𝔼𝕀𝔾ℍ𝕋𝔼𝔼ℕ

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ELI

Chapitre dix-huit

Je ne sais pas si elle s'est transformée en vieux monsieur d'au moins cinquante ans, cheveux gris et tout petit, ou si elle se fout de ma gueule.

Je pensais tomber sur Rain, pas sur un pseudo-guide touristique.

Je tiens fermement ma valise et me présente devant ce monsieur, pancarte autour du cou avec mon prénom écrit en gros dessus. Au moins, je ne peux pas le louper.

- Holà !

Il parle espagnol, bien entendu. J'utilise donc mon téléphone pour traduire.

- Bonjour, je suis Eli.

- Alors suis-moi !

Hier soir, dès que j'ai reçu son nouveau message, j'ai réservé un billet. Léo m'a dit de bien réfléchir, que je ne savais pas dans quoi je m'embarquais, qu'il y avait un risque que je me perde ici... mais je n'ai rien écouté. Marion quant à elle m'a poussé à partir, répétant qu'il ne fallait pas attendre et ne pas perdre plus de temps.

Alors c'est ce que j'ai fait : je n'ai pas attendu. Peu importe où elle se cache encore, je la trouverai. Moi vivant, je ne partirai pas d'Espagne sans elle.

- Rain m'a demandé de te donner ça.

J'attrape l'enveloppe qu'il me tend et l'ouvre tout en continuant d'avancer vers une destination inconnue.

- Bienvenido en Espagne ! J'espère que tu as fais bon voyage. Tu dois être avec Emilio, si tout s'est bien passé. Il doit t'emmener au parc Juan Carlos Ier.. et une fois là-bas, tu vas devoir te débrouiller. Regarde en hauteur... tu trouveras.

En hauteur ? Mais qu'est-ce qu'elle raconte encore ?

Nous marchons pendant ce qui me semble une éternité mais qui se résume à vingt minutes environ, avant d'arriver.

Ce parc semble être une œuvre d'art à lui tout seul. J'aime beaucoup.

- Je te laisse maintenant, bon courage !

Je remercie Emilio et me lance à la recherche d'un indice. Le lieu étant pas mal fréquenté, j'essaie d'éviter le maximum de gens et de me concentrer. J'essaie de repérer Rain, à l'affût de la moindre femme ayant les cheveux bouclés, mais rien.

Mon regard se perd dans les hauteurs, et après quelques pas, je remarque une nouvelle enveloppe de la même couleur que la précédente. Liée à une petite corde, je repère mon prénom noté dessus et la détache, prêt à lire.

- Bon, ce n'était pas très difficile. Je ne sais pas où tu as trouvé toute ton imagination la dernière fois, mais moi, je galère. Je voulais juste te faire découvrir ce parc, pour une raison que j'ignore. Je l'ai tout de suite aimé, et quand j'y suis venue la première fois... j'ai pensé à nous. Tout ce que je t'écris, c'est ce que je n'aurais jamais le courage de te dire en face, alors profite. Bref, ça m'a rappelé notre rencontre. Alors voilà, je te livre un petit bout de moi. Un petit bout de ce que j'aime. Tu peux faire un tour, ou pas. Prochaine étape : la boutique d'art. Voici l'adresse. J'ai découvert ton secret.

Mon secret ? Quel secret exactement ? Malgré mon impatience de découvrir ce qu'elle a pu trouver, je rentre l'adresse dans mon téléphone et profite un peu du lieu avant de m'y rendre. Je me ferais presque à l'air de l'Espagne, tiens.

Lorsque j'arrive devant une vieille boutique nommée "Arte callejero", dans un état délabré, triste et sombre, je me demande ce que je fais ici. La boutique se trouve dans une rue perdue, les murs remplis de tagues.

De l'autre côté du pont Où les histoires vivent. Découvrez maintenant