CHAPITRE I

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      Je venais de terminer mes études secondaires, à peine âgée de 17 ans. J'étais considérée comme le génie de la famille. Je n'avais jamais échoué, jamais redoublé. Mon parcours scolaire jusque là était exemplaire. Ma mère en était si fière. Elle ne cessait de répéter à qui voulait l'entendre que j'étais une surdouée, que j'avais réussi où tant avait échoué. Pour moi, cela n'avait pas vraiment d'importance.

     Je m'étais habituée à ce train de vie telle une automate, alors tout semblait me faire ressentir la même chose : rien. La réussite n'avait de valeur pour moi que du moment où mes parents étaient satisfaits. Ils n'étaient pas du genre à me féliciter longuement, ou même à m'encourager d'une quelconque manière, mais préféraient plutôt vanter mes exploits à leur entourage afin d'embellir leur fameuse réputation.

   Ça aussi j'avais fini par comprendre. Mais bon, du moment que réussir m'éviterait des heures voire des nuits à passer dans le grenier sombre et insalubre, j'étais soulagée.

   C'est peut- être à ce stade là, que tout a basculé. Cela faisait à peine quelques mois que j'avais obtenu mon baccalauréat. J'essayais de me fixer sur une vocation, un métier que j'envisageais exercer sur le long terme. Jamais auparavant je n'y avais pensé, je m'étais contentée d'étudier.

    De toute façon, même s'il avait fallu à un moment ou un autre décider de mon avenir, mon père s'en serait chargé ; comme toujours. Je tentais de me faire une idée précise de la carrière qui m'attendait mais mes parents semblaient avoir déjà prévu autre chose pour moi.

    C'était un vendredi soir,je venais de terminer la lecture d'un Harlequin, couchée dans mon lit. En sortant de ma chambre, je remarquai tout de suite, au son des voix étrangères, que mes parents recevaient de la visite. Ma mère ne m'avait pas mise au courant de la visite d'un étranger, ce qui signifiait que cela ne me concernait donc pas. Je me dirigeai vers la cuisine pour m'y servir un verre d'eau. Je l'avalai d'un trait et retournai dans ma chambre.

    Ce n'est que quelques minutes plus tard que ma mère me fit appel dans sa chambre. Il était très rare que j'y entre, je compris donc que la raison de son appel devait être assez sérieuse.

      Je n'étais pas autorisée à entrer dans la chambre de mes parents. Pour cause, je ne sais quelle règle, stipulant de façon assez logique qu'un enfant ne devrait jamais se rendre dans la chambre des adultes à moins d'y être invité. Dans le cas de mes parents, c'était très clair. Je ne me rendais jamais dans leur chambre pas même pour y faire le ménage. Ma mère s'en chargeait personnellement.

    Pourtant ce jour-là, je pénétrai dans cet espace et y trouvai ma mère, assise sur le rebord du lit. Elle leva les yeux vers moi dès que j'entrai et me fit signe de m'asseoir. Je m'installai, toute hésitante, en face d'elle. Je commençais à trouver tout ça beaucoup trop sérieux à la limite inquiétant. Qu'avait elle à me dire de si important qui nécessite un tel protocole ? Qu'avais je bien pu faire de si grave au point de nécessiter un entretien seule à seule avec ma mère ? J'obtins assez rapidement des réponses à mes questions.

  — Il faut que je te parle de quelque chose de très important, j'aurai dû avoir cette discussion avec toi plutôt mais bon..., m'expliqua t-elle une fois la porte de la chambre fermée

     Je trouvais assez calme le ton qu'employait ma mère. Après tout, je la connaissais assez pour savoir qu'elle n'était pas du genre à être toute douce comme ça. Ma mère ne m'a pas habitué à la tendresse, non, loin de là.

  — Si j'ai demandé à te parler c'est parce que j'ai une nouvelle à t'annoncer : l'ami de ton père Mr. Charles s'est proposé,après que ton père et moi lui ayons parlé de tes prouesses scolaires, à prendre en charge la suite de ton cursus. Tu iras t'installer chez lui dans un mois. Désormais, il s'occupera de tout te concernant y compris tes frais universitaires.

Les Tréfonds de L'âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant