— Comment te sens-tu ? Réponds moi franchement
Je me tournai vers Oscar, le regard las, les lèvres closes, ne sachant pas trop quoi lui répondre. J'étais sortie de la maison d'Isidore et me tenais debout sous le grand manguier qui évoluait dans sa cour. Les quelques feuilles qui en étaient tombées, tapissaient cet espace. L'ombre créée par l'arbre protégeait des rayons carnassiers du soleil, tout en diffusant une agréable fraîcheur. Finalement je m'assis sur les grosses racines qui sortaient de terre et appuyai ma tête sur le tronc.
— Je ne sais pas, je ne sais pas Oscar, ai je avoué la voix lancinante, comme si au moindre coup de vent j'aurai pu m'écrouler
— As-tu au moins trouvé la vérité ? Dis moi que nous n'avons pas fait tout ceci pour rien s'il te plaît, insista Oscar avec empressement
— Peut-être qu'il aurait mieux valu ne jamais la trouver, peut-être que ça aurait été mieux si je ne m'étais pas lancée dans cette quête dangereuse qui, de toute façon m'a toujours ramené à la tristesse. J'espérais enfin pouvoir me libérer de ce poids que j'ai porté toute ma vie. J'ai trouvé la vérité, mais ça n'arrange rien Oscar
— Et tu pensais que ça arrangerait tout ? Après tout ce qui s'est passé Isadora, ta vie ne sera plus jamais la même. Elle pourrait être pire, elle pourrait être meilleure. C'est à toi de décider. Tu as fait ce que très peu de personnes à ta place auraient pu faire. Tu aurais pu te conforter dans cette souffrance, et décider de ne jamais en sortir. Mais tu as pris ton courage à deux mains et tu as tout fait pour t'en sortir. Ne penses plus de telles choses Isadora, déclara t-il avec ferveur
— Que devrais je penser ? À quoi est ce tu penserais toi si tu apprenais qu'en fait ta mère t'a méprisé durant des années parce que tu es le résultat d'un mariage forcé, que tu es un enfant indésiré ?
— Je..je ne savais pas ça, je suis désolé Isadora, je suis vraiment désolé. Mais c'est cette vérité que tu as tant cherché, les choses auraient été pires si tu ne l'avais pas découverte.
— Ah oui ça c'est sûr ! Tout s'explique à présent. Si ma mère n'a jamais été capable de la moindre affection à mon égard, si elle me punissait pour tout et rien, c'est parce qu'à chaque fois qu'elle me regardait, elle avait l'impression de revivre continuellement le traumatisme qui l'a détruite ! Alors en m'enfermant seule pendant des heures dans une pièce obscure, elle se libérait du fardeau que j'étais !
J'avais presque crié la dernière phrase, sentant ma voix se briser au fur et à mesure que je parlais. Mon rythme respiratoire s'était accéléré et j'avais l'impression de pouvoir entendre mon cœur battre, tant il le faisait rapidement et fortement.
— Ne dis pas ça Isadora je t'en prie, tu te fais du mal, me supplia Oscar en posant sa main sur la mienne
— C'est sans doute pour cela qu'elle a toujours été si dure et froide avec moi, c'est pour cela que j'avais tout le temps l'impression d'être à moi toute seule un fardeau, une nuisance. Je me suis tant de fois demandée pourquoi, pourquoi Oscar ? Pourquoi est ce que ma mère me traitait comme ça ? Si j'avais fait quelque chose de mal, mais rien
VOUS LISEZ
Les Tréfonds de L'âme
Mystery / Thriller« Le malheur de l'homme vient de ce qu'il a été d'abord enfant » René Descartes Alors qu'elle est devenue l'épouse d'un député fortuné, mère d'un petit garçon et femme influente, Isadora demeure hantée par les troubles de son enfance. Une enfance...