De l'autre côté du pont

𝕊𝕀𝕏𝕋𝔼𝔼ℕ

Chapitre un peu plus long pour rattraper l'autre 🥰
Bonne lecture !
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ELI

Chapitre seize

Il y a environ deux mois, je m'apprêtai à mourir. Je rencontrai celle qui allait changer littéralement ma vie, avant de la perdre quelques semaines plus tard.

Un mois qu'elle s'est volatilisée. Comme si rien n'avait existé. Parfois j'en viens même à me demander si je n'ai pas rêvé sa présence.

La seule chose qu'elle a laissé, c'est une pauvre feuille annotée de quelques mots sur sa porte :

- Allez vous faire foutre, je m'en vais !

J'ai adoré. Vraiment.
C'est ironique, bien entendu.

En fait, elle a laissé autre chose. Un casse-tête à code, composé de six chiffres. Elle a bloqué les deux derniers, transformant ce code en seulement quatre chiffres. Elle a défini ça comme son propre jeu de pistes, façon Rain. J'ai donc compris qu'elle avait aimé mon jeu, puisqu'elle reprend le principe. Un seul indice :

- Mélangés comme dans ma tête. Un vrai bordel à quatre chiffres. Quatre chiffres pour quatre personnes, résumant une seule occasion qui m'a permis d'être heureuse. Vraiment heureuse.

Quand elle parlait de vengeance, je ne m'attendais pas à ça. Je savais qu'elle cachait bien son intelligence, mais de la à mettre en place un casse-tête impossible à résoudre, je suis épaté. Le but est simple : que je ne puisse jamais la retrouver. J'ai tout essayé. Mais je n'ai pas réussi.

J'ai d'abord pris le vingt-quatre décembre. Mais peu importe le sens, ça n'a pas marché. Elle n'a pas été réellement heureuse ce jour là, en même temps. Puis je me suis intéressé aux quatre personnes. Ça aurait dû être : Léo, Ben, Rain et moi ? Mais je ne comprends toujours pas. Ça pourrait aussi être Azalée, Cata ou qui sais-je encore. Ou peut-être même qu'elle a inventée son énigme sans même avoir elle-même la réponse, simplement pour me faire chier même de loin.

Mon casse-tête entre les mains, j'essaie une fois de plus de le résoudre. Au début, je pouvais y passer des heures avant d'abandonner. En fait, je comprends juste que je n'ai pas su repérer quand est-ce qu'elle a vraiment été heureuse puisqu'elle râle tout le temps. Donc désormais, j'essaie juste d'entrer des chiffres au hasard.

- Arrête de ressasser toujours les mêmes choses, c'est fatiguant.

Je retire mon casque de jeu pour éloigner la voix de Léo un instant.

- Je n'ai rien dit.

- J'entends tes pensées jusqu'ici. Va voir Estelle un peu, ça lui fera plaisir et ça te fera penser à autre chose.

- Tais-toi et joue.

J'ai passé des journées entières chez Léo à me demander ce qui avait bien pu la pousser à s'en aller. Je n'ai pas compris pourquoi il s'en foutait à ce point.

Puis il m'a raconté comment été arrivée Rain ici. Comme un coup de vent, une tempête. Un matin, il s'est fait réveiller en sursaut par des coups de marteau. Une voisine venait de débarquer, pleine d'énergie. Ils se sont embrouillés pour la première fois ; début d'une longue série. C'est comme si elle ne venait de nul part : pas de passé, pas de visiteurs. Rien.

Alors ils se sont liés d'une amitié étrange, indéfinissable. Comme beaucoup de choses avec cette fille. Mais il savait qu'elle s'en irait.

Il ne s'attendait pas à ce qu'elle le fasse en laissant simplement un paquet cadeau rempli de conneries derrière elle. Il lui en veut un peu je crois.