CHAPITRE II

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J'ai toujours préféré la pluie au soleil. Certes, la pluie est considérée comme le mauvais temps, elle réduit les déplacements et empêche de nombreuses activités mais... Comment dire ? J'ai toujours aimé ça. Voir le ciel assombri, les nuages grisâtres, sentir dans chacun de mes pores le vent frais qui fait frissonner les feuilles d'arbres.

Quand il pleut, on pourrait croire que le ciel est attristé. J'ai donc toujours fait un lien entre la pluie et le malheur. Le bonheur lui est associé naturellement au soleil mais je trouve que ces deux sentiments se ressemblent. Le malheur est aussi intense que le bonheur et tous deux sont capables de produire énormément, de façon négative ou positive.

C'est en monologuant intérieurement ainsi que je regardais les quelques gouttes de pluie glisser lentement sur la vitre de la voiture. Il avait plu abondamment. Le ciel était maussade et chargé de cumulonimbus, mais bizarrement cette pluie me semblait comme passagère. Une atmosphère qui s'accompagnait, en quelque sorte avec la circonstance.

  J'avais quitté la maison familiale quelques heures auparavant. Laissant derrière moi une enfance et une adolescence que je ne saurais qualifier. J'ai dans ma mémoire des souvenirs de la vie que j'ai mené là. Pourtant je me demande si je veux même vraiment les garder. Garder en moi les blessures de ce début de mon existence.

La pluie cessa, la voiture s'arrêta enfin. Nous étions en plein centre-ville, devant une maison... Non le terme n'est même pas approprié, c'était une résidence immense ! J'en avais vu des maisons dans ma vie mais jusqu'ici celle-là était sans doute la plus belle et la plus grande que j'avais jamais vue.

La barrière, imposante et peinte en noir était aménagée dans un grand porche qui laissait entrevoir l'étage de la maison au loin. Le portail s'ouvrit quelques minutes après notre arrivée et là nous pénétrâmes dans la propriété. Le chauffeur gara dans le parking près de l'entrée, où se trouvaient déjà deux autres voitures. Le jardin verdoyant s'étendait sur plusieurs mètres des deux côtés d'une allée qui menait à la maison.

En descendant de la voiture, je vis trois femmes habillées toutes d'un même uniforme, s'affairer ça et là. L'une d'entre elles, voyant la voiture au loin, entra dans la maison de façon précipitée. Elle en ressortit quelques secondes après, suivie d'un homme âgé. Ce dernier avait une allure toute particulière, vêtu prestement d'un costard taillé sur mesure. Il n'était pas très grand de taille, sa présence ne s'imposait pas comme celle de l'homme que j'avais imaginé. Mais malgré son âge plutôt avancé, il émanait de lui une élégance flagrante et assez rare.

  Accrochée aux bras de ce monsieur, il y a une femme paraissant moins âgée que lui, gracieuse et perchée sur des escarpins noirs. Sa silhouette fine se dessinait dans la robe bleue qu'elle portait, et qui lui cintrait  la taille et les épaules.

Je comptais me retourner pour faire sortir de la voiture mes bagages, mais un employé le fit à ma place et amena directement mes affaires à l'intérieur. Pleine d'appréhension, je respirai un grand coup puis me jetai à l'eau :

- Bonjour monsieur, bonjour madame je...

- Bonjour ma fille, tu es bien Isadora ? La fameuse Isadora dont les parents n'ont cessé de nous faire l'éloge, comment vas tu ? Tu m'as l'air assez timide toi, il n'y a pas de quoi pourtant. Sois la bienvenue ici et désormais fais comme chez toi ma chérie. Je suis Madame Dibongo, me répliqua la femme en dévoilant sa dentition bien entretenue

J'imaginais mal mes parents faire mon éloge, surtout ma mère. Mais bon, elle ne cessait pas de me surprendre.

- Moi je suis Charles Dibongo, nous sommes ravis de t'accueillir parmi nous, sois la bienvenue chez les Dibongo ma fille, ajouta l'homme en esquissant un sourire, plissant en même temps ses yeux

Les Tréfonds de L'âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant