureuse de notre présence, mais plus particulièrement de celle de Léo.

- Entrez ! Bon, mon père ne pourra pas être là mais tant pis, cette fois c'est la bonne. Et toi, tu ne passeras pas à côté, je te préviens.

La menace faite à Léo a le don de le stresser encore plus, je le vois. Alors je profite de l'absence de Marion lorsqu'elle s'en va vers une autre pièce pour le rassurer.

- Ça va aller, ok ? Il est temps que ses parents soient au courant.

- Ouais, je sais. Merci Rain... ça va le faire.